Le Naufrage du vapeur Louise-Jenny (Suite et fin)


Après l'échouage © Photo montage JL Guégaden


Pillages

C'est là le volet le plus intéressant de ce naufrage somme toute bien banal si ce n'est son épilogue heureux, pas si courant que ça. En effet, dès les premières heures, l'épave fut sujette à pillages. Les habitants de St Pierre, Kérity et Guilvinec surent apprécier l'aubaine de ce naufrage arrivé à point nommé, juste avant les fêtes de Noël. La population locale, modeste voire pauvre, ne put résister au sirènes du pillage. Ils "croyaient" que les épaves abandonnées appartenaient à ceux qui les trouvaient. Bien mal leur en a pris... Pour bien marquer les esprits et vacciner la population contre tout pillage futur, la justice fut impitoyable et d'une sévèrité hors de proportion. Grosse différence donc avec notre époque, où, pour des faits bien plus graves, seulement du surcis voire un simple rappel à la loi auraient étés requis...


Voici quelques articles représentatifs tirés de la presse nationale et régionale :


Journal Le Finistère Du 13 Décembre 1890

Penmarc'h. - Notre correspondant nous écrit :

« Je vous ai avisé, par télégramme, de l'échouage, dans la nuit de Lundi à Mardi, sur les Étocs, du vapeur Louise-Jenn, du Havre. Ce navire, chargé de marchandises diverses, jaugeait 546 tonnaux.
« On a pu sauver mercredi, une quinzaine de tonneaux de marchandises. Mais dans la nuit de Mercredi à Jeudi, le feu a pris à bord, et le pont, les chambres et la passerelle ont été incendiés. On croit que les marchandises refermées dans la cale ont échappé aux flammeset, si le beau temps continue, on espère sauver une partie du chargement. Quant à la coque du navire, elle peut être considérée comme perdue. Le grand mât et le mât d'artimon sont tombés.
«La cause de l'incendie est inconnue.»


Journal La Croix du 18 décembre 1890

Naufrage. — Le steamer Louise-Jenny, capitaine Ernest Vallin, de la maison Worms, Josse et Cie, s'était perdu sur les rochers de Penmarch.
L'équipage a été sauvé par les bateaux de sauvetage de Penmarch.
Quelques marchandises ont été sauvées à la basse mer, mais au flot, le navire a été complètement submergé et le sauvetage rendu impossible.
On attribue la perte du navire à la brume continuelle qui a dû influencer ses compas, et à la violence des courants qui l'ont fait dévier de sa route ordinaire.


Journal le Finistère du 20 Décembre 1890


Penmarc'h. - De notre correspondant :

« Le 14 courant,vers 11 heures du soir, les nommés Gallou et Le Roux, préposés des douanes, aperçurent une embarcation a quelques mètres de la jetée. Ils s'embusquèrent. Le bateau aborda. Deux hommes en sortirent avec un panier. Gallou s'étant montré, l'un de ces hommes s'enfuit du côté du village de Guernevez. L'autre qui portait le panier était pris de boisson et tomba. Il fut appréhendé aussitôt. lnterrogé par Ies préposés il avoua que son panier était chargé d'environ quatre litres de cognac, renfermés dans neuf petites bouteilles et provenant de la cargaison du navire échoué Louise-Jenny. L'auteur de ce vol est le nommé Buhannic (Jean-Joseph), de
Kérity-Penmarc'h.
« Procès verbal a été dressé contre lui et il faut espérer que sa condamnation prochaine aura pour résultat de prévenir des faits du même genre. » 

