LE SAUVETAGE DU POMORZE le 28 Décembre 1929 (suite)

OUEST-ECLAIR dU 3 JANVIER 1930

L'épilogue d'un cauchemar

Le trois-mats polonais "Pomorze" a été retiré de sa fâcheuse position par le remorqueur hollandais "Polzee". Deux autres remorqueurs, le "Witsee", de la compagnie hollandaise de remorquage et '"Hippopotame" de Brest, étaient également sur les lieux.

Quimper, 2 janvier. Contrairement aux prévisions, le temps s'est maintenu au beau. La tempête a fait décidément trêve et la mer a repris, autour des Etocs, son calme des jours d'été. Bienheureuse et providentielle accalmie qui a permis non seulement de sauver les passagers du Pomorze ; mais encore de retirer de sa situation périlleuse du voisinage mortel de la fameuse roche noirâtre le trois-mâts lui-même. Pour une fois, la gueuse a fait trêve à ses sentiments bien connus d'inhumanité et sans doute à regret a laissé faire les hommes et les choses. Ah c'est bien son tour. Elle a dans ces parages terribles, fait assez de victimes pour que, une seule fois, elle dédaigne celles qui s'offraient à ses coups, comme aux temps anciens, les victimes expiatoires au couteau du bourreau.


REMORQUEUR SS WITTE ZEE (I)

(Witte Zee signifie "Mer Blanche" en Holandais)
Propriété de la Cie Hollandaise Sleepdienst L Smith & Co, Rotterdam
Date de construction : 1914 par Smit J & K Scheepswerven, Kinderdijk (Rotterdam)
Tonnage : 465 t
Chaudiere 3 cylindres à triple expansion de 1000 cv
Dim. : 54,1 x 8,8m
Divers :
Coulé en 1940


REMORQUEUR HYPPOPOTAME

Remorqueur-patrouilleur propriété de la Marine nationale
Date de construction :1917 par les chantiers de Penhoët,
Tonnage : 970 t,
Chaudière à triple expansion de 1800 cv,
Dim. : 49,15 x 9,52m
Divers :
Vitesse : 12 noeuds,
Armement : 2 canons de 75 mm.
Désarmé en 1952.


Le sauvetage du navire

Le Pomorze, avons-nous dit, était resté après le départ de son équipage amarré à son unique ancre, à proximité de la roche sur laquelle il talonnait quelque peu. Les passagers polonais et hollandais étaient saufs, mais il fallait s'occuper aussi du navire. Le consul de Pologne au Havre, M. Roman Winiarz, était arrivé hier dans la matinée. Il prit des dispositions, d'accord avec M. de Leseleuc, administrateur de l'Inscription maritime de Guilvinec et M. Vatrin, préfet du Finistère, qui, depuis dimanche, ne cessa de s'intéresser au sort des naufragés, pour hâter le sauvetage du trois-mâts que le gouvernement polonais, avons-nous dit, destine à servir d'école aux officiers de la marine marchande polonaise.
Sur instructions de M. le préfet, le remorqueur Hippopotame, du port de Brest, partit ce matin de ce port et arriva sur les lieux, à sept heures. Un peu plus tard, vers 10 h. 30, arrivait à son tour de Brest, le Witzee, frère du Polzee; de la Compagnie Hollandaise de remorquage. On sait que cette compagnie s'était chargée de la conduite du Pomorze jusqu'à Nakskow (Danemark). Aussi, son navire, le Polzee, prit-il ses dispositions pour effectuer lui-même le sauvetage.
Il se présentait sur les lieux, au début de l'après-midi et après avoir solidement amarré le Pomorze, il parvint à le haler au-delà des récifs il était 14h30. Notons que l'unique ancre du Pomorze, à laquelle ce dernier dut son salut, était si solidement accrochée au fond, que les sauveteurs durent la laisser filer, c'est-à-dire l'abandonner. Le trois-mâts, déjà démuni de tout moyen de navigation, est donc désormais privé d'ancre, puisque la première sur les deux qu'il possédait, est déjà au fond de la mer, ainsi que nous l'avons dit mercredi. Cet après-midi, vers 15 heures, alors que le Pomorze était désormais hors de danger, le canot à moteur Cajoleuse, de Guilvinec, a embarqué l'équipage, sauf la femme du second Meissner, qui retourne en Pologne, par des voies plus sures et l'a conduit à bord du Pomorze.
Cet embarquement ne s'est pas fait sans difficultés, car les six marins hollandais ne voulaient à aucun prix retourner à bord. Il y eut à ce sujet une sorte de petite émeute, mais finalement tout se calma sur l'intervention de M. de Leseleuc et du consul de Pologne au Havre.
Ce dernier est reparti par le train de Paris, ce soir, à 7h39.
Quant au Pomorze, il a pris aussitôt que les rescapés eurent réintégré son bord, la direction de l'Ouest, puis du Nord et se propose de faire escale à Brest, car il n'est pas prudent, on le pense bien, de naviguer sans ancre...


