SAUVETAGES DE LA STATION DE SAINT PIERRE ( 1921 - 1939 )

Vous trouverez ci-après, la liste commentée des sauvetages réalisés par le canot de sauvetage de la station de Saint-Pierre, mais aussi des sauvetages réalisés par de courageux particuliers de Saint-Pierre et même aussi quelques informations diverses.

A noter : 
Les dates indiquées ne sont pas toujours au jour près. Je les ai rectifiées par recoupements dans la grande majorité des cas. Les noms des protagonistes est parfois fantaisiste, exprimés approximativement ou phonétiquement. Je les ai rectifiés par recoupements et connaissance des noms locaux... 

Les commentaires et informations sont tirés des Annales du Sauvetage en Mer (ou des articles de la presse locale tels Ouest-Éclair, Le Finistère, la Dépêche de Brest, etc).
N.B. : Les « Annales du sauvetage maritime » ne sont pas archivées par la Bnf après 1939.


Code des couleurs :
Les sauvetages effectués par le canot de sauvetage
Les actes de sauvetage non effectués par le canot de sauvetage
Les sorties "blanches" du canot de sauvetage et autres informations diverses


21 juillet 1922 - Sauvetage accompli par le jeune René Lucas

Aujourd'hui, 21 juillet 1922, vers 1 h. 30 de l'après-midi, des gamins s'amusaient sur la cale de Saint-Pierre-Penmarch. Tout d'un coup, l'un deux, le jeune L'Helgouac'h, Albert, âgé de 4 ans et demi, se trouve précipité à la mer par suite d'un faux-mouvement. La mer était à ce moment très haute, il y avait en cet endroit environ 2 m. 50 de profondeur et, comme ce gamin ne savait pas nager, il allait infailliblement se noyer, déjà il disparaissait. A ce moment tragique, un de ses camarades, le jeune Lucas, René, âgé de 9 ans,également de Saint-Pierre-Penmarch, n'écoutant que son courage, se jette à l'eau tout habillé et est assez heureux pour ramener au rivage son jeune camarade sain et sauf. Cet acte de courage est des plus méritoires, vu le jeune âge du sauveteur et mérite une bonne récompense.

Le Chef guetteur, Secrétaire du Comité de Sauvetage. 
 

22 juin 1923 - Secours au vapeur « Maindy-Crance1 »

Aujourd'hui 22 juin 1923, par brume intense, avec mer belle, le vapeur anglais Maindy Crance, de Cardiff, chargé de poteaux de mine, s'est échoué sur le plateau des Étocs, dans le sud-est de la pointe de Penmarch.

Pendant une courte éclaircie, vers 7 h. 15 du matin, le guetteur de veille ayant aperçu le navire, et ne sachant ce qui pouvait lui être arrivé, donnait l'alarme et, aussitôt, le canot de sauvetage de la station de Saint-Pierre-Penmarch, mis à la mer, se dirigeait immédiatement sur les lieux du sinistre, guidé par son brave patron Jean Berrou. Parti à 7 h. 30 environ, le canot était de retour à 9 h. 45 après s'être rendu compte de ce qui s'était passé lors de l'échouage du vapeur, mais sans avoir eu de naufragés à recueillir.

La mise à l'eau du canot a été effectuée très rapidement et avec un entrain admirable.

Le Chef guetteur Secrétaire du Comité de Sauvetage, Yven.


Maindy Grange © Wrecksite.eu

Note KBCP :
(1) Il s'agit plus probablement du Maindy-Grange, cargo anglais en acier de 115m, jaugeant 4.808 tonnes, construit par Richardson, Duck & Company Ltd. à Thornaby-on-Tees (North-Yorkshire). Armement Llewellyn Shipping Co. - Thomas W. B. & Co. à Cardiff.
Le Maindy Grange, Capitaine ENOS du port de Cardiff, se rendait de Bordeaux à Barrydost avec un chargement de 6.500 tonnes de poteaux de mine. Vers 6 heures, il s'est jeté sur les Étocs, par brume très épaisse. Le Capitaine ENOS ayant demandé, par radio, le secours d'un remorqueur, le Maindy Grange a été renfloué le 23 juin par le remorqueur d'État « Mastodonte » du port de Brest. 

