Poème de Max Jacob

Le phare d'Eckmühl 

Le phare d'Eckmûhl est une grosse lanterne.

Si tu as perdu ta route sur la lande tu regardes à droite ou à gauche
et tu vois où est Saint-Guénolé.

Depuis que je vous connais,
Marie Guiziou,
j'ai cherché vos yeux sur toutes les mers de cette terre-ci
Mais vos yeux tournent de côté et d'autre partout où il y a des amoureux.

Marie Guiziou,
Marie Guiziou !
La vie est comme la lande pour moi et vous êtes pour moi comme le phare d'Eckmûhl.

Marie Guiziou !
Ma vie est comme l'océan autour de Penmarch !
et si je ne vois vos yeux je suis un naufragé sur les rochers.


© Gallimard


Max Jacob en 1922 par © Man Ray