Les héroïques sauveteurs bretons


Maintenant que tout danger est écarté, que le trois-mâts qui vit sa perte d'aussi prés, vogue à nouveau sur l'océan calme, il nous parait utile de revenir sur les mérites des braves sauveteurs bretons qui, depuis dimanche matin, se sont voués corps et âme au salut des êtres en péril de mort. Qu'il s'agisse des équipages des canots de Saint-Guénolé, de Saint-Pierre, de Kérity ou de Guilvinec. tous méritent l'admiration et la reconnaissance que témoignait mardi, à leur égard, le second capitaine Meissner. II faut espérer que leur dévouement ne restera pas sans récompense. En ce qui concerne plus particulièrement le Vice- Amiral -Charles- Duperré, de Guilvinec qui, grâce à son moteur, put arriver le premier sur les lieux et sauva l'équipage, nous pouvons témoigner nous-mêmes, que les efforts qu'il accomplit en la circonstance, furent surhumains. Que dire alors des hommes des canots de Penmarc'h qui eux, n'avaient que leurs bras pour diriger leurs embarcations! Le Vice-Amiral-Duperré était alerté dimanche matin, par les soins de M. Le Duff, secrétaire de la Société Centrale de Sauvetage. Une demi-heure plus tard, le canot partait, un seul des deux moteurs marchait, mais bast ! à la grâce de Dieu ! dirent le patron Courtes et son équipage.

Ndr : Notez le bast rapporté par le journal, assez éloigné du gast (du Breton putain) probable. Quand à une traduction par "à la grâce de Dieu"...

A la sortie du port, une lame monstrueuse faillit anéantir le bateau, mais il se redressa.
Et pendant toute la journée avec ses camarades de Penmarc'h, il croisa autour des récifs. Les hommes, dans leur hâte n'avaient pas apporté de provision. Ils restèrent jusqu'à 18 heures le ventre vide.
Durant la nuit, personne ne dormit. Ah nous dit Mme Courtes, mon mari, lui, ne s'est même pas couché, ni cette nuit ni la suivante. Il était énervé. Il ne pouvait rester sur place. A chaque instant il quittait la maison, inspectait le temps, courait jusqu'à la digue pour s'assurer si le trois-mâts était toujours là. Je crois vous savez, que si la chaîne de celui-ci s'était cassée et qu'il eût vu le navire se briser sur les rochers, il serait parti quand même dans les ténèbres au secours des malheureux, avec l'assurance de ne pas revenir !
Quels hommes ! Quels caractères ! Quelle récompense pourra jamais s'élever au mérite de ces braves. Les gouvernements polonais et français s'honoreraient en conférant à tous ces sauveteurs un témoignage tangible de leur admiration et de leur reconnaissance.


Ndr : Visiblement l'Ouest-Eclair était lu dans les milieux gouvernementaux... car 9 mois plus tard - certains diraient le temps d'une gestation...politique ! - les autorités Françaises et Polonaises organisèrent une cérémonie en l'honneur des sauveteurs de Guilvinec, Kérity, St Pierre et St Guénolé.


