LE RAZ-DE-MARÉE DU 8 au 9 JANVIER 1924

Le raz-de-marée de Janvier 1924 relaté par 

Journal l'Illustration n°4220 du 19 Janvier 1924

Une tempête exceptionnelle
sur les côtes de France

La tempête qui a bouleversé les côtes de France pendant la nuit du 8 au 9 janvier,  a atteind sur une partie de la Manche et sur tout le littoral de l'Océan, une violence exceptionnelle. De St Malo à la pointe du Finistère et à Biaritz, le flot a, sur un grand nombre de points, fracassé les bateaux à l'ancre, défoncé les quais, inondé les maisons, causant des ravages considérables.
--/-- A Penmarc'h, les quais ont été détruits sur une vingtaine de mètres et l'atelier du peintre aveugle Lemordant, campé au sommet d'une bande rocheuse dominant la grève d'une dizaine de mètres, a été en partie emporté. La plupart des bateaux ont été coulés ou sont partis à la dérive. Le mal est peut-être encore plus grand a Saint Guénolé et a Kérity, où la flotille de pêche est presque perdue.
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La guérite de la douane transportée à 300m dans l'intérieur du village. © L'illustration
(En fait, c'est la cabine d'achat de poisson de l'usine Saupiquet de Kérity, scellée a proximité du corps des Douanes)


Y a-t-il eu raz de marée ou simplement cyclone ?

Il est difficile de se prononcer à cet égard. Dès la première heure, on a cru pouvoir expliquer la violence du phénomène par une secousse sismique. L'hypothèse, assez plausible, ne saurait être infirmée ni confirmée par l'examen du sismogramme enregistré à Strasbourg, dont nous reproduisons ci-contre une partie, ni par celui de l'observatoire du Parc Saint-Maur. Notre diagramme représente des secousses micro-sismiques, lesquelles ne sont nullement, comme l'expression tendrait à le faire supposer, des petites secousses sismiques.
Les appareils, très sensibles, enregistrent, environ un tiers ou un quart des jours de l'année, une agítation générale du sol assez faible nommée microsismique et que, dans l'état actuel de la science, on croit pouvoir attribuer à trois causes diflérentes : variations de la pression atmosphérique sur le sol ; frottement sur le sol d'un vent violent, mouvement des vagues. Cette agitation provient donc de phénomènes externes ; elle est, d'ordinaire, plus forte en hiver qu'en été, la mer étant alors plus agitée et les vents plus forts.
Les secousses sismiques, au contraire, sont dues à des phénomènes se produisant à l'intérieur du globe. Le sismogramme, dont nous reproduisons un fragment, a été enregistré à l'Institut de Physique du Globe, à Strasbourg, entre 17 h. 57 le 8 janvier et 8 h. 17 le 9. Il s'est inscrit photographiquement sur un appareil 

Galitzine, le plus sensible de tous, qui agrandit environ huit ou neuf cents fois l'amplitude des oscillations. Les petites secousses sismiques qui peuvent avoir eu lieu, nous écrit M. Rothé, directeur de l'Institut, sont noyées dans cette agitation permanente extraordinairement intense. C'est un phénomène très rare qui se trouve en relation avec la dépression atmosphérique et la violence des vagues dans le golfe de Gascogne et sur les côtes de l'Atlantique. On remarquera, sur le tracé, que les pointes sont parfois un peu moins marquées que la ligne qui les relie ; cela tient à ce que l'oscillation ayant été beaucoup plus rapíde à son point maximum que sur Ie reste de sa trajectoire, le papier sensible est resté en ces points moins longternps exposé à la source lumineuse. Si l'on mesure l'amplitude de ces oscillations, on voit que beaucoup présentent entre les deux pointes un écart d`environ 10 millimètres. Supposons, pour faciliter le calcul, un agrandissement de 1.000 fois, - au lieu de 800 à 900, comme il est indiqué plus haut, - nous pouvons en déduire un écart réel de 10 millièmes de millimètre.
D'autre part, l'observatoire du Parc Saint-Maur a enregistré la perturbation sur un appareil Wiechert, moins sensible que le Galitzíne, et dont le coefficient d'agrandisseInent est environ 250. Les amplitudes maxima enregistrées du 8 janvier, 0 heure, au 9 janvier, 14 heures, ont varié d'environ 2 à 8 microns (1 micron = 1 millième de millirnètre). Le maximum, 8 microns, represente donc 8 millièmes de millimètre. Il se rapproche sensiblement de celui que nous avons mesuré, sans le moindre instrument de précision, sur le díagramme de Strasbourg.

