1915 : Le meurtre de Marie Le Lay (suite)
                           Portrait de Bernard le Floc'h


Bernard Le Floc'h est un homme dévoué, en témoignent ses nombreux sauvetages. N'est-il pas dit qu'il a effectué une quinzaine de sauvetages et sauvé soixante-deux personnes ? Cet homme, hélas, a un gros défaut qui le rend impulsif et violent : l'alcool. Voici quelques unes de ses bonnes et mauvaises actions...


Annales Du Sauvetage, janvier 1883

KÉRITY-PENMARC'H (Finistère), 13 décembre.
— La chaloupe de pêche Polina1, en effectuant son retour de la baie d'Audierne à Guilvinec, son port d'attache, fut surprise par la tempête qui soufflait sur la côte et alla s'échouer à Pors-Carn, dans l'anse de la Torche près de Kérity-Penmarc'h.
Averti à 2 heures du soir de la position critique de ce bateau, un des employés du phare se rendit sur le lieu du sinistre muni des engins de sauvetage, arriva un quart d'heure après et parvint avec l'aide des personnes présentes, en employant le hâle à bord, à recueillir les neuf hommes d'équipage du Polnia2 ainsi que la chaloupe elle-même.

Le nommé DONNART, gardien chef du phare, a été aidé dans cette circonstance par les nommés FLOCH (Alain), FLOCH (Bernard), LARNICOL, CLOAREC, et LARMEAUX.

Note KBCP :
(1) ou (2) ?


Annales du Sauvetage, janvier 1889

KERITY-PENMARC'H (Finistère).

Le 16 novembre 1888, le canot de pêche les Deux-Frères monté par trois hommes d'équipage se trouvait près de la basse de Tohann, rocher des Ètaux, lorsque vers 2 heures et demie du soir, un aviron étant cassé, le canot a été jeté par une lame sur les brisants à deux milles au sud de Kérity. Prévenu à 4 heures et demie, le sous-patron GOULIQUER fit mettre le canot de sauvetage à la mer et se rendit sur le lieu du sinistre où il arriva à 5 heures. Il fit le tour des Étaux et cinq des hommes de l'équipage explorèrent les rochers où ils ne virent que quelques planches et quelques effets sur l'eau sans rencontrer les naufragés, lesquels après avoir gagné les rochers à la nage ont pu rejoindre leur canot qu'une lame avait poussé auprès d'eux. Ils avaient ainsi atteint Kérity au milieu de la brume sans avoir été aperçus par le canot de sauvetage. Celui-ci rentra à Kérity à 6 heures du soir sans autre incident.

Le sous-patron GOULIQUER était accompagné dans cette sortie par les canotiers: JANVIER (Théophile), STÉPHAN (Noël), CLOAREC (Alain), NORMAND (Alain), LEGOFF (Pierre) et par les marins ne faisant pas partie de l'équipage réglementaire: DURAND (Louis), DURAND (Jean), GOUDÉDRANCHE (Alain), TALBOT (Baptiste), BALCH (Joachim), GOURLAOUEN (François), LE PAPE (Jean), LELGOUARCH (Pierre), LE GALL (Marie), LE FLOCH (Bernard), GARREC (Guillaume), CALVEZ (Jacques) et BALCH (Laurent).


Annales du Sauvetage, octobre 1889

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Ensuite a eu lieu la remise des récompenses pour des faits de sauvetage dont nous avons rendu compte dans ce journal à l'époque où ils se sont accomplis.

1° Témoignage de satisfaction à LE BOENNEC (Yves ); LUCAS (Michel) ; LE FLOCH (Nonna-Gorentin), n° 383 ; LE GARREC (Guillaume); LE LAY (Pierre-Jean) ; LE FLOCH (Louis) ; LARNICOL (Jean) ; JÉGOU (Thomas) ; LE FLOCH (Nonna-Corentin), n° 1328 ; LE FLOCH (Bernard).

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Annales du sauvetage, Janvier 1891

Par décision du même jour, le comité d'administration a accordé des gratifications aux personnes ci-après dénommées qui ont concouru aux sauvetages suivants, savoir :

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PENMARC'H (Finistère).

Sauvetage le 29 janvier 1890 des 3 hommes d'équipage d'une barque de pêche par les marins de Saint-Pierre dont les noms suivent :

Les patrons FLOCH (Nonna) et BOENNEC (Yves); et les matelots FLOCH, LARNICOL (Jean), LUCAS (Michel), FLOCH (Louis), FLOCH (Bernard), LELAY(Pierre-Jean), JEGOU (Thomas) et le nommé GARREC (Guillaume).

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Le Boënnec (Yves), matelot ; Lucas (Michel), matelot ; Le Floch (NonnaGorentin), matelot (déjà titulaire d'un témoignage officiel de satisfaction et d'une médaille) ; Le Garrec (Guillaume) matelot (déjà titulaire d'une médaille) ; Le Lay (Pierre-Jean), matelot (déjà titulaire d'une médaille) ; Le Floch, (Louis), matelot ; Larnicol (Jean), matelot; Jégou (Thomas), matelot ; Le Floch (Bernard) ; matelot, à chacun un témoignage officiel de satisfaction ; sauvetage de trois hommes, côte de Penmarc'h 27 janvier 1890.