OUEST-ECLAIR dU 1 SEPTEMBRE 1930

Les marins du Guilvinec à l'honneur

Quimper, 31 août. (De notre correspondant.)
Nous avons assisté aujourd'hui à une bien belle et touchante cérémonie. Pensez donc, il s'agissait de remettre aux sauveteurs du trois-mâts polonais Pomorze les décorations que le Gouvernement du pays ami et allié avait décidé de décerner aux vaillants marins bretons pour leurs prouesses de fin décembre dernier.
Le pittoresque port de pêche avait revêtu sa parure des grands jours pour recevoir ses hôtes. Partout flottaient les drapeaux multicolores; la mer était belle et là-bas, sur la tragique base des Etocs, où le navire polonais, à six mètres de sa roche, faillit se perdre, les flôts s'étaient apaisés. Dès ce matin, la population encombrait les rues, hautes coiffes de bigoudènes et casquettes des rudes marins se mêlaient sur le môle. Joyeuse journée pour des hommes qui affrontent continuellement le péril. Journée glorieuse pour les meilleurs d'entre-eux dont le courage, l'esprit de sacrifice se voient ainsi splendidement récompensés. De hautes personnalités s'étaient déplacées pour la circonstance. «Citons MM. le vice-amiral Pirot. préfet maritime de Brest; Dautresme, secrétaire général, représentant le préfet du Finistère ; Weclawowicz conseiller d'ambassade de Pologne à Paris; Romain Winiarez, consul de Pologne au Havre ; Cazanaude, directeur général de l'Inscription maritime à Nantes ; Quéinnec député de la 3' circonscription de Quimper; le commandant Richard, inspecteur principal de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés ; Kernaflen, maire de Guilvinec; Verdier, administrateur du quartier de Guilvinec; le docteur Le Coz. conseiller général de Pont-l'Abbé, etc. Le matin, une assistance nombreuse applaudit l'excellente musique du 137' R. I. dirigée par M. Demeulester; puis, place de l'Océan, eut lieu la remise des décorations franco-polonaises. La foule émue et recueillie applaudit à tout rompre les héros de la journée. A midi, un excellent banquet fut servi à l'hôtel Le Roux. au cours duquel des paroles chaleureuses furent prononcées, exaltant le courage des marins bretons et l'inaltérable amitié des deux pays à jamais unis. Nous rendrons compte demain de façon complète de cette manifestation de la reconnaissance et de l'héroïsme.

Ndr : Faute d'une actualité chargée, il n'y eut jamais de suite à ce dernier article. Fort heureusement, on retrouve la narration de la cérémonie dans les annales du Sauvetage Maritime...


ANNALES DU SAUVETAGE 2ème SEMESTRE 1930

Voici le rapport transmis par M. l'Administrateur de l'Inscription Maritime, Président du Comité de Sauvetage :


SAINT-PIERRE-PENMARCH (Finistère)

Le 29 décembre 1929, le guetteur sémaphorique aperçoit dans l'W.S.W., à 5 milles environ, un trois-mâts faisant des signaux de détresse et dérivant vers la côte. Le patron STEPHAN donne immédiatement l'ordre d'armer le canot de sauvetage Léon-Dufour. La mer à ce moment étant basse et aucun passage n'étant accessible vu l'état de la mer, la sortie du canot ne put s'effectuer que vers 10 h. 45; il suivit la côte pour se rendre à Kérity par les petits chenaux. Toute la journée le canot s'est tenu dans le chenal de la Jument. A la nuit, le temps toujours mauvais, le canot vint à Kérity où les hommes prirent quelques vivres et procédèrent à la relève de certains canotiers; vers 18 heures, le canot retourne dans le chenal où il passe la nuit, ne venant à terre que pour se ravitailler et faire des relèves. La nuit du 30 au 31 se passe dans les mêmes conditions; le 31 au matin, la mer étant moins grosse, le Léon-Dufour, accompagné des autres canots, se dirige sur les lieux du sinistre. A 7 h. 30, le canot de sauvetage de Guilvinec recueille l'équipage du Pomorze et le ramène au Guilvinec.
Le Léon-Dufour rallie sa station dans la matinée et il rentre dans son abri vers 10 h. 30.

Le Maître de Phare, Président du Comité de Sauvetage, HOUCHOUAS.