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Fragment du sismogramme enregìstré à l'Institut de Physìque du Globe, à Strasbourg, dans la nuit du 8 au 9 janvier, aux heures où se produisait le raz de marée sur les côtes de France. © L'illustration
(Ce sismogramme se prolonge sur la
gauche et sur la droite.)

Et M. Maurain, directeur de l'Institut de Physique du Globe à l'Université de Paris, estime, lui aussi, que s'il y a eu secousse sismique, elle fut très faible et n'est pas reconnaissable. Mais il ajoute que jamais une perturbation microsismique aussi forte n'a été enregistrée à Saint-Maur..

F. H.

Devant l'usine Cassegrain (maintenant Océane Alimentaire) et la maison du Canot de Sauvetage


Journal L'Illustration N°4221 Du 26 Janvier 1924

LE RAZ DE MAREE DU 9 JANVIER
SUR LES COTES DE L'ATLANTIQUE

Les premières descriptions de l'étrange phénomène qui s'est produit dans la nuit du 8 au 9 janvier, sur nos côtes de l'Atlantique, et les details un peu contradictoires donnés par les quotidiens ne nous ont pas permis de préciser d'abord s'il s”agissait d'une tempête ou d'un raz de rnarée, - qui difèrent grandement, sinon par certains de leurs effets, du moins par leur cause. Un de nos correspondants de Bretagne, professeur agrégé d'histoire et de géographie au lycée de Quimper, M. Francis Ruellan, a recueilli et accumulé une série d'observatior|s qui lui permettent de nous apporter aujourd'hui des éclaircissernents nouveaux. Il nous écrit, de Saint-Guénolé :
Dans la nuit du 8 au 9 janvier, à marée haute, une véritable crue de la mer se produisit sur les côtes de l'Atlantique. Ici, ou le relief est faible au-dessus de l'eau, l'océan envahit les terres sur quelques kilomètres de largeur ; ailleurs, des obstacles naturels ou artificiels, digues, jetées, étaient démolis. Tremblement de terre? a-t-on dit. Hypothèse admissible le premier jour ou on signalait une légère secousse sismique à la Rochelle. Hypothèse à rejeter aujour-
d'hui, puisque les stations de Saint-Maur et de Strasbourg ne signalent qu'une simple agitation microsismique assez forte, mais vraisemblablement due au choc des vagues de tempête sur le continent. L'agitation enregistrée par les sismographes ne serait qu'un des effets du phénomène qui nous préoccupe. La marée a-t-elle dépassé son niveau habituel parce que le vent, soufflant du large en tempête, a, pendant de longues heures, refoulé l'eau vers la côte? Hypothèse à rejeter aussi.
"Dans la soirée du 8 janvier, après plusieurs jours de tempête, le temps était redevenu calme", dit le gardien du phare d'Eckmühl à Penmarch. Même témoignage de M. le maire de Saint-Guénolé, M. Pillet, administrateur de lIinscription Maritime, levé vers 2 ou 3 heures, réveillé par un bruit anormal, déclare :
"Je croyais entendre le ronflement de moteurs automobiles. Je sortis. C'était la mer qui déferlait, il n'y avait pas de vent."
Enfin, le correspondant de la Dépêche de Brest à Douarnenez  
écrit encore :
"Mardi soir, la tempête semblait 
s'apaiser."
Est-ce l'effet d'une très forte houle due à une tempête lointaine?
Où se serait alors produite cette 
tempête? Au large?
Mais le capitaine Rio, de Lorient, 
qui se trouvait en pleine mer, affirme :
"Le ciel 
était étoilé et il n'y avait pour ainsi dire pas de vent." (Ouest-Eclaír du 12 janvier.)
Plus loin encore, 
au milieu de l'Atlantique? Mais rien ne permet de le supposer puisqu'aucun formidable déchaìnement de l'atmosphère n'a été signalé.