Le remorqueur Mastodonte © Patrick Capitaine

31 juillet 1923 - Sauvetage accompli par le canot GV 47471

Le 31 Juillet 1923 vers 14 h. 30, par bonne brise d'ouest, avec mer très agitée, le canot de pêche N° 4129 GV de Saint-Pierre Penmarch, monté par deux hommes (Cosquer, Laurent, patron, et Buhannic, René, matelot) se rendait en mer pour lever des casiers à homards ; surpris par un fort grain avec pluie et brouillard, ce canot a chaviré dans les brisants aux environs du Menhir. Le canot 4747 GV patron Stéphan Jean et matelot Lijour Jean, également de Saint-Pierre-Penmarch, qui se trouvait dans le voisinage du naufrage a recueilli, après de grandes difficultés, le matelot Buhannic René, lequel, quoique déjà très exténué, a pu être ramené à la vie après des soins très empressés qui lui ont été donnés à son arrivée à terre. Quant au patron Cosquer disparu avec son embarcation, il n'a été retrouvé que plus tard par le canot de sauvetage de Saint-Pierre-Penmarch, accouru sur les lieux du sinistre dès l'alerte donnée. Malgré les soins les plus développés pratiqués à ce dernier par le brave patron Jean Berrou, aidé de ses canotiers d'abord, puis par le Docteur Loussouarn, de Penmarch, tous ces efforts sont restés vains et le pauvre patron Cosquer, n'a pu être ramené à la vie.

Le Secrétaire du Comité de sauvetage, Yven.


Note KBCP :
(1) Le n°4747 du quartier du Guilvinec, a pour nom «Étoile du Bonheur»; patron Jean Stéphan.

6 août 1923 - Sauvetage accompli par Thomas Lucas

Aujourd'hui 6 août, vers 10.h. 30, au moment de la pleine mer, plusieurs enfants jouaient sur la cale Est de Saint-Pierre-Penmarc'h. Soudain, le jeune Floch (Jean), âgé de 5 ans, prit l'amarre d'une plate pour attirer cette embarcation vers lui quand, par suite d'une secousse donnée par ce cordage, celle-ci précipita le jeune enfanta la mer. Il y avait à cet endroit 1 m 50 d'eau environ, et, comme ce garçon, vu son bas âge, ne savait pas nager, il allait infailliblement se noyer devant ses jeunes camarades affolés et impuissants à lui porter secours. Heureusement, le patron pêcheur Lucas (Thomas), âgé de 48 ans, se trouvait à passer à proximité de l'endroit où se débattait le gamin et il n'hésita pas à sauter tout habillé à la mer pour sauver cet enfant d'une mort certaine. Toutes les félicitations au patron Lucas, Thomas.

Le Maître-guetteur, Secrétaire Trésorier du Comité de Sauvetage, Yven. 

23 mai 1925 - Naufrage du « Léon-Dufour »

En ce 23 Mai, les flottilles de pêche de Kérity et Saint Pierre sont en mer.
Vers midi, le temps se gâte et tous se hâtent de rentrer à l'abri.
Entre Kérity et Saint Pierre les barques "Saint Louis" et "Berceau de Saint Pierre" chavirent, surprises par une déferlante.Il est environ 13H30. L'alerte est donnée et les canots "Comte et Comtesse Foucher" de Kérity et le "Léon Dufour" de Saint Pierre sont tirés à l'eau avec peine, car c'est marée basse.
Il va leur falloir souquer ferme ! Du fait de la marée basse, le canot de Kérity est obligé de faire un détour plein sud, par la tourelle Runiec puis vire à l'ouest pour prendre le chenal entre Men Laou et la Jument. Sur le plateau, la mer est démontée les vagues se muant en déferlantes. Le "Comte et Comtesse Foucher" chavire à son tour à 13H50. Le canot l'"Arche d'Alliance" qui rentrait lui aussi se porte alors au secours ... du bateau de sauvetage ! Un comble pour ces malheureux et courageux sauveteurs. Sur les douze marins que comptait l'équipage, sept sont morts. 
Venant de l'ouest, le "Léon Dufour" de Saint Pierre arrive presque au même instant sur ce lieu terrible. Il est victime lui aussi de la même mer, des mêmes vagues déferlantes. Le canot roule et chavire.  Recueillis par une annexe, quatre marins échappent à une mort certaine. Huit périssent.

Le bilan de cette funeste journée est terrible : Quinze des canotiers volontaires sont morts.


Pour en savoir plus : La catastrophe du 23 Mai 1925

Le « Léon-Dufour » échoué sur la plage du port de Kérity © L'Illustration.