SAINT-GUÉNOLÉ (Finistère)

Le dimanche 29 décembre 1929, vers 9 heures, par une tempête du sud-ouest, nous avons remarqué dans le lointain en face de Saint Guénolé, un voilier (trois-mâts) désemparé et chassé par la tempête dans la direction de la Pointe de Penmarc'h. Aussitôt l'alarme est donnée à tous les canotiers de la station, et le canot de sauvetage Maman-Poydenot est sorti sous la direction du patron BARIOU et du sous-patron BALTEZ, prêt à intervenir.
Chassé toujours par la tempête et le courant, le voilier passe à toucher les récifs de la Pointe de Penmarch. Comme il nous est impossible de porter secours au bateau en détresse par mer, le Comité décide, vers 9 h. 30, d'envoyer le bateau de sauvetage par la route à Kérity, sachant que le voilier n'aurait pas pu passer le large des Etocs.
Le Maman-Poydenot est arrivé sur son chariot, remorqué par un camion, à Kérity, vers 11 h. 30, il a été aussitôt lancé et s'est dirigé ensuite vers le voilier en détresse dans le chenal du Branquet, où les bateaux de sauvetage de Kérity, Saint-Pierre et Guilvinec étaient déjà.
A ce moment nous avons constaté que le voilier était déjà mouillé, mais nous ne pouvions lui apporter aucun secours, la mer étant trop grosse et brisant partout autour du voilier.
Au bout d'un certain moment, voyant que la mer et le vent grossissaient toujours, nous avons décidé de mouiller notre canot comme les autres bateaux de sauvetage. Nous nous trouvions à environ 500 à 600 mètres du voilier, prêts à intervenir si les ancres avaient cédé. Nous sommes restés sur les lieux de 11 h. 30 à 19 heures.
Ne pouvant intervenir et trempés, les équipages décident de se relever par moitié pour se changer, aussitôt reprenant leur place derrière le voilier où nous restons jusqu'à midi le lendemain 30 décembre. Le voilier restant toujours dans les mêmes conditions de danger, nous reprenons vers les 20 heures notre ancien poste, que nous avons conservé toute la nuit du 30 au 31. Avant le jour, vers 6 heures, voyant que la mer s'était un peu calmée, nous avons décidé d'approcher du voilier et avons pu l'accoster vers 6 h. 30 en compagnie du canot de sauvetage à moteur de Guilvinec. Le voilier Pomorze lance à nos deux canots de sauvetage des amarres.
L'équipage du voilier se décide, au bout d'un moment, à descendre de préférence à bord du canot de sauvetage de Guilvinec, qui est à moteur et qui a plus de place que nous à son bord pour recevoir les naufragés.
Aussitôt le sauvetage terminé, nous nous sommes rendus à la cale de Kérity (vers 9 heures) et nous avons ramené le canot par la route, à Guilvinec dans l'après-midi.

Le Président du Comité de Sauvetage, CHAPALAIN.


GUILVINEC (Finistère)