Cependant, les pressions barométriques enregistrées pendant la nuit étaient fort impressionnantes  ! 730 mil-
limètres de mercure à minuit, 724 millimètres à 3 heures, d'après le gardien de quart au phare d`Eckmühl.
"La mer devait normalement commencer à descendre vers 4 h. 30, me dit-il. Une heure après, elle est générale-
ment déjà loin ; or, vers 7 heures, elle était encore haute. La mer faisait cette nuit-là un bruit pas ordinaire et, pourtant, je ne me suis aperçu de rien avant le petit jour. A ce moment, mon remplaçant m'a dit :
"Il y a de l'eau jusqu'au pied du phare." 
"En regardant au dehors, j'ai alors vu de l'écume le long du mur de l'usine de conserves. Au matin, la mer était
très démontée et les lames semblaient passer par dessus Saint-Guénolé."
A Saint-Guénolê, à Penmarch, à Guilvinec, on n'a cessé de me répéter, ce que la presse a du reste rapporté de tous les points atteints, qu'au début de la nuit la mer était calme et que ce sont de grosses lames sourdes qui ont constitué le raz de marée.


Enfin, sur toutes les côtes bretonnes, on signalait une descente inquiétante du baromètre.

Comment donc expliquer pareil phénomène? Très simplement, nous semble-t-il, quoique cette explication n'ait été produite nulle part, à notre connaissance. Une experience élémentaire est à la base de notre hypothèse.Si, dans une cloche posée sur une nappe d'eau, on raréfie l'air, la pression diminue à l'intérieur de la cloche et le niveau de l'eau monte. Si l'on enlève ensuite la cloche, le niveau prirnitif tend à se rétablir et la nappe est animée d'une série d'ondulations comparables en tous points à la houle. Lorsque la pression diminue, l'eau peut-elle se sou-
lever de la même manière à la surface des océans ? Pourquoi non ? N'est-ce pas dans ces déformations de
la surface des océans que l'on cherche une des causes 
des grands courants marins ? N'y a-t-il pas sur une petite surface l'exemple des typhons ? L'apparition brutale d'un vaste et profond cyclone peut, croyons-nous, faire monter le niveau de la mer. Mais la nappe est libre ; à peine est-elle soulevée en un point que le niveau tend à se rétablir. De larges et creuses ondulations se produisent alors et se propagent suivant des données (longueur d'onde, hauteur, période, vitesse) déterminées en partie par la valeur de la dêpression atmosphérique. C'est à ces puissantes ondulations qu'il faut attribuer les ravages produits sur les côtes atlantiques.

Les nouvelles venues des divers points atteints confirment notre hypothèse. 
"Au bassin d'Arcachon, le niveau de l'eau atteignit une hauteur supérieure de 1 m. 50 environ à celle prévue. A Saint-Nazaire, la marée marqua 6 m. 25, soit 0 m. 85 de plus que la hauteur indiquée par l'annuaire. A Pornic, dans la baie de Bourgneuf, la mer éleva subitement son niveau de près d'un mètre. Aux Sables-d'Olonne, soudain,
 à 6 h. 30, quatre lames monstrueuses se lancèrent à l'assaut du remblai qu'elles submergèrent et s'engouffrèrent dans le chenal pour aller dans le port tout submerger." (Phare de la Loire, du 10 janvier.)
Les paroles du capitaine Rio nous ont encore confirmé notre opinion, fondée sur les premiers renseignements qui nous étaient parvenus :
"Mardi matin, profitant de l'accalmie, je quittai Long-Ship, pointe de la Cornouaille anglaise, et mis le cap sur les côtes de Bretagne. Dans la journée, je me trouvai pris d'un mal étrange, ressentant comme une impression de vide. Le baromètre marquait à ce moment moins de 730 mm d'Hg.
"La nuit se fit. Soudain, vers 2 ou 3 heures, un maître d`équipage me fit remarquer dans l'Ouest, à l'horizon, un point noir, sorte de nuage sombre qui se confondait avec le ciel et la mer. On le voyait très nettement, car les étoiles brillaient dans le ciel. En moins d'un instant, l'obstacle grossit, s'enfla, tel un typhon, et alors la mer se souleva littéralement. C'étaient des lames monstrueuses, véritables montagnes d'eau. A un moment, mon navire est resté vingt secondes suspendu au-dessus de la lame qui le portait à une hauteur prodigieuse. Je me trouvai à cet instant non loin du vapeur Cornouaille, du port de Brest : une seule vague, mais combien considerable, nous séparait. Nous échangeâmes un salut au sifflet, mais alors on pouvait voir un spectacle prodigieux. Quand l'Arez, mon navire, était soulevé par la lame, son compagnon de route était précipité dans le gouffre que creusait le flot à
une profondeur de vertige.  A chaque lame, l'hélice tournait dans le vide. Il fallait stopper et remettre en marche."
"Cette houle fantastique venait de l'Ouest et les vents soufflaient Nord-Est. Vous devez penser quel affreux choc s'est produit dans cette immensité déchainée ; mais, chose curieuse, pas de paquets de mer. L'Océan nous enlevait à des hauteurs démesurées, mais nous renvoyait seulement des nuages d'écume."
"Le 9 au matin, les bases de la baie d'Audierne, d'une profondeur de quarante à soixante mètres, "brisaient de blanc " partout, comme si l'on s'était trouvé devant une ligne de récifs. Il en était de même à plusieurs milles au large."
Baisse du baromètre, soulèvement de la mer en sens presque inverse du vent, grande longueur d'onde et hauteur considérable des vagues, profondeur inaccoutumée à laquelle la mer a été agitée : telles sont les précieuses indications données par ce récit dont aucun fait n'est en désaccord avec l'hypothèse que nous proposons.
Où placer le centre du soulèvement de la masse d'eau? Au large des côtes Ouest et Sud de la Bretagne, vraisemblablement. A défaut d'indications précises sur la répartition des pressions barométriques au-dessus de l'Atlantique, la comparaison des heures où la houle a touché la côte aurait pu nous fournir d'utiles renseignements sur ce centre de l'action cyclonique ; mais le phénornène s'est produit de nuit et les indications de temps sont approximatives, voire contradictoires.