Journal Le Finistère Du 24 Décembre 1890

Penmarc'h. - La cargaison du navire Louise-Jenny, échoué sur les Étocs, a été l'objet, ces jours derniers, d'un véritable pillage accompli de nuit par les riverains, hommes ou femmes, marins-pêcheurs, patrons même, à l'aide de leurs embarcations.
Aussitôt après le naufrage du vapeur, le capitaine de ce bâtiment constatait que certains objets lui appartenent personnellement avaient été enlevés de sa chambre entre le moment même de l'échouement, survenu à minuit et demi, dans la nuit du 8 au 9 décemebre et celui où il lui a été possible de revenir au navire, c'est-à-dire vers 7 heures du matin. Ainsi, on lui aurait dérobé un révolver, sa montre, deux fusils, etc.
Grâce au zèle et à la surveillance active des préposés des douanes, plusieurs individus ont été surpris, pour ainsi dire, la main dans le sac.
Le 10 décembre dans l'après-midi, M. Courtel, lieutenant des douanes à Pont-L'Abbé et le brigadier Perros, du Guilvinec, aperçurent trois individus qui qui débarquaient d'un canot. Ils allèrent à eux et les trouvèrent porteurs de deux touques d'absinthe, contenant huit litres chacune et d'une bouteille de trois-six. Ces individus, qui étaient ivres, sont les nommés Quintin (Thomas), patron, Stéphan (Michel) et Le Tanter (Jean), Marins-pêcheurs. Procès-verbal a été dressé contre eux.
Plus tard, les agents Fichoux, Gallou et Triballier, embusqués derrière une vieille chaloupe de pêche, sur la côte, arrêtaient au moment où ils débarquaient, à la lumière d'une lanterne, des sacs chargés, le nommé Alain Loussouarn et sa mère, qui habitent Kérity, et Pierre Rioual, du village de Lézarneau. Les sacs, immédiatement saisis par les douaniers, renfermaient 17 autres sacs, une vingtaine de boites de conserve d'ananas, environ 40 kg de cuir de veau, deux manomètres, de la toile à voile, une ceraine quantité de sucre, des tubes en verre pour machines, etc, etc.
Les préposés Gallou et Le Roux ont surpris, le 12 courant, vers 10 heures, du soir, les femmes Le Garrec et Le Dréau, et une jeune fille du nom de Perrine Cloarec, qui transportaient, sans doute à leur domicile, deux paniers et une longue touque contenant 16 litre d'essence de térébenthine.
On a point tardé à connaître également les auteurs du vol comis dans la chambre du capitaine ; ce sont les plus proches riverains du lieu du naufrage, les nommés Canévet et Baptiste Talbot.
Enfin, pour terminer la série, citons l'arrestation opérée par le gendarme maritime Le Cléac'h, de Quimper, et le syndic des gens de mer de Pont-L'Abbé. Ils regagnaient, tous deux, vers 10 heures du soir, dans le canot du pilote Le Gall, la Louise-Jenny dont ils avaient la surveillance.
En exécutant ce trajet, ils aperçurent un bateau d'allure suspecte et purent revenir à terre juste au moment où le nommé Gourlaouen, patron de la chaloupe Volonté-de-Dieu, débarquait des objets provenant du vapeur naufragé. Ces objets ont été immédiatement saisis. Ils consistent en une soupière, un plat, une cuvette et deux suspensions de lampes.



Journal La Lanterne du 25 décembre 1890

PILLAGE D'UN NAVIRE ÉCHOUÉ
Arrestation de naufrageurs

Quimper, 23 décembre. — La cargaison du vapeur Louise-Jenny, échoué sur les étocs, près de Penmarc'h, vient d'être mise au pillage par les habitants de ces côtes sauvages, fils des anciens naufrageurs.
La nuit, le jour, des embarcations se sont faufilées à travers les rochers, ont abordé le navire échoué et leurs équipages ont fait mains basse sur tout.
Les préposés des douanes, les gendarmes de marine sont sur les dents. Le révolver, les deux fusils, la montre du capitaine du vapeur, les bonbonnes d'absinthe, d'essence de térébenthine, des boîtes de conserve d'ananas, de l'eau de vie, de la toile à voile, ont successivement disparu.
On a dressé porocès-verbal contre le nommé Buhannic, patron du canot de n°968 de Quimper. Deux autres marins, le patron Loussouarn, de la Volonté -de-Dieu, le marin-pêcheur Rioual; les femmes Garrec et Le Dréau de Penmarch ont été arrêtés, mais tous les pillards n'ont pas été pris.
Il faut espérer que de sévères condamnations mettront un terme à de pareils faits.


