1905 : Le crime de Maximilien Munch (suite 1)
                                  L'acte d'accusation.

Journal l'Ouest-Éclair, article du 29 juin 1905

Quimper


LE DRAME DE SAINT-GUENOLE-PENMARC'H.


Depuis quelques jours l'affaire Munch, l'auteur d'un meurtre commis sur la personne de Mme F. dans les circonstances dramatiques que nos lecteurs n'ont pas oubliés, a repris son cours.

L'instruction de ce drame qui s'est déroulé vers la fin de juin dernier, sur la côte de Saint-Guénolé-Penmarc'h, avait dû être suspendue en raison de l'état de santé du meurtrier, qui, comme on le tait, avait tenté de se suicider, en se logeant une balle dans la tête. Munch se trouvant actuellement rétabli, bien que la balle n'ait pu être extraite, a été transféré à la maison d'arrêt et l'affaire parait être réglée pour avoir son dénouement devant les assises de janvier.
  

COUR D'ASSISE DU FINISTÈRE
———
Audience du 13 janvier
———
Le crime de Saint-Guénolé-Penmarc'h



9ème affaire . — C'est aujourd'hui que comparaît devant la Cour d'assise du Finistère le nommé Maximilien Munch, qui, au mois de juin dernier, à Penmarc'h, tua Mme F... à coups de revolver.
Voici le texte de l'acte d'accusation dressé contre Munch :

« A la fin d'octobre 1904, Maximilien Munch, âgé de 22 ans, alors sergent-fourrier au 101ème régiment d'infanterie1, en garnison à Nogent-le-Rotrou, fit la connaissance à la gare de Montparnasse à Paris de Mme F..., âgée de 45 ans, femme d'un industriel de Saint-Guénolé, en Penmarc'h, habitant le plus souvent à Paris. Ils se rencontrèrent ensuite dans diverses circonstances et des relations suivies s'établirent entre eux.


Caserne du 115ème RI à Nogent-le-Rotrou © Levy

« Réformé du service militaire le 12 mars 1905, Munch rentra à Paris et continua à fréquenter Mme F.... Celle-ci vint à Saint-Guénolé le 8 juin, devançant de quelques jours sa famille sous prétexte de remettre la maison en état. Munch insista pour la suivre, et, pendant 8 jours, il habita avec elle à l'usine F...2 à Penmarc'h. À l'arrivée de M. F..., Munch alla s'installer à l'hôtel, continuant à donner des rendez-vous à Mme F... avec laquelle il vint même passer quelques jours à Quimper, dans un hôtel où ils se firent passer comme étant mariés.

« Le 26 juin, jour du meurtre, Mme F... alla le matin à Pont-L'Abbé où l'accompagna Munch. En revenant en voiture de cette ville, il y eut entre eux une discussion assez violente, et, à Penmarc'h, Munch quitta la voiture pour se rendre à travers champs dans la direction de Menez-Kérouil.

« Mme F... rentra chez elle et, quelques instant après, reçut de Munch une carte de visite avec quelques mots au crayon, l'informant qu'il allait mettre fin à ses jours.

« Elle courut le rejoindre, et après 3/4 d'heure d'entretien environ, Munch fit feu sur elle de son revolver à 4 ou 5 pas. Mme F... étant tombée, il lui tira un second coup de revolver, et, dirigeant contre lui son arme, se logea une balle dans la tête.

« Des témoins s'empressèrent de ramener Mme F... à son domicile où elle expira trois heures après.

« Munch fut conduit et soigné à l'Hôtel-de-Bretagne, à Saint-Guénolé, puis à l'hôpital de Quimper, où il resta quatre mois.

« La balle n'a pas été extraite de sa blessure.

« Depuis qu'il avait quitté le régiment, le 12 mars, Munch, qui n'avait pas aucune ressource, ne s'était livré à aucun travail. Il prétend avoir vécu de sommes importantes que lui donnait son père : mais celui-ci, simple ouvrier journalier à Alfortville, affirme ne lui avoir remis que 5 francs. Il est de toute évidence que Munch a vécu pendant tout ce temps des libéralités de Mme F... et qu'on en vient encore à considérer que les scènes qui se sont passées entre eux, avant le meurtre, n'ont eu d'autre causes que le refus de la victime de continuer à fournir des subsides à l'accusé.

« Les renseignements recueillis sur Munch le représentent comme un paresseux ; on n'a jamais eu, cependant à se plaindre de sa conduite au régiment. »

Note KBCP :
(1) Lire : 1er bataillon du 115ème régiment d'Infanterie de Nogent-le-Rotrou
(2) Lires Usine Fröchen