Les effets du raz de marée sont dans la dépendance étroite de la cause que nous lui attribuons. L'invasion
de la mer s'est faite, dit-on, par périodes en rapport sans doute avec les ondulations qui l'animaient. Toutefois la forme des fonds marins, en facilitant ou en retardant la propagation de la houle, a pu en modifier les effets. A Penmarch-Saint-Guénolé, par exemple, les profondeurs de 50 mètres commencent à quelques kilomètres seulement du rivage. La houle n'a donc rencontré aucun obstacle jusqu'à la barrière des récifs qui ferment les ports de Saint-Guénolé et de Kérity vers le large. Arrivée à cet endroit, chaque grosse lame retardée à sa base par les rochers s'est effondrée, a brutalement déferlé, déversant une énorme masse d'eau sur une plate-forme littorale fort peu profonde. L'eau s'est alors précipitée vers la côte, brisant tous les obstacles. Les vagues suivantes faisaient monter le niveau de l'eau et provoquaient de nouvelles invasions de la côte. 
Par là s'explique l'importance des phénomènes de transport et de destruction : blocs d'une tonne ou plus déplacés de plusieurs dizaines de mètres ; sable des grèves et goémons arrachés aux roches, répandus sur les digues et sur les routes ; bateaux aussi jetés contre les rochers, contre les murs des maisons et des usines, et dont les épaves se retrouvent dans les rues ; viviers fracassés, etc. Une cabane cubique, en boís, de 3 mètres d'arête, couverte en ardoises et scellée à quelque distance de la côte, a été entrainée sur une centaine de mètres à une vitesse vertigineuse. Désastre terrible pour les pêcheurs ! Quelles indemnités pourront être assez fortes pour couvrir les pertes venant de leur inactivité forcée au début de la saison de pêche ! Les chantiers ne sont malheureusement pas assez nombreux pour suffire à la construction rapide de tant de bateaux.
Installée pendant quelques heures sur un nouveau rivage, la mer y a développé ses formes ordinaires d'érosion. Elle a nivelé les dunes près de la Chapelle-de-la-Joie ; elle a descellé et déplacé de plusieurs mètres les grandes pierres en granit de la jetée de Guilvinec et désagrégé le béton de la digue de Kérity. Les vagues ont déferlé contre les murs et les ont abattus, elles ont défoncé les portes des jardins et des maisons. L'atelier du grand peintre aveugle Lemordant, à Saint-Guénolé, était fermé par une porte bardée de fer et partiellement recouverte de tôle.
Aujourd'hui, la porte et les fenêtres sont éventrées, les oeuvres du maítre saccagées.
Près de la villa des Goélands, la route est déchaussée ; ailleurs elle est ravinée comme un étier1 de marée ; souvent la roche est mise à nu, décapée de la terre végétale qui la recouvrait ; et partout des glissements, de récentes ruptures de pente montrent l”esquisse d'une nouvelle falaise.
Un tel travail accompli en quelques heures par un raz de marée d'ampleur en somme médiocre, si on le
compare aux raz de marée chiliens ou japonais, voilà de quoi confondre les esprits les plus avertis de la
puissance des masses océaniques déchaînées.


FRANCIS RUELLAN.