12 juillet 1925 - Sauvetage accompli par jean-marie bouguéon

Le 12 juillet, vers 18 heures, alors que de nombreux enfants jouaient sur la cale de Saint-Pierre, un d'entre eux, Le Floch (Hervé), âgé de 4 ans et demi, poussé par ses camarades, tomba dans le port.

Il y avait environ 1 m. 40 d'eau et tous ses jeunes camarades ne pouvant lui porter secours, il se serait certainement noyé sans l'intervention d'un jeune novice du canot de pêche Vainqueur-des-Jaloux, Bouguéon (Pierre-Marie), qui se jeta à la mer et fut assez heureux de le ramener à terre, sans qu'il soit trop fatigué.

Le Chef guetteur, Secrétaire-Trésorier, Famchon.


29 mars 1929 - Sauvetage accompli par vincent Le Floch. 

Le goémonier Le Floch, Joseph, était à la pêche au goémon, aux abords de l'île Nonna située dans l'ouest, à un mille environ de la pointe de Penmarch, quand une forte lame brisa sur la plate qui coula et Le Floch fut projeté à la mer.
Le Floch, Vincent, canotier de la station, péchant à proximité, avait aperçu l'embarcation chavirée : il fit force de rames pour se porter au secours du naufragé et le recueillit ; il s'était cramponné à l'embarcation mais ne pouvait se mouvoir, ayant les jambes entourées de goémon. Cet homme se serait certainement noyé sans la prompte intervention du canotier Le Floch.

Le Floch, Vincent, est père de dix enfants et a plusieurs sauvetages antérieurs

10 avril 1929 - Sauvetage accompli par pierre Calvez

Le 10 avril, à 6 h.30, le marin pêcheur Loussouarn Adolphe, relevait des casiers à proximité de l'île Nonna, dans une plate, quand une forte lame chavira l'embarcation. Loussouarn fut projeté à la mer.

Calvez Pierre, canotier de la station et Le Floch Alain, se trouvant sur les lieux, se sont portés au secours du naufragé, l'ont recueilli et ramené à terre : malgré tous les soins qui lui ont été prodigués, Loussouarn n'a pu être ramené à la vie.  

10 avril 1929 - sauvetage accompli par l'« Amphitrite » et son équipage

À 11 h.30, le bateau de pêche «La-Victoire», n°923, d'Audierne, se trouvait à 1 mille environ de la pointe de Douch, baie d'Audierne, chargé de goémon et monté par cinq hommes.

L'embarcation trop chargée allait couler : la mer était agitée par vent de N.-W. Le bateau de pêche Amphitrite, de Saint-Pierre-Penmarch, patron Bariou, François, canotier de la station, ayant aperçu l'embarcation en détresse et les signes désespérés des naufragés, se porta à son secours et recueillit les naufragés qu'il déposa à terre, à Plouhinec. Sans l'intervention du bateau Amphitrite, ces naufragés se seraient certainement noyés.

Le Chef guetteur, Secrétaire du Comité de Sauvetage, Émile Audrezet.


4 juillet 1929 - Sauvetage accompli par le jeune Alain Calvez

Le 4 juillet 1929, à 5 heures du soir, un groupe de jeunes enfants se baignait dans le port de Saint-Pierre ; s'apercevant que le jeune Calvez Pierre, 7 ans, ne remontait pas à la surface, ses camarades crièrent « au secours ! ».
A ce moment, Calvez Alain, 11 ans, fils du canotier Calvez Charles, descendait la cale en tenue de bain ; il plongea sur l'enfant et le ramena à la surface par les pieds ; aidé par quelques camarades, ils le remontèrent sur la cale et le reconduisirent chez lui.

Le Chef Guetteur, Secrétaire du Comité de Sauvetage, Audrezet. 

29 décembre 1929 - Sauvetage du Trois-mâts Pomorze.

