L'AIRE CONTEMPORAINE DE PENMARC'H

La Révolution de 1789 est le début de l'Ere Contemporaine.


En 1790 le parlement légiféra pour abolir les Lois Somptuaires. Ces lois, édictées par le Roi, restreignaient et réglementaient les dépenses de luxe, dont entre autres, l'usage de certaines étoffes réservées au clergé et à la noblesse.

Le vent de liberté vestimentaire induit par cette abolition fut opportunément considéré par les populations paysannes et maritimes, comme une occasion de se démarquer des autre régions de France voire de leurs voisines paroisses, en affirmant leur différence par le costume.

On sait ce que cela donnera moins d'un siècle plus tard : Une commune où règne une coiffe Bigoudène paysanne et hégémonique mais où une enclave Kérityenne et maritime résiste encore et toujours à l'envahisseuse (!).

Les monuments religieux tombent en ruines. Ils ne sont pas entretenus, faute de moyens et faute... de volonté des Penmarchais et surtout des Kéritiens que certains recteurs considèrent comme mauvais et peu fervent chrétiens.

La reprise du commerce induit de nombreux naufrages justifiant la crainte des armateurs... Il devient nécessaire de construire un phare à la pointe de Saint Pierre.

En 1793 c'est la tentative avortée de construction du "Phare de la Liberté". Plus d'argent dans les caisses ! Le phare ne devient plus une priorité...


Le 20 novembre 1835 est inauguré un autre phare, le Phare de Saint Pierre appelé aujourd'hui "le Petit Phare" ou même "l'Ancien Phare". Il mesure 41 mètres et a une portée de 22 milles. Il est en partie construit avec les pierres du "Phare de la Liberté"...

En 1860, un sémaphore est construit accolé à la tour Saint Pierre, en remplacement de celle-ci.

Le Sémaphore et la Tour St Pierre

Le Petit Phare


S'en suivent quelques drames maritimes.

1864 Un raz de marée. La mer recouvre la route de Kérity et celle de Saint Guénolé. Comme maintes fois par le passé et comme en 1876, 1888, 1899, 1900, 1904, 1924...Bon nombre de lieux de la commune sont marécageux et situés en dessous du niveau de la mer. Il suffisait alors de la conjonction d'une tempête, d'une marée haute et d'un vent mal orienté pour que la dune craque et que la mer s'engouffre dans la brèche et envahisse les terres, avec peu de possibilités d'en ressortir.


Raz de marée de 1924 (?)

1870 La famille du Préfet du Finistère, M. Levainville est emportée par une lame de fond alors qu'elle fait un pique-nique sur une roche de Saint Guénolé. Ce rocher s'appelle depuis le Rocher des Victimes ou Roche Tragique.

1876 Un raz de marée. La mer recouvre de nouveau la route de Kérity et celle de Saint Guénolé.

En 1880, les prises de sardines diminuent dans les baies…

En 1881, afin de mieux pêcher, les pêcheurs Penmarchais abandonnent le filet droit pour l'utilisation du filet tournant, plus efficace.
Las, ce type de filet est interdit par décret en 1882. Décret qui n'est ni accepté ni respecté par les marins de Penmarc'h. Les Douarnenistes continuent à mener leur croisade contre ce filet "trop" efficace qui menace la ressource (déjà…) et crée un déséquilibre offre / demande amenant la chute des cours…

(Nb : Comme on peut s'en rendre compte plus d'un siècle plus tard, le problème avait déjà été posé dans son entier dès la fin du XIXème siècle…)

1888 : Encore un raz de marée… et une tempête qui fait des dégâts à la Joie.
Cette année là, la Sardine est de retour ! Elle reviendra en abondance pendant quatorze années, amenant la prospérité à la population. Quatorze années pendant lesquelles bon nombre de paysans deviennent alors marins par appât du gain, amenant leurs capitaux : La pêche à la sardine à proximité des côtes ne nécessite pas d'être un marin expérimenté.

Les années 1890 voient le début du développement de Saint Guénolé. La sardine abonde dans la baie d'Audierne favorisant la construction de conserveries (En 1888, 5 friteries à St Guénolé, 2 à Kérity).

Des hôtels sont construits : Le tourisme "balnéaire" où on respire le bon air pur et vivifiant se développe. En écho, La population "gagne" bien et on met à sa disposition des magasins où elle peut dépenser son argent.


Le 17 Octobre 1897 est inauguré le Phare d'Eckmühl, après quatre années de construction. Construit en granit, ce phare mesure de 65 mètres de haut et son faisceau a 100 milles de portée.


1899 et 1900 Encore et toujours des raz de marée !

La sardine de 1902 n'est pas au rendez-vous. Rien. Pas plus présente non plus en 1903. Les hommes ne pêchent plus; la sirène appelant les ouvrières au travail ne sonne plus ou trop peu souvent pour nourrir de modestes familles. Les sabots des "friteuses" pressées ne sonnent plus sur le pavé de la route : La population tombe dans la misère. La faim et la maladie mine les corps. Les Français s'émeuvent à travers les reportages des journaux hebdomadaires tels l'Illustration, le Monde Illustré et les compositions photographiques de Villard. Les enfants courent les grèves pour trouver quelque nourriture et la soupe populaire distribuée un peu partout aux familles.
A Kérity surtout. Pas de fermes comme à Saint Guénolé : Les revenus des familles de Kérity dépendaient pour la plupart exclusivement de la mer car les artisanes travaillaient à l'usine le fruit de la pêche de leurs pères, de leurs maris, de leurs fils…

En 1904, c'est le retour de la sardine. La population revit, jusqu'à la prochaine fois…et subit encore un raz de marée dont le reportage est relaté dans la sous-rubrique Catastrophes.

Il devint évident qu'il n'était plus possible de transporter un tonnage de poisson toujours plus important par charrette "rapide", vers le train de Quimper en partance pour Paris.
Ainsi le 4 Juillet 1907, la ligne du réseau d'Orléans s'agrandit de 18 kilomètres environ pour relier Pont l'Abbé à Saint Guénolé. Le Tren Birinik (lit. Train Bernique) est né. En plus du transport de la marée, il servira à transporter les habitants de la pointe pour tous leurs déplacements (Foires et Pardons, travail, Administration...) et pour amener les touristes au pied des hôtels.

En 1909, la sardine est de retour mais en trop grande quantité. Les marins pêchent plus que ne peuvent emboîter les usiniers. Les prix s'effondrent. C'est la crise qui amène la grève. Une grève qui ne dure pas : Il faut bien vivre.

De plus, la concurrence des pêcheurs sardiniers Portugais et Espagnols commence à se faire sentir (déjà…) et n'arrange pas les choses pour les usiniers ni pour les pêcheurs.

Las de dépendre de ce petit poisson argenté, certains patrons s'orientent vers le chalut à perche, la pêche à la langouste…

En 1912 l'interdiction d'utilisation du filet tournant est réaffirmée. Il a fallu vingt ans pour que force soit à la loi. Le retour au filet droit provoque la colère des marins de Penmarc'h et le retour à des pêches moins importantes et moins économiques. Malgré le soutien des usiniers Penmarchais qui présagent d'une réduction de leur approvisionnement et la faillite de leurs usines, les Douarnenistes, tenants du filet droit, ont gagné. Mais les gars de Penmarc'h ne renoncent pas facilement surtout quand ils sont syndiqués et soutenus par les usiniers…