Journal Le Finistère Du 31 Décembre 1890

Guilvinec. - Les procès-verbaux dressés contre les pillards surpris en flagrant délit et les poursuites correctionnelles qui en résultent n'ont pas empêché de nouveaux vols à bord du vapeur naufragé, la Louise-Jenny. Nous avons déjà donné dans nos précédents numéros une assez longue liste d'individus qui auront à rendre compte à la justice du peu de respect qu'ils professent pour la propriété du prochain. A cette liste, il faut ajouter de nouveaux noms.
Le 21 courant, vers 7 heures du soir, M. Querré, garde-maritime, montait à bord du navire pour en faire une tournée de surveillance. Il y trouva quatre individus en train de faire mains basse sur la cargaison. C'étaient les nommés Guichaoua (Joseph), Guichaoua (Jean-louis), Durand (Pierre-Jean), Gloaguen (Yves-René), tous du Guilvinec

Ils venaient de descendre dans leur canot trois boîtes de conserves d'ananas et une trentaine de kilogrammes de margarine.
Trois autres pillards avaient sauté dans leur canot à la vue du garde-maritime et s'enfuyaient au plus vite. Il leur intima l'ordre de s'arrêter. Comme ils n'en continuaient pas moins leur route, M. Querré leur fit la chasse avec son embarcalion. Ils jetèrent alors par-dessus bord ce qu'ils avaient enlevé du navire.
Le garde-maritime les avait reconnus pour fitm les nommés Goudedranche (Benjamin), Le Pors (Paul-Bernard) et Dessoudres (Benjamin) tous marins-pêcheurs du Guilvinec ou de Penmarch.
Procés-verbal a été dressé contre eux.

Journal le finistère du 29 Janvier 1891

Penmarch. — Notre correspondant nous écrit :

« Toute une bande de voleurs dépaves provenant du vapeur naufragé Louise-Jenny va être déférée à la police correctionnelle, à la suite des faits suivants * :
« Le 12 janvier, vers dix heures du soir, le nommé Kerloch (Alexis) s'apercevait qu'on avait pris son canot pour se rendre à bord de la Louise-Jenny.
« ll avertit le garde-maritime Le Quéré, qui monta avec lui et deux autres marins dans une embarcation pour aller faire une ronde sur le batiment.
« Vers onze heures du soir ils accostaient le navire et constataient qu'il y avait six embarcations le long du vapeur.
« Kerloch, en cherchant son canot, passa devant celui de Gouletquer (Vincent) et reconnut le nommé Louis Riou, qui gardait deux caisses au fond de ce canot. En même temps, Riou reconnaissait le garde-maritime, dans l'embarcatíon sur laquelle était monté Kerloch. ll se mit aussitot à crier en breton :
« Mousse bihan, vient vite, le garde est le long du bord. Le mousse auquel Riou s'adresse se nomme Garrec (Guillaume). C'est le neveu de Gouletquer. Il est agé de 18 ans et fait partie de son équipage.
« Aussitôt que les hommes qui se trouvaient à bord de la Louise-Jenny furent prévenus de la presence du garde, ce fut un sauve-qui-peut général. On ne regardait plus où on s'embarquait : le premier canot venu était le
bon. Un homme est tombé a la mer, au milieu de cette panique ; un autre est resté pendant quelque temps suspendu au navire par un
bout de filin, sans que son patron s'occupat le moins du monde de lui.
« Dans le canot de Kerloch s'étaicnt précipités les nommés Seven (Jean) et Le Berre (René).
« On a vu et reconnu Gouletquer hissant de la cale sur le pont, à l'aide d'un palan, une demi-barrique de vin. Le mousse Garrec lui prêtait la main. Un nommé Louis Buhannic tirait des caisses de la cale du navire, au moyen d'une gaffe, en compagnie de Jacques Lazard, Alain Le Gall, Pierre-Jean Jégou et Louis Goudédranche.
« Le patron Kerloch, dont on avait pris le bateau sans autorisation, a reconnu Thomas Quintin, qui était monté dans ce bateau, et s'enfuyait, abandonnant une partie de son équipage.
« Toutes ces embarcations une fois parties, le garde-maritime monta à bord de la Louise-Jenny avec les hommes qui l'accompagnaíent. Il trouva sur le pont la demi-barrique dont nous avons parlé et une caisse de cognac, qui
n'avait pu être enlevée. Il descendit ensuite avec ses compagnons pour visiter le faux-pont ; mais quand il remonta, il s'aperçut que la caisse d'eau-de-vie avait disparu. Un canot avait encore accosté le navire, et l'équipage
avait emporté cette caisse. Le canot était monté par Nonna Le Floch, Bernard Le Floch, Jean L'Helgoualc'h, Stéphan Guillaume et un mousse, Auguste Gallo.
« L'un des pillards, Le Floch, etait armé d'une gaffe. Il dit en s'embarquant : « Depêchons-nous, il n'y a plus de place. » Puis il se mit à parler au garde-maritime, qu'il ne reconnaissait pas. Celui-ci ouvrit son fanal et projeta la lumière sur la figure du délinquant. Le Golf, reconnaissant la garde-maritime, laissa tomber sa gaffe et s'enfuit en coupant la bosse de son embarcation.
« ll laissait à bord du batiment son neveu Bernard Le Floch qui voulut se jetert à la mer pour rejoindre le canot. Mais il fut retenu par le garde qui lui dit qu'iI se chargeait de le transporter à terre.
« En résumé, trente-quatre individus ont pris part à cette expedition nocturne. Ce sont tous des marins-pêcheurs, des patrons ou des mousses. La plupart sont de Penmarch, quelques-uns de Tréffiagat, un seul est du Guilvinec.