Le 29 décembre 1929, le guetteur sémaphorique aperçoit dans l'W.S.W., à 5 milles environ, un trois-mâts faisant des signaux de détresse et dérivant vers la côte. Le patron Stéphan donne immédiatement l'ordre d'armer le canot de sauvetage Léon-Dufour. La mer à ce moment étant basse et aucun passage n'étant accessible vu l'état de la mer, la sortie du canot ne put s'effectuer que vers 10 h. 45 ; il suivit la côte pour se rendre à Kérity par les petits chenaux. Toute la journée le canot s'est tenu dans le chenal de la Jument. A la nuit, le temps toujours mauvais, le canot vint à Kérity où les hommes prirent quelques vivres et procédèrent à la relève de certains canotiers ; vers 18 heures, le canot retourne dans le chenal où il passe la nuit, ne venant à terre que pour se ravitailler et faire des relèves. La nuit du 30 au 31 se passe dans les mêmes conditions ; le 31 au matin, la mer étant moins grosse, le Léon-Dufour, accompagné des autres canots, se dirige sur les lieux du sinistre. A 7 h. 30, le canot de sauvetage de Guilvinec recueille l'équipage du Pomorze et le ramène au Guilvinec.
Le Léon-Dufour rallie sa station dans la matinée et il rentre dans son abri vers 10 h. 30.

Le Maître de Phare, Président du Comité de Sauvetage, Houchouas.


Pour en savoir plus : Sauvetage du Pomorze

Le « Pomorze » 

7 février 1931 - Suspicion d'un naufrage à l'ouest de l'île Nonna.

Le samedi 7 février 1931, à 14 h. 40, des personnes occupées à la coupe du goémon, à l'extrême pointe de Penmarc'h ont cru apercevoir un bateau de pêche chaviré et ses occupants à la mer, à l'ouest de l'île Nona. Elles sont aussitôt accourues prévenir la station de sauvetage. Le patron et le sous-patron du canot, qui se trouvaient à proximité de la station, ont pris immédiatement toutes les dispositions pour la mise à l'eau du canot de sauvetage Léon-Dufour ; la tâche était ardue car la voie était encombrée de goémon et, d'autre part, le parcours pour la mise à l'eau était long à faire étant donné qu'on se trouvait en grande marée avec 1 h. 30 de flot seulement. Des cultivateurs qui s'occupaient à charroyer du goémon se sont immédiatement mis à l’œuvre pour déblayer la voie, tandis qu'un personnel exclusivement marin s'occupait de la mise à l'eau du canot.

A 15 heures, le canot était à flot et fit route aussitôt sur le lieu présumé du naufrage ; il explora les alentours de l'île Nona sans rien trouver d'anormal et rentra à la station à 15 h. 50.

Le Chef guetteur, Secrétaire du Comité de Sauvetage, Louis Audren. 
 

4 avril 1931 - Sauvetage accompli par Thomas Cariou et Michel Tirilly

Le 4 avril 1931, à 12 h. 30, par beau temps, mer un peu agitée, les marins pêcheurs Cariou Thomas, Tirilly Michel et Loussouarn Nonna, se trouvaient dans les parages du phare de Menhir et regagnaient le mouillage de Saint-Pierre-Penmarc'h avec leurs plates chargées de goémon. Soudain, la plate montée par Loussouarn chavira ; ce dernier réussit néanmoins à s'accrocher à son embarcation et à s'y maintenir suspendu la tête hors de l'eau.

Les marins Cariou Thomas et Tirilly Michel se portèrent aussitôt à son secours, réussirent, de leur plate, à embarquer Loussouarn dans celle de Cariou et remorquèrent la plate chavirée au port de Saint-Pierre.

Le Secrétaire du Comité de Sauvetage, L. Audren.


14 aout 1931- Sauvetage accompli par corentin chaffron (père & fils) et J-Marie Jégou

Le 14 août, vers 14 h. 15, par fort vent du S.-W. et mer très houleuse, le canot de pêche Kerguélen G.V. 5554, se trouvait dans le chenal du Men Guen, à environ 1 mille au S.-W. de la Pointe de Penmarc'h, lorsqu'il talonna sur un rocher et chavira aussitôt. Deux des hommes s'accrochèrent au canot et le troisième au mât ; ils se trouvaient dans une situation très critique, lorsque le canot de pêche «Germaine» G.V. 5265, monté par le patron Corentin Chaffron, le matelot Jean-Marie Jégou et le matelot Corentin Chaffron, fils du patron, qui, suivait la même route que le canot Kerguélen, arriva sur les lieux du sinistre et réussit par une manœuvre hardie et délicate à sauver les trois naufragés ; il les ramena sains et saufs à la cale de Saint-Pierre-Penmarc'h.

Le canot de pêche G.V. 51521, patron Bouguéon, qui appareilla du port de Saint-Pierre dès qu'il eut connaissance de l'accident, prit le bateau sinistré à la remorque et l'échoua au port.

