Aspect et éthymologie du Pays selon le Recteur Le Coz


Note importante :
 Les Chroniques du Recteur François-Marie Le Coz ont été écrites pendant la période de son sacerdoce en la paroisse de Penmarc'h, soit entre 1887 et 1911. Ces chroniques ont été réalisées à la plume sergent major sur cahier d'écolier ; les textes suivants sont donc une retranscription des écrits du Recteur, sa mise en page ayant été respectée au plus près.




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Penmarc'h
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Étymologie — Aspect du pays
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A certains endroits de la route, quand on vient de Plomeur, de Plobannalec ou du Guilvinec à Penmarc'h, on croirait se trouver en présence d'une grande ville riche en monuments et surtout en monuments religieux. Les bourgs de Tréoultré, de Kérity, de Saint Pierre et de Saint Guénolé semblent se toucher et ne former qu'une seule ville. Sur trois points différents, le voyageur distingue les mats de navires ou de bateaux et il est porté à croire que que la ville a trois ports différents. Il y a en réalité, à Penmarc'h, trois petits ports : Kérity, St Pierre et St Guénolé, mais Penmarc'h n'est plus ce qu'il était aux 13ème, 14ème, 15ème et 16ème siècle, c'est à dire une riche et grande ville rivalisant avec Nantes. Les quartiers ou bourgs de Tréoultré, de St Guénolé, de St Pierre et Kérity sont aujourd'hui séparés les uns des autres. Néanmoins, un touriste attentif et instruit acquiert vite la conviction qu'ils ont fait autrefois partie d'un seule et

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même ville. L'immense quantité de ruines amoncelées sur un espace de près d'une lieue carrée, lui démontre à chaque pas, qu'il foule l'emplacement d'une antique et florissante cité.
Les deux tours de l'église paroissiale, celle de Kérity, celle de St Guénolé, celle de N.-D. de la Joie, celle de Saint Pierre, les constructions du phare et du sémaphore, les beffrois des anciennes maisons fortifiées, les mâts des bateaux qui se balancent dans les ports, tout cet ensemble constitue un beau panorama et présente un aspect imposant. Aux mois de Juin et de Juillet particulièrement, quand de riches moissons couvrent cette campagne fertile, une excursion à Penmarc'h est très intéressante.

Penmarc'h signifie "tête de cheval", Penn tête et Marc'h, cheval.

Ce nom a été donné à la presqu'île où se trouvent Tréoultré, Kérity, St Pierre et Saint Guénolé, soit parce-que l'extrémité de cette pointe de terre figurant autrefois une tête de cheval alors que les Etocs faisaient corps avec la terre ferme aux marées basses, soit plutôt parce qu'il y a près de l'entrée du port de St Pierre au sud sud-ouest du sémaphore, un rocher qui représente assez bien une tête de cheval.
 

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Les marins désignent aussi sous le nom de Penmarc'h Koz un rocher de la chaîne des Étocs. Le nom de l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval n'a pas d'autre étymologie, Caput Caballi, tête de cheval. L'église de Beuzec-Cap-Caval, actuellement chapelle de la Dévotion en Plomeur, renferme des tombes curieuses et était autrefois desservie par six ou sept prêtres.

On voit aux angles de la grosse tour de l'église paroissiale de Penmarc'h deux cariatides représentant une belle tête de cheval, avec bride, etc... A côté se trouvent d'autres cariatides, chimères ou sujets dont plusieurs dans des postures impossibles. Il paraîtrait que les sculpteurs et les ciseleurs du 15ème et du 16ème siècles étaient pas trop amis du réalisme.

La paroisse de Penmarc'h est l'une des plus anciennes de la Cornouaille. Primitivement, on lui donnait le nom de "Tréouétrez", puis "Tréoultré. Au 17ème siècle, elle se nommait tantôt "Tréoultré" tout court, tantôt "Tréoultré-Penmarc'h" ; au commencement du 18ème siècle : "Tréoultré-Penmarc'h" ou simplement "Penmarc'h". Depuis 1740, la paroisse a toujours porté le nom de "Penmarc'h". Le chef lieu de la paroisse qui s'appelait autrefois "Tréoultré bourg de Tréoultré", s'appelle aujourd'hui, "bourg de Penmarc'h".