Journal la lanterne du 7 février 1891

Penmarch.— M. le Syndic des gens de mer faisait dernièrement une enquête à l'effet de découvrir les voleurs de marchandises provenant du navire naufragé Louise-Jenny. Il voulut visiter une maison inhabitée appartenant à M. Mauduit, notaire à Pont-L'Abbé, où il pensait trouver des épaves appartenant au vapeur dont nous venons de parler. La clef de cette maison est confiée à la veuve Le G... Elle refusa de la livrer. Le Syndic dût se borner à faire des perquisitions dans la crèche. Elles ne furent pas vaines. Il y découvrit un madrier de 4 mètres de longueur, recueilli après le naufrage d'un navire dont le nom est reté ignoré, mais qui a jonché le littoral de Quimper de débris semblables.
La veuve Le G... a prétendu que ce madrier appartenait à M. Mauduit ; mais elle a été démentie par ce dernier. Ce seraient ses deux fils qui auraient transporté  ce madrier dans la crèche. Des poursuites correctionnelles, pour le vol et recel d'épave, seront dans doute exercées contre eux.

— On a également trouvé chez les trois frères Le Buannic, de Kérity, des bouteilles d'huile, un petit fût de 40 litres, des garants de palans, plusieurs sacs et deux madriers, l''un en bon état, l'autre carbonisé.
On n'a pu saisir tous ces objets, que les frères Buannic ont eu le temps de transporter dans une autre cachette, lorsqu'on a su qu'ils les détenaient, mais le délit, en ce qui les concerne, n'en est pas moins établi et ils auront à en répondre prochainement devant le tribunal correctionnel.


Jugements du tribunal correctionnel de quimper

Palais de Justice de Quimper © Villard


Journal Le Finistère du 17 Janvier 1891

 Police correctionnelle — Tribunal de Quimper
Audience du 15 Janvier 1891

Vol d'épaves provenant du naufrage de la Louise-Jenny : 1° Le Guichaoua (jean-Louis), 41 ans ; 2° Le Guichaoua (Joseph), 44 ans ; 3° Durand (Pierre), 36 ans ; 4° Gloaguen (Yves), 34 ans ; 5° Le Pors (Paul), 29 ans ; 6° Goudédranches (Benjamin), 39 ans ; 7° Dessoudres (Benjamin), 19 ans, tous marins-pêcheurs à Guilvinec, savoir : le 1er et le 5ème à 50 fr. d'amende chacun et les cinq autres, chacun à 25 fr. de la même peine.


Journal le finistère du 28 Février 1891

Police correctionnelle — Tribunal de Quimper
Audience du 26 février 1891

Vol d'épaves, — Pour continuer la série :
1° Loussouarn, Alain, 19 ans, marin-pêcheur ;
2° Le Brun, Marie, femme Loussouarn ;
3° Rioual, Pierre, cultivateur, les deux premiers de Kérity-Penmarch et le troisième du village de Lézaneau, en la même commune, savoir :
Le fils Loussouarn à 15 jours d'emprisonnement, Rioual à un mois et la mère de Loussouarn à 15 jours de la même peine.
Nous avons raconté en so temps les circonstances dans lesquelles se sont accomplis ces vols multiples. Les poursuites sont loin d'être épuisées, car plus de trente individus doivent prochainement être l'objet d'une information.