Le 29 décembre 1929, à 9 h. 40, le service de l'Inscription Maritime m'avisait que le sémaphore de Penmarch signalait qu'un trois-mâts de nationalité inconnue, se trouvant à environ cinq milles, demandait du secours immédiat. Aussitôt, j'ai rassemblé l'équipage du canot de sauvetage Vice-Amiral-Charles-Duperré. Les hommes malgré une mer démontée et bien qu'un seul moteur fût disponible, n'ont pas hésité à partir, et à 10 h. 15 le canot de sauvetage était lancé. Recouvert presque aussitôt par une première vague énorme, le canot reprenait sa route en direction de Kérity. Le patron COURTES, arraché de la barre, s'y est fait amarrer et s'est dirigé sur les Etocs où il venait d'apercevoir le trois-mâts.
Le voilier, à la dérive, se trouvait alors à 3 kilomètres de Kérity, dans les rochers à l'ouest des Etocs où il se serait brisé si, à 11 h. 30, il n'avait réussi à mouiller une, puis deux ancres. Mais notre canot n'a pu s'en approcher qu'à 350 mètres environ, en pénétrant dans le chenal au nord des Etocs, sans toutefois pouvoir le franchir, et s'est vu obligé de rester en surveillance à proximité, ainsi que les canots de sauvetage de Kérity, Saint-Pierre et de Saint-Guénolé, qui ont mouillé près de Locarec.
Le trois-mâts tanguait et roulait fortement, mais réussit à rester au mouillage, entouré de récifs, son arrière à peine à six mètres du rocher « Groahou-Doun». Le canot de sauvetage est rentré au Guilvinec vers 19 heures, mais pendant toute la nuit, le patron COURTES et quelques canotiers postés près de l'abri du canot ont surveillé les feux du trois-mâts.
Le 30, à 2 heures, le même équipage était prêt à repartir. A 6 heures, départ du canot vers le lieu du sinistre où il arriva à la pointe du jour. Le trois-mâts se trouvait toujours dans la même position, tenant bon sur une seule ancre, une chaîne s'étant rompue. Le canot ayant renouvelé ses essais d'accostage sans plus de succès que la veille, s'est mis à l'abri, ne perdant pas de vue le bateau, les autres canots de sauvetage étant rentrés à Kérity vers 14 heures. Le nôtre est rentré au Guilvinec vers 18 h. 30. Pendant la nuit, même surveillance du bateau par le patron et quelques canotiers.
Le 31 décembre, après ravitaillement en essence et visite du moteur, le canot de sauvetage repartait à 5 heures. Mais, cette fois, la tempête étant moins violente, il réussissait à contourner les Etocs par le sud et à accoster le trois-mâts à bâbord, et malgré la houle réussit à s'y maintenir et à mettre deux toulines à bord.
Les autres canots de sauvetage arrivèrent, peu après, sur les lieux. Nos canotiers purent enfin, au moyen d'un va-et-vient, sauver les 12 personnes se trouvant à bord, dont la femme du capitaine en second, ainsi que leurs principaux bagages, et à les ramener au Guilvinec vers 8 h. 30. Une foule enthousiaste attendait les sauveteurs et les naufragés. Les canotiers du Vice-Amiral-Charles-Duperré, après ces trois journées de fatigue étaient exténués, mais fiers d'avoir pu accomplir ce beau sauvetage. Pendant ces trois journées, les forts grains de pluie n'ont pas cessé. Le moteur en service a très bien fonctionné, sans panne, grâce aux soins dont il a été l'objet par les mécaniciens DURAND et COURTES fils, à chaque tournée. Le trois-mâts sinistré est le voilier polonais Pomorze.

Le Secrétaire du Comité de Sauvetage, LE DUFF.


TEMOIGNAGE de la Reconnaissance du Gouvernement polonais
aux sauveteurs du " Pomorze "

Les 29, 30 et 31 décembre dernier, les armements des canots de sauvetage de Guilvinec, Kérity-Penmarc'h, Saint-Pierre-Penmarc'h et Saint Guénolé, ont affronté les plus grandes fatigues et des risques sérieux afin de porter secours à l'équipage du voilier polonais POMORZE en danger au cours d'une violente tempête près des rochers des Etocs.
Ces vaillants sauveteurs ont reçu à notre dernière Assemblée Générale, dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne, des récompenses bien méritées.
Le Gouvernement polonais leur ayant également attribué de généreuses récompenses a eu la délicate pensée de les leur remettre au cours d une cérémonie organisée sur le lieu même de leurs exploits.
Aussi, le 31 août dernier, les sauveteurs des quatre stations étaient-ils conviés au Guilvinec à une fête organisée par la Municipalité et par le Gouvernement polonais représenté par M. WlNlARTZ, consul général de Pologne au Havre et par M. WECLAWOWIEZ, conseiller d'ambassade.
M. le Vice-Amiral PlROT, préfet maritime du 2e arrondissement maritime, avait bien voulu honorer cette réunion de sa présence et apporter aux sauveteurs des stations de la pointe de Penmarc'h un précieux encouragement, en même temps qu'il donnait un témoignage particulier de sympathie à une nation amie.
Dans la matinée eut lieu une touchante cérémonie. Sur l'estrade, décorée aux couleurs françaises et polonaises, avaient pris place M. le ViceAmiral PlROT, préfet maritime; M. DANTRESNE, secrétaire général de la préfecture, représentant M. VATRIN, préfet du Finistère; WECLAWOWIEZ, conseiller de l'ambassade polonaise à Paris; Roman WlNIARZ, consul de Pologne au Havre; de CAZANOVE, directeur général de l'Inscription maritime à Nantes; QUEINNEC, député; KERNAFLEN, maire du Guilvinec; le commandant RICHARD, inspecteur de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés; VERDIER, administrateur de l'Inscription Maritime, Président du Comité de Sauvetage du Guilvinec, et un grand nombre de personnalités régionales et locales.
Devant l'estrade, les héros de la fête étaient assis en rangs serrés. Sur les vareuses bleues, croix, médailles ou rubans prouvaient que ces vaillants sauveteurs ne se trouvaient pas pour la première fois à l'honneur. Le maire du Guilvinec, M. KERNAFLEN, remercia d'abord les autorités et les invités et tout particulièrement les vaillants canotiers des quatre stations dont on fêtait l'héroïsme.