Le Secrétaire du Comité de Sauvetage, L. Audren.

(Rapport transmis par M. Houchouas, Maître de phare, Président du Comité de Sauvetage.)

Pour ce sauvetage, Corentin Chaffron et son équipage a reçu le Prix Maurice Théry (250Fr.)


Note KBCP :
(1) Le n°5152, du quartier du Guilvinec, est le canot ponté «Rhum-Hervé».

11 février 1936 - Sauvetage accompli par Jean Stéphan et Pierre Boennec

Le 11 février 1936, au large de St-Pierre-Penmarc'h, Stéphan (Jean) et Boennec (Pierre), pêcheurs, se sont portés en plate au secours de deux pêcheurs dont l'embarcation venait d'être chavirée par une lame. Pour ce sauvetage, ils ont reçu le prix du Marquis d'Urre d'Aubais (150 francs)

28 Février 1936 - Décès du patron Kerloc'h.

Le patron KERLOCH, Chevalier de la Légion d'Honneur est décédé le 28 Février dernier.

Au cours des obsèques de ce brave marin, devant toute la population rassemblée pour lui rendre hommage, le Président du Comité de Sauvetage M. Houchouas, gardien chef du phare d'Eckmühl, et l'Administrateur de l'Inscription Maritime Shmitz, chef du quartier de Guilvinec, ont retracé la belle carrière de ce vaillant sauveteur. 

Ses qualités d'homme et de marin lui avaient valu la plus flatteuse estime de tous ceux qui le connaissaient. 
 


Yves Kerloc'h Patron du canot de sauvetage de Saint-Pierre-Penmarc'h —→ 

30 décembre 1936 - Assistance à la goélette à hunier Concorde

Le 30 décembre à 8 h. 10, le sémaphore de Penmarc'h alertait la station.
La goélette à hunier Concorde de Lorient, lors d'une accalmie à 1 mille au S.-W. de la Pointe de Penmarch, était drossée rapidement vers la côte par suite du courant de jusant et du manque de vent pour gouverner et elle venait d'arborer le signal N.-C. du Code international signifiant : « Je suis en détresse, besoin de secours immédiat ». Malgré la mer à moitié basse, le canot de sauvetage Léon-Dufour fut poussé rapidement à l'eau et accosta la goélette à 8 h. 35. Une remorque fut prise par le canot de sauvetage et une pinasse à moteur arrivée peu après et au bout d'une demi-heure d'efforts, ils réussirent à éloigner la goélette des dangers de la pointe de l'Ile-Nona, la sauvant ainsi que son équipage en grand danger dans ces mauvais parages.

A 10 heures, le canot était de retour au port ayant accompli rapidement sa belle mission.

Le Maître guetteur, Secrétaire du Comité de Sauvetage, Guillou. 

Goélette à hunier

Dans les Archives des Annales du sauvetage en mer, le 2ème semestre de l'année 1937 est manquant. Les rapports de sauvetages du 2ème semestre seront donc tirés d'article de journaux. 

23 octobre 1937 - Sauvetage du Chalutier espagnol « Huerta » et
Sauvetages accomplis par les patrons Lucas et Bouguéon

Le 23 octobre 1937, avant le lever du jour, le guetteur du sémaphore de Penmarc'h aperçoit au large la silhouette imprécise d'un petit chalutier qui ne montre aucun feu.

La tempête de S.-O. souffle avec une extrême violence ; la mer, démontée, brise avec fracas sur les plateaux de roches qui entourent la pointe.

Aux premières lueurs de l'aurore, le chalutier, qui semble tenir la mer très péniblement, met brusquement le cap vers la terre et se dirige en plein sur les brisants. A ce moment, on peut se rendre compte qu'il est chargé à couler bas, que son pont est encombré de réfugiés espagnols submergés constamment par les paquets de mer. C'est leur situation désespérée qui pousse ces malheureux à faire côte dans des conditions qui ne leur laissent que bien peu de chances de salut.

Mais les vaillants sauveteurs de Penmarc'h ne vont pas assister passifs à l'affreux drame qui se déroule sous leurs yeux.

En un instant tous les moyens de sauvetage immédiatement utilisables entrent en action.

Le canot de sauvetage Léon-Dufour est lancé. Comme il ne pourra pas prendre la totalité des naufragés, deux embarcations sont armées par les patrons Lucas et Bouguéon.