Journal le Finistère, article du 15 septembre 1894

Saint - Guénolé-Penmarc'h.
Mercredi, 12 courant, vers dix heures du matin, un bateau d'Audierne, patron Castel, s'apprêtait à débarquer sur la cale du poisson acheté par le nommé Stéphan (Jean), pour l'usine Rondeau. 

Une centaine de marins s'y sont opposés. Prévenu de ce fait, M. Rondeau s'est rendu sur la cale et a voulu faire enlever le poisson par son domestique. Mais des marins ont arraché les paniers des mains de cet homme. Voyant cela, M. Rondeau a saisi les paniers et il se disposait à les porter lui-même à l'usine, quand le nommé Le Floc'h (Bernard), de Saint-Pierre, les lui a arrachés si violemment des mains que le contenu s'est répandu sur le sol.

Tous les marins se sont alors mis à huer M. Rondeau qui, pour éviter une bagarre, a jugé prudent de se retirer.

Quelque temps après cette scène, vers onze heures et demie, M. Auguste Bariou acheta au nommé Guivarch, patron du bateau n°1423, du port d'Audierne, 12,000 petits maquereaux, à raison de 16 fr. le mille, pour le compte de l'usine Amieux. Il y avait au moment du marché peu de monde sur la cale, mais quand M. Bariou arriva pour prendre livraison, le nommé Denis Calvez, de Saint-Pierre, arracha un panier des mains du jeune Lucas, employé de l'usine, et en jeta le contenu à la mer.

Un témoin de ces doux scènes, M. Lafueluté, gérant de l'usine Tirot, avait lui-même acheté du poisson au nommé Guillevic fils, d'Audierne. Il n'a pu, lui non plus, en prendre livraison ; il en a été empêché par les mêmes marins. Ce poisson avait été précédemment vendu à M. Dupouy, également gérant d'usine à Saint-Guénolé, qui n'avait pas réussi à se le faire livrer.

À la suite de ces faits, M. Rondeau a porté plainte à la gendarmerie et deux arrestations ont été opérées : celles des nommés Calvez et Le Floch.

Ils sont actuellement sous les verrous, on attendant que d'autres aillent les y rejoindre, car plusieurs de leurs camarades ont été signalés comme avant pris part à ces voies de fait.

De leur côté, les pêcheurs répondent qu'ils étaient irrités de voir depuis quelque temps les marins d'Audierne venir pêcher sur leurs côtes à l'aide de sennes prohibées, dites « coulissantes », et leur ravir ainsi leur poisson. C'est pour mettre fin à cet état de choses qu'ils se seraient réunis, le 12, sur la cale de Saint-Guénolé.

Ajoutons que les individus auront à répondre du délit de cessation concertée du travail dans le but de porter atteinte au libre exercice du travail et de l'industrie.


Le port de Saint-Guénolé-Penmarc'h © Nozais


Journal le Finistère, article du 25 Septembre 1894  

Police correctionnelle.
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Tribunal de Quimper.
Audience du 20 septembre.
Entrave à la liberté du commerce et détérioration de marchandises.

— Nous avons raconté en détail l'émeute de Saint-Guénolé-Penmarch, qui a eu lieu, le 12 courant, sur la cale.

À la suite de cette émeute, M, Rondeau a porté plainte et la gendarmerie a procédé à l'arrestation de deux marins-pécheurs, les nommés Le Floch (Bernard) et Calvez (Denis).

Comme nous l'avons dit, ces marins s'étaient opposés à la livraison des pêches achetées à des marins d'Audierne pour les usines de Saint-Guénolé, sous le prétexte que les marins en question se servaient de filets prohibés dits « coulissants » et leur volaient ainsi le poisson péché sur leur côte.

Le Floch et Calvez sont condamnés chacun à 10 jours d'emprisonnement.

Extrait du journal officiel du 16 décembre 1901

— Page 7777 —


LOI du 14 décembre 1901
Instituant des médailles d'honneur à décerner par le ministre de la marine, aux marins français après trois cents mois de navigation.

Le sénat et la chambre des députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article unique. — Les marins comptant trois cents mois de navigation, y compris les services à l'état, jouissant de leurs droits civils et politiques, et dont les bons et loyaux services auront été reconnus, pourront, sur la proposition des préfets maritimes, recevoir du ministre de la marine un diplôme d'honneur et une médaille d'argent.
La même récompense pourra être accordée, par décret du chef de l’État, à tout marin, quelle que soit la durée de ses services, qui se sera particulièrement distingué.

La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l'État.

Fait à Paris, le 14 décembre 1901.

Émile Loubet.

Par le Président de la République :
Le ministre de la marine, De Lanessan


Note KBCP :
Né en 1856 Bernard Le Floc'h a 45 ans en 1901.  On peut supposer que le temps de navigation requis (300 mois eq. 25 ans) lui a largement ouvert le droit à l'obtention de la médaille.

Journal Le finistère, article du 18 janvier 1902

PENMARCH — Brutalité.