Puis M. Roman WlNIARZ remercia le maire du Guilvinec, le président du Comité de Sauvetage, M. l'Administrateur VERDIER et M. LE DUFF, le très dévoué secrétaire-trésorier de la station ; enfin et surtout les patrons et canotiers de sauvetage qui, tous, ont lutté pour sauver, dans des conditions particulièrement difficiles, l'équipage du Pomorze.
M. Roman WlNIARZ rappela les heures tragiques des 30 et 31 décembre. Il fit un tableau émouvant de la population du Guilvinec, suivant, les larmes aux yeux, les péripéties du sauvetage, larmes de douleur qui se changèrent bientôt en larmes de joie et de fierté, lorsque les vaillants marins bretons eurent enfin ramené à terre les officiers et les matelots du bateau polonais. C'est, dit en terminant M. Roman WlNIARZ, pourquoi nous avons choisi le Guilvinec pour organiser cette fête de la reconnaissance. Lors des tristes événements qui se sont passés sur cette côte en décembre dernier, vous nous avez donné votre cœur; aujourd'hui, nous venons, avec quelle ardeur, vous apporter le nôtre.
La musique du 137e R. I. attaqua l'hymne polonais qui fut écouté avec recueillement.

Ensuite, M. Roman WlNIARZ remit au patron COURTES, du Guilvinec, la médaille d'argent du mérite polonais ; puis, au patron STÉPHAN, de SaintPierre; au patron LOUSSOUARN, de Kérity; au patron BARIOU, de Saint Guénolé, la médaille de bronze.


Médaille d'Or

Notre délégué, le commandant RICHARD, remercia ensuite les représentants du Gouvernement polonais de leur délicate et généreuse reconnaissance et les félicita d'avoir voulu réunir ainsi la phalange des braves sauveteurs qui ont coopéré au sauvetage difficile des 29 et 30 décembre 1929.
M. DE CAZANOVE, Directeur de l'Inscription Maritime remit ensuite des médailles et distinctions attribuées aux sauveteurs par le Gouvernement français (1).

Canotiers et invités furent ensuite conviés à un excellent banquet à la fin duquel des toasts furent portés par M. VERDIER, Administrateur de l'Inscription Maritime, Président du Comité local, et par M. WECLAWOWIEZ, conseiller de l'ambassade de Pologne à Paris.

Médaille Bronze

M. WECLAWOWIEZ représentant du Gouvernement polonais félicitant le patron COURTES.


Puis le cortège officiel prit place à bord du canot de sauvetage à deux moteurs Vice-Amiral-Charles-Duperré, et le patron COURTES conduisit ses passagers près des Etocs, dans les parages très dangereux où le Pomorze s'était trouvé en péril.


Le canot de sauvetage Vice-Amiral-Duperré
emmenant les invités à la pointe de Penmarc'h


L'équipage du Vice-Amiral Dupérré

Les Sauveteurs de Penmarc'h et du Guilvinec


Les Sauveteurs, de gauche à droite :

Jean-Louis Courtès, Patron du Bateau de Sauvetage Vice-Amiral Charles Duperré du Guilvinec.
Thomas Stéphan, Patron du Bateau de Sauvetage "Léon Dufour"de St Pierre
Jean Loussouarn, Patron du Bateau de Sauvetage "Comte et Comtesse Foucher" de Kérity
Pierre-Jean Bariou Patron du Bateau de Sauvetage "Maman Poydenot" de St Guénolé


L'équipage du Pomorze

Le Canot Vice-Amiral Dupérré sur son chariot de lancement