(1) Petit canal par lequel un marais communique avec la mer


INFORMATIONS ET PHOTOGRAPHIES COMPLÉMENTAIRES

Conditions météorologiques : Un vent 8 beaufort de Ouest-Nord-Ouest est signalé vers 3h30 alors que l'heure de la pleine mer à 6h30. On est à mi-marée de coefficient 97 (élevé). La pression athmosphérique mesurée à 3h00, qui voisine les 724 mm Hg (env. 965 hPa), génère une sur-cote du niveau de la mer estimée à 40 ou 45 cm. Cette sur-cote augmentée par l'état de la mer démontée, fait que la sur-cote observée est au final de 2 m à 2,20 m par rapport à la valeur qui était attendue pour cette marée d'équinoxe. On signale alors des vagues de 7 à 8 mètres à la pointe de Penmarch.
A 5h30, une heure avant la marée haute, la mer dépassa le niveau supérieur des plus grandes marées d’équinoxe et déferla sur les côtes Penmarchaises.

La population fut fort surprise par la soudaineté du raz de marée, alors que les conditions n'étaient pas particulièrement alarmantes. Pour preuve, les invités d'un bal, dansaient encore à 3h00 quand ils ont été obligés d'évacuer la salle innondée deux heures plus tard.


L'extrémité ouest de la rue Lucien Le Lay

Rue Lucien Larnicol

Vue de l'actuelle place du marché depuis l'abri du Canot de Sauvetage

Habitation du gérant de l'Usine Tirot

Quartier du port, à gauche le corps de garde, au fond, l'Hôtel Charpentier


A cette époque, St Guénolé ne possède encore et toujours pas d'ouvrages de protection1 vis à vis des fureurs de la mer. Les dégats infligés par la mer sont donc, comme à l'habitude, très importants...même si ce jour là le vent de 70 km/h n'était pas si fort.

Côté terre : Comme "d'habitude", la dune de la Joie cède ainsi que Toul-ar-Ster en Kérity : Les maisons sont envahies par l'eau et les habitants se déplacent en barque sur les chemins et dans les champs. Le canal Guiyesse est bouché par le sable. L'eau des marais de la Joie ne peut être évacuée, inondant les terrains. Comme "d'habitude" les rues des villages sont encombrés d'épaves de toutes sortes, envahis par la mer véhiculant sable, pierres et goémons. La rue Les champs sont rendus impropres à la culture, les animaux divaguent. 

- A Saint Guénolé : Au Rocher des Victimes, le mur Ouest de l'Hôtel des Goélands ne résista pas à l'assaut de la mer. Les infrastructures portuaires sont très endommagées. On mesure 50 cm d'eau dans les maisons du quartier du port. Les usines subissent des inondations quand l'usine Ravilly subit des dégats importants. Comme "d'habitude" la mer est entrée face à l'usine Cassegrain par l'ancienne plage face au port (actuellement comblée et place du marché) et est descendue par l'actuelle rue Lucien Larnicol (en direction du calvaire) et par la rue Lucien Le Lay (en direction de la boulangerie l'Hénoret).


- A Saint Pierre : Les habitants se sont réfugiés dans les parties hautes de leurs habitations envahies par les eaux. Puis ils ont du se résoudre a abandonner leurs logis qu'ils ont quitté, pour certains de l'eau jusqu'à la poitrine, leurs enfants juchés sur leurs épaules et guidants leurs animaux. Pierres projetées, sable et goémons ont tout envahi dans les rues...


Côté mer : Les bateaux sont malmenés par les flots, coulés sur place ou, après avoir rompu leurs amares, emportés par la mer et drossés sur la côte. 118 bateaux (de la plate à la chaloupe) furent endommagés. 59 des plus endommagés furent considérés perdus et furent détruits.

Suite à ce nouveau raz de marée, La Mairie de penmarc'h se résolut à ériger des murs de protection aux endroits stratégiques...

(1) Les ouvrages de protection d'importance furent aménagés dans les années 50-60. 

Navires d'importance perdus lors du Raz de Marée du 8 au 9 Janvier 1924

Infortune de mer pour deux canots :

L'aiglon Q2725 de 1907, premier du nom, détruit suite au Désastre du 30 Septembre 1912, avait été remplacé par l'Aiglon II Q3955, lui-même détruit suite au Raz de Marée du 8 Janvier 1924 !

Le Notre-Dame de Penhors, Q2774 de 1907, premier du nom, détruit suite au Désastre du 30 Septembre 1912, avait été remplacé par Le Notre-Dame de Penhors Q3777, lui-même détruit suite au Raz de Marée du 8 Janvier 1924 !