— Le Floch (Bernard), 48 ans, marin-pécheur à Saint-Pierre, assistait, le 16 décembre dernier, vers 4 heures du soir, à la mise à l'eau du canot de sauvetage.

Quand il vit le patron Kerloch, il se mit à l'insulter et lui lança une pierre énorme, qui ne l'atteignit heureusement qu'à l'épaule droite.

Cet acte de brutalité a occasionné environ un quart d'heure de retard à la mise à l'eau de l'embarcation, qui se portait au secours d'un navire1 en détresse.

8 jours de prison.

Note KBCP :
(1) Le navire en question est le trois mâts barque Frisia du port de Brème.

Douarnenez Saint-Pierre-Penmarc'h. Sortie du bateau de sauvetage © Plouhinec

Journal le finistère, article du 15 janvier 1908

Le Floch (Bernard), matelot, inscrit à Quimper ; témoignage officiel de satisfaction : s’est jeté à l’eau tout habillé, peu de temps après son repas, pour sauver un enfant de cinq ans tombé dans le port de Saint- Pierre (Penmarc’h), le 2 novembre 1907.

Annales du Sauvetage en Mer , 4ème fascicule de 1909

KÉRITY-PENMARC'H (Finistère).                                                                             22 septembre 1909.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

J'ai l'honneur de vous informer que le 20 septembre, vers 3 heures du matin et par une nuit très noire, la chaloupe de pêche « Ouida » n° 2903, patron GOURLAOUEN, s'est échouée sur la roche de « Cadoru Bian », danger situé par le travers de Saint-Guénolé. Le bateau ayant chaviré, l'équipage, composé de sept hommes, fut jeté à l'eau ; les uns s'accrochèrent aux espars et les autres essayèrent de regagner la côte à la nage.

Le patron de la chaloupe « Notre Dame de Pitié »1, FLOCH (Bernard), qui avait entendu les cris des naufragés, vint mouiller avec sa chaloupe sur le lieu du naufrage ; il réussit à embarquer à son bord les sept hommes naufragés auxquels il donna les soins nécessaires.

FLOCH (Bernard) ne se contenta pas de les avoir sauvés et, au lieu de se rendre sur le lieu de pêche, il retourna à l'endroit du sinistre et parvint, avec l'aide du patron TANNIOU (Jean), du « Saint-Antoine-de-Padoue », à renflouer la barque coulée et à la ramener entre deux eaux dans le port de Saint-Guénolé.

Équipage du « Notre Dame de Pitié » : FLOCH (Bernard), patron (diplômé de la Société) ; matelots : JÉGOU (Thomas) et LE CORRE (Jean-Daniel), (diplômé de la Société) ; CORCUFF (François), L'HELGOUACH (Yves), BECHENNEC (Alain), CALVEZ (Jean) et LE FLOCH (Bernard) fils, mousse.

Le Secrétaire du Comité local, COQUELIN, Instituteur.

(Rapport transmis par M. PLOUZANÉ, médecin de 1ère classe de réserve de la Marine, Président du Comité local.)



Note KBCP :
(1) « Notre Dame de Pitié », canote de 1,58 Tx, construit en 1909 et immatriculé Q3502, patron Bernard Le Floc'h. 

Journal Ouest-Éclair, article du 24 Janvier 1910

Kérity-Penmarc'h (Finistère). Médaille de bronze à Bernard Floch, patron pécheur pour sauvetage de sept hommes de la chaloupe Ouida, échouée sur la roche « Cadorec-Bihan » le 20 septembre 1910. 

 

Journal Ouest-Éclair, du 23 Juillet 1911

PENMARCH

Émouvant sauvetage Mercredi dernier, en se baignant dans le port de Saint-Pierre-Penmarc'h, avec ses camarades. Loussouarn, onze ans, fut pris de crampes aux pieds et aux mains. Il se trouvait, à ce moment, à 40 ou 50 mètres de la cale, par 3 à 4 mètres d'eau.

Le jeune Jean Goyat, voyant le danger, se porta à son secours, ainsi que le frère de Loussouarn, et essaya de l'amener à la cale. Au bout de quinze minutes environ, son frère lâcha, n'en pouvant plus et pris de peur. Le jeune Goyat, plus courageux, ne lâcha pas son fardeau, et put encore, pendant dix minutes au moins, tout seul, tenir son camarade, en espérant que Bernard Floch, qui était à gratter son canot, serait attiré par les cris.

Celui-ci n'hésita pas à se jeter à l'eau tout habillé et fut assez heureux pour ramener le jeune Loussouarn, aidé de Goyat qui, malgré son jeune âge, 10 ans, est excellent nageur et d'un courage peu commun. Loussouarn, qui a 13 ans, avait lâché son frère, et malgré cela, le jeune Goyat avait gardé son sang-froid et tenu son camarade à la surface. Mais il était temps qu'on vint à son secours car ils allaient couler tous deux quand Floch arriva.

Espérons que le ministre de la Marine, à qui le fait est signalé, n'hésitera pas à accorder une médaille à ce petit sauveteur breton et à Floch, qui a déjà plusieurs sauvetages à son actif.