Cependant le sauvetage se révèle singulièrement difficile. Le chalutier après avoir franchi miraculeusement la première ligne des brisants, s'est échoué sur les roches après avoir subi de terribles soubresauts qui l'ont incliné sur un bord. Accostant le premier, le patron Lucas embarque précipitamment 25 naufragés. Il doit aussitôt déborder, car dans un violent coup de roulis son bordage tribord a été défoncé et son étrave arrachée.

Le canot de sauvetage Léon-Dufour s'approche ensuite. Manœuvrant avec une habileté remarquable, le patron Stéphan réussit en deux tournées à mettre à terre 41 naufragés.

Le patron Bouguéon à son tour sauve en quatre tournées 54 naufragés.

Seuls, des marins spécialisés dans la manœuvre au milieu d'aussi dangereux brisants pouvaient mener à bien une tâche aussi périlleuse. Ils ont tous fait preuve d'un courage et d'un dévouement dignes des plus grands éloges.

Les 120 Espagnols étaient à la mer depuis deux jours et demi. Partis précipitamment des environs de Gijon, sans vivres, sans eau, entassés sur un petit bateau de 30 tonnes, ils avaient traversé le Golfe de Gascogne au fort d'une tempête très violente. À bout de forces, ils auraient infailliblement péri si les sauveteurs de Penmarc'h avaient montré la moindre hésitation à affronter des dangers qui auraient fait reculer des hommes moins audacieux. Les patrons Stéphan et Bouguéon et le canotier Drézen ont déjà reçu, en 1929, chacun une Médaille d'Or en témoignage de la vaillance dont ils avaient fait preuve dans une tentative de sauvetage au cours de laquelle les trois quarts de l'armement du canot de sauvetage de Saint-Pierre-Penmarc'h avaient trouvé une mort glorieuse.


Pour en savoir plus : L'échouage du Huerta

Le « Huerta » échoué © La dépêche de Brest

28 Avril 1938 - Sauvetage accompli par Jacques tanniou

Le 28 avril 1938, à Saint-Pierre-Penmarc'h, Jacques Tanniou, ancien canotier de sauvetage, a plongé tout habillé et sauvé un enfant tombé dans le port. Ce courageux sauveteur, est âgé de soixante-huit ans.

Notre KBCP :
Pour ce sauvetage, Jacques Tanniou a reçu la Médaille de Bronze et le Prix Constance (300 francs).


3 octobre 1938: Sauvetage accompli par le canot « Marie-Roger ».

Le 3 octobre, vers 10 heures, le sémaphore tire le canon d'alarme. Le canot de pêche Blandine monté par deux hommes, en panne de moteur, est drossé sur un plateau rocheux à 800 mètres dans le Sud-Ouest du sémaphore. En raison du temps (vent de S.-O., bon frais, fraîchissant, mer très houleuse) sa situation exige de prompts secours.

Le canot de sauvetage Léon-Dufour est aussitôt lancé et se rend rapidement sur les lieux mais se trouve dans l'impossibilité d'approcher par manque d'eau.

La pinasse Marie-Roger, appareillée également, réussit à l'aide d'une plate à recueillir, non sans peine, les deux naufragés. Peu après le bateau sinistré a coulé par suite de la forte houle.

Le Secrétaire-Trésorier, Maître-Guetteur Guillou.


4 Septembre 1939 - Déclaration de guerre de la France à L'Allemagne

2ème semestre 1939 - « Annales du sauvetage maritime »

Note de la rédaction des « Annales du Sauvetage » :

À la demande du Ministère de la Défense Nationale, la Fédération des journaux et revues français s'est engagée, le 11 Mars 1939, à réduire, dès le jour de la mobilisation générale, le nombre de pages des périodiques.

Nous devons donc nous excuser de présenter à nos lecteurs des exemplaires réduits des Annales du Sauvetage Maritime.

Mais nos Annales ont un caractère particulier. Leur raison d'être est de publier le récit d'actes qui ne doivent pas rester cachés et qui constituent des exemples de nature à accroître la confiance de notre pays en ses marins.

Nous nous contenterons de publier les comptes-rendus des sorties de nos canots de sauvetage.

Toutefois, les rapports relatifs à un grand nombre de sorties occasionnées par des événements de guerre ne peuvent, pour des raisons d'intérêt national, être publiés.

Ils le seront plus tard avec des commentaires qui montreront le rôle primordial joué par les marins durant la première phase de la guerre impitoyable où nous sommes engagés.