Journal le Finistère du 21 Novembre 1891

Police correctionnelle — Tribunal de Quimper
Audience du 19 novembre 1891

 Pilleurs de mer. — Nous avons eu l'occasion de signaler à diverses reprises les nombreux vols d'épaves commis au commencement de cette année, sur la cote de Kérity-Penmarch, à bord du vapeur naufragé Louise-Jenny, dont le chargement était un objet de convoitise pour les riverains. Il y avait, en effet, sur ce nuvire des caisses de cognac, de fine-champagne, des barriques de vin, des conserves, etc. Quelques poursuites ont été déjà exercées contre plusieurs groupes de ces pilleurs d'épaves. Voici la derniere et la plus importante.
33 individus sont cités, 31 se présentent :

1° Gouletquer, Vincent-Jean-Marie, 42 ans (celui-ci, malade, ne comparalt pas) ; - 2° Riou, Michel-Louis-Marie, 27 ans ; - 3° Le Garrec, Guillaume, 18 ans ; - 4° Jégou, Jean-Marie, 27 ans; - 5° Goudédranche, Alain-Marie, 26 ans ; - 6° Quintin, Thomas, 37 ans ; - 7° Talbot, Baptiste-Marie, 30ans ; - 8° Le Tanter, Jean-Marie, 36 ans ; - 9° Le Tirilly, Alain-Marie, 35 ans ; - 10° Le Tanîer, Thomas-Marie, 36 ans ; - 11° Jégou, Pierre-Marie, 31 ans ; - 12° Canévet, Alaín-Marie-Corentin, 33 ans ; - 13° Lhazard, Jacques-Marie, 50 ans ; - 14° Le Gall, Nonna-Marie, 26 ans ; - 15° Le Gall, Alain-Marie, 19 ans ; - 16° Le Drézen, Corentin-Maríe-Guillaume, 22 ans ; - 17° Goudédranche, Benjamin-Marie, 36 ans ; - 18° Fontaine, Léopold-Aimé-Marie, 28 ans ; - 19° Séven, Jean, 23 ans ; - 20° Le Berre, Pierre-Marie, 23 ans ; - 21° Goudédranche, Louis, 63 ans ; - 22° Le Floch, Nonna-Corentin, 34 ans ; - 23° Le Floch, Bernard-Marie, 19 ans ; - 24° Le Buanic, Louis, 30 ans ; - 25° L'Helgoualc'h, Pierre-Jean, 39 ans ; - 26° Stéphan, Guillaume, 27 ans ; - 27° Gollo, Joseph, 17 ans (tous marins-pêcheurs à Kéríty-Penmarch) ; - 28° Tanniou, Alain (ne comparaît pas, actuellement marin à bord de la Melpomène, division de Brest) ; - 29° Nédélec, Henri, 31 ans - 30° Nédélec, Pierre, 19 ans ; - 31° Nédélec, Marc, 18 ans ; - 32° Le Corre, Jean-Marie, 20 ans ; - 33° Le Reun, Jacques, 27 ans (les cinq derniers faisant partie du même équipage et domiciliés à Leschiagat, en Treffiagat).

Dans l'instruction, plusieurs de ces individus s'étaient dénoncés les uns les autres. A l'audience, pas un n'avoue.
Le garde-maritime Quéré, le témoin le plus important dépose ainsi que le syndic des gens de mer de Pont-l'Abbè et quelques marins de la côte.
M. le substitut Labordette estime que la culpabilité de tous est nettement établie et qu'il n'y a lieu de faire aucune exception.
M' Le Bail présente la défense de plusieurs prévenus.
Le tribunal les condamne tous à un mois d'emprisonnement chacun.
M. le président félicite le garde-maritime Quéré, pour le sang froid qu'il a montré dans cette affaire et pour l'habileté avec laquelle il a édifié son enquête.
L'audience est terminée à 11 heures du soir.


Journal le Finistère du 26 Décembre 1891

Police correctionnelle — Tribunal de Quimper
Audience du 24 décembre 1891

Vol d'épaves, — Tallot (Baptiste), 29 ans, et Canévet (Alain), 33 ans, marins-pêcheurs à Kéríty, en Penmarch, à 6 semaines d'emprisonnement chacun.

Complicité de vol, - Le Palud (Urbain), 30 ans ; Le Buanic ; (Jean-Joseph), 33 ans ; Le Buanic (Louis), 30 ans; Le Garrec (Guillaume), 27 ans, et Le Goff (Pierre), 45 ans, tous marins-pêcheurs à Penmarc'h, le 1er à 8 jours   d'emprisonnement et tous les autres chacun à un mois de la même peine.

Les nommés Durand (Jean), Cloarec (Alain), marins-pêcheurs et Le Pape (Marie), veuve Talbot, ménagère, demeurant à Penmarch, poursuivis pour le même fait, ont été acquittés.