1901 - Naufrage du Frisia

À la mi-décembre 1901, le « Frisia »1, cargo mixte (voile et vapeur) de Hamburg (Allemagne) se perd sur les roches de Penmarc'h.

Note KBCP :
(1) Tout au long des articles, on trouve Presia, Prisia, Fresia... 


Le cargo a été construit en 1895 par Armstrong & Mitchell Co Ltd à Newcastle pour la compagnie Rickmers Reismühlen, Rhederei & Schiffbau AG ou plus simplement « Rickmers Linie » de Bremerhaven (Allemagne) et a pour nom de baptème « Dorothéa-Rickmers ».


En 1899 le « Dorothéa-Rickmers » est vendu à la compagnie Allemande « Hamburg-Amerikanische Packetfahrt-Actien-Gesellschaft » de Hamburg ou HAPAG. Le navire est débaptisé et prend le nom de « Frisia ».


« County of Sutherland » par Édouard Adam (1878)


Caractéristiques du « Frisia » :

L'allure, le type du navire pourrait ressembler au County of Sutherland (ci-dessus).

Dimensions (L x l x h) : 340 x 44 x 25.6 ft soit 103,6 x 13,40 x 7,62 m
Tonnage total / sous pont / net : 3738 Tx / 3007 Tx / 2412 Tx

Type : Cargo mixte (voile et vapeur) à deux ponts.
Matériau : Acier 

Chantier naval :  Armstrong & Mitchell Co Ltd de Newcastle (Angleterre)
Machines : Vapeur a triple expansion, 3 cylindres, 294 Chevaux-vapeur
Constructeur : Wallsend Slipway and Ingeneering Co Ltd à Newcastle-Upon-Tyne
Lancement : 09/07/1895. Armé : 08/1895 au Low-Walker Yard 

Armateur : Hamburg-Amerika Linie (Hapag)
Port : Hamburg.
Indicatif international : QGBW 


Chantier naval Armstrong & Mitchell Co Ltd à Newcastle © Tyne Built Ships 

Machine vapeur triple expansion © Grace's Guide


Journal La dépêche de brest , article du 17 décembre 1901

Un sinistre à Penmarch

Penmarch, 16 décembre, 8 h.15 du soir. La tempête, qui sévit avec violence, a causé un sinistre maritime.

Le trois-mâts Prisia, désemparé et abandonné, s'est échoué à 5 h. 30, ce soir, à mille mètres environ du sémaphore.

Malgré la violence de la tourmente, des secours vont être tentés, au cas où des vies humaines seraient en danger. Tous autres détails manquent.  


Journal le Finistère, article du 18 décembre 1901

Kérity-Penmarc'h.— Un sinistre.— Le trois-mats Prisia, désemparé et paraissant abandonné, a été jeté lundi soir, vers 5 heures et demie, sur les rochers, à un mille à peu prés du sémaphore. Malgré la violence de la tempête, le canot de sauvetage a été armé pour aller à son secours, au cas où il y aurait quelqu'un de vivant à bord.  

Journal la dépêche de Brest, article du 20 décembre 1901

Penmarc'h, 19 décembre.— Une équipe de marins, sous les ordres du syndic des gens de mer de Penmarc'h, travaillent activement au sauvetage de la cargaison du trois-mâts Prisia, de nationalité allemande et affranchi de Brème, qui s'est échoué le 16 décembre, vers cinq heures du soir, à environ un mille à l'ouest du phare de Penmarc'h.

Ce navire, comme nous l'avons déjà dit, était abandonné de son équipage.

On ignore de combien d'hommes se composait l'équipage, et on ne sait ce qu'ils sont devenus. 

 

Journal le finistère, article du 21 décembre 1901

La tempête. — Un navire à la côte.
Nous avons signalé dans notre dernier numéro la perte d'un trois-mâts-barque, le Prisia, du port de Brème, qui, drossé par la tempête, était venu s'échouer, lundi dernier, vers trois heures de l'après-midi, à un mille environ dans le nord-ouest des Étocs.

Les trois canots de sauvetage de la station de Kérity étaient sortis à son secours ; mais ils sont rentrés sans avoir trouvé personne à sauver. Le navire était abandonné. Dans la nuit suivante, il est venu faire côte dans l'est de l’île Nona, où les lames furieuses l'ont démoli, emportant sa cargaison, composée en majeure partie de résine, de bois et d'essence de térébenthine.

C'est ainsi que les bateaux de pêche d'Audierne et de Poulgoazec ont trouvé à environ douze milles au large quantité de barriques d'essence, contenant chacune 200 litres environ. Ces fûts portent L'inscription anglaise : Spirits of turpentine, avec différentes marques PG ; ISX ; Gen ; Lux ; Rar, etc.

Plus de 200 de ces barriques ont été ramenées à Audierne et déposées, par les soins de la marine et de la douane, dans le magasin situé au bout du môle et appartenant à M. G. Le Gall.

Une équipe de marins de Penmarc'h, sous la direction du syndic des gens de mer, se sont employés à sauver ce qui reste de la cargaison du Prisia. Des planches, des poutres et de nombreuses épaves viennent journellement à la côte.

On n'a aucune nouvelle de l'équipage. Il est à supposer que le Prisia a eu une collision avec un autre navire et que son équipage, en danger de couler, se sera réfugié à bord du navire abordeur.

Ce qui donne de la valeur à cette hypothèse, c'est qu'on n'a pas touché aux deux canots du bord et que dans les cabines, où sont restés quantité d'objets, vêtements, lettres, portraits de famille, etc., tout indique la précipitation d'un départ forcé.

Le navire était fracassé quand il est venu à la côte ; construit en bois1, il avait une jauge d'environ 3.000 tonneaux.


Note KBCP :
(1) Selon les données de son assurance au Lloyd's, le « Frisia » est en acier.

Extrait du Lloyd's Register of Shipping (version Française), années 1901-1902

Journal la dépêche de brest, article du 25 décembre 1901

À Penmarc'h

Voici quelques nouveaux renseignements concernant le trois-mâts allemand Frisia et non Prisia, naufragé le 16 courant, sur l'île Nonna, pointe de Penmarch.

Le Frisia, d'après le récit des assureurs, était chargé de douze milles barils d'essence de térébenthine et résine ; il venait de Pensacola et allait à Brêmen (Allemagne).

Port de Brème (Bremerhaven) © R Petermann 

Pensacola (Floride) © Detroit Publishing Company

La cargaison était assurée à la Cie Rundell, de Liverpool, et le Lloyd London. On a sauvé actuellement entre Audierne et les trois ports de Penmarch, 665 barils d'essence et 220 barils de résine.

Trois représentants d'assurance sont sur les lieux, dont deux anglais pour la cargaison et un troisième de Gènes (Italie), représentant l'armateur, qui habite dans ce port.

Une soixantaine de personnes sont employées par la marine à sauver les débris du bâtiment et la cargaison.

La commissaire de la marine se trouve sur les lieux.

On est toujours, malheureusement, sans nouvelles de l'équipage.

Quatre portraits ont été trouvés, dont deux au fusain, paraissant être le portrait du capitaine, un portrait de famille (photographie ordinaire) et un tableau à l'huile représentant le bâtiment avec toutes ses voiles établies.