LES CANONS LANCE-AMARRES

Henri Gustave DELVIGNE, (1800-1876) est l'inventeur des flèches porte amarres de sauvetage.

Dans les "Annales du sauvetage maritime" de 1872 , on peut lire le contenu de la lettre envoyée le 5 juillet 1866 à M. Henri-Gustave Delvigne :

Après avoir pris connaissance du rapport adressé le 5 mai à Son Excellence le ministre de la marine, par la commission chargée d'expérimenter divers appareils porte-amarres, à bord du vaisseau Louis XIV, le Comité a pensé que le système de flèches à bagues glissantes dû à votre invention, était appelé à donner des résultats satisfaisants pour le sauvetage, lorsqu'il aurait été complètement étudié par vous.
En conséquence, le Comité, en vous remerciant de vos travaux, vous prie de vouloir bien poursuivre des expériences si utiles aux intérêts que la Société centrale de sauvetage des naufragés a mission de sauvegarder.
Veuillez agréer, etc...

Pour le Comité, l'administrateur délégué,
J. de Crisenoy.

Fort de ces exhortations, Henri Gustave DELVIGNE continua donc à imaginer de nouveaux engins, à poursuivre ses mises au point et ses essais .


Plans Delvigne. Annales Sauvetage 1869


Essais de M. Delvigne



Le Manuel du Sauvetage Maritime § IV : Porte-amarres.

Un porte-amarre est, le nom l'indique, un objet quelconque destiné à établir une communication entre deux points, en portant de l'un à l'autre une ligne qu'il entraîne à sa suite.
Les porte-amarres se divisent en deux classes, suivant qu'ils sont poussés par les gaz de la poudre, ou par les forces de la nature, le vent ou la mer.

Les porte-amarres poussés par les gaz de la poudre : Ils comprennent eux-mêmes deux catégories bien distinctes, les fusées et les projectiles lancés par des canons.

  • Les fusées sont plus puissantes. Elles exigent des dépenses considérables, tant pour l'établissement que pour l'entretien. Elles nécessitent un personnel très exercé, car leur manipulation est dangereuse.

Fusée Schermuly © Cyber-Heritage


  • Le canon porte-amarre, réalisé à partir d'un canon perrier réformé monté sur affût ou sur fourche. Ce canon pouvait lancer sa flèche de fer Delvigne à 225 m environ, selon la force et la direction du vent.

Il était attribué aux postes de douane du littoral.

Beaucoup d'avantages sont attribués à ces canons : Le matériel est peu dispendieux, voire gratuit (matériel de réforme de l'armée); une cabane en planches suffit pour l'abriter; les frais d'entretien sont insignifiants, quelques kilogrammes de poudre tous les ans. Les premiers hommes venus peuvent, après quelques exercices peu coûteux, manoeuvrer convenablement les engins. En tout cas, les servants ne courent aucun danger.


Canon Perrier sur brancard © Papa Poydenot

Canon Perrier sur affût © MTIL


Canon perrier sur fourche © JL Guégaden


  • Le canon porte-amarre monté sur affût, type Manby, portée 130 à 140m et sa variante, porté à l'épaule (!!!), désolidarisé de son affût ou brancard. Il comporte alors un dispositif amortisseur de recul (ressorts et caoutchouc), sa portée est de 100m environ.

Il étaient attribué aux postes de douane du littoral et aux gardiens de phares.

Le mortier Manby est en bronze, du calibre de 14 centimètres, pesant 70 kilogrammes, lançant une bombe cylindro-sphérique de 15 kilogrammes, au moyen d'une charge de poudre de 200 à 400 grammes. Sa portée, avec une ligne de 9 millimètres, est de 200 mètres, mais la fréquence des ruptures fait employer de préférence une ligne de 10 millimètres de diamètre. La bombe porte à sa tête quatre fusées éclairantes ; l'attache de la corde est garnie de cuir, qu'il convient de mouiller avant le tir, afin d'éviter que les gaz de la poudre ne brûlent l'attache. Les inconvénients de ce système sont la difficulté que présente le transport de la pièce, le poids de la charge et celui du projectile, qui sont très-considérables, eu égard au résultat obtenu. (Extrait des Annales du Sauvetage 1869) 


Mortier Manby © JL Guégaden