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La petite élévation qui se trouve au sud-est du bourg se nomme encore Menez-Tréoultré : on y remarque un moulin à vent et deux maisonnettes.

Limites & étendue de Penmarc'h


Avant le concordat de 1801, la paroisse de Penmarc'h avait pour limites, au sud et à l'ouest, l'océan ; au nord, le marais ou loc'h de Lescors et de St Guénolé ; à l'est, le petit vallon qui va du marais de Lescors à la mer, en laissant en Penmarc'h Prat Gouzien et Keriaouën. Depuis le concordat, St Guénolé et les villages adjacents Kervilon, Kervédal, Kérouill, Tal Ifern, Kerloc'h ont été attachés à Penmarc'h. Ils appartenaient auparavant à la paroisse de Beuzec-Cap-Caval. A l'est, Lescors, la chapelle et le village de la Magdeleine, Feunteunigou, Leur-vean, Gouesnac'h, Kerscaven, Perrina-Guen, Squividan, St Marc, Kerradenec, Poulguen-vihan, Poulguen-Kervarngan, Kersinal, Manoir Rouelin, la Palue...ont été distraits de Plomeur pour faire partie de Penmarc'h.

Comme on le voit, Kérity et St Pierre n'ont jamais été paroisse ou même des trêves de Tréoultré. De tout temps, ces bourgs ont fait partie de Tréoultré-Penmarc'h.

Notes en marge :
Baronie du Pont 1732. Aveu :
Tréoultré n'Abad ou Penmarc'h, Bourg paroissial de Tréoultré ou Killis. Autrefois possédé par Geffroy de Trégannez, Thépaut du Fou, Henry du Craffond , Pierre de Lézougar puis par la Fabrique de Tréoultré, le sieur de Lesmallec, la dame de Kernaffen de Pratglas, la dame Drouallen de Kerézan


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Étymologie de Penmarc'h

Tréouetrez, tréou (pluriel de tré) trévez ou passages, gués dans les sables ; e , dans ; trêz ou treaz, sables.
En réalité, primitivement Tréouetrez ou Tréoultré éatit plus encore qu'aujourd'hui, un passage ou un gué pour gagner Kérity, à travers les dunes et les marais de la presqu'île de Penmarc'h. Au nord, les dunes marécageuses de Lescors et de Kerloc'h touchaient presque le bourg actuel et il y a quelques années que fut construite la digue de l'Aod Werm qui a fait gagner du terrain, au midi, mais qui, à certaines marées, est encore impuissante à arrêter la mer et à l'empêcher de pénétrer jusqu'au bourg. En 1864, 1876, la mer a couvert la route de Kérity et celle de Penity à l'est du bourg ; en 1888, elle est venue à 200 m à peine du bourg. Le nom primitif est Tréouétrez suivant un document qui m'a été communiqué par un Parisien dont les ancêtres avaient du bien en Penmarc'h. C'est par corruption que l'on a écrit Tréffuortré, Tréouléré (1516) et plus tard Tréoultré.
Tréouetrez ou Tréoultré - Cure - présentateur, le grand archidiacre de Cornouaille. Au moyen-âge, cette paroisse se désintéressait des paroisses voisines moins riches et moins populeuses.

Notes en marge :
Tréoultré : Les anciens prononçaient Tréoltré et Trévortré. Il est probable que c'est trève de St Trével (St Trémeur) de Plomeur aujourd'hui dans Guilvinec.

Tréveltré, ou Trémortré. Le mot tré (trève), se trouve à la fin, par la raison qu'il est difficile de dire Tré-Trével. Il y a eu transposition et l'on a dit : Tréveltré, Tréweltré, Tréoltré, Tréoultré (Mr Guillou, Recteur de Penmarc'h - (1886)


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Population

Au 14éme, 15ème et 16ème siècles, Tréoultré-Penmarc'h a une population qui a pu monter jusqu'à 12 ou 13 mille habitants, puisque Kérity pouvait armer de 2500 à 3000 arquebusiers. A cette époque, la paroisse devait compter plusieurs prêtres et des prêtres auxiliaires pour dire les messes basses à Kérity et à St Pierre et )à N.-D. de la Joie. En 1571 Penmarc'h députe aux Etats un membre du Tiers ; il perdit ce droit vers 1660.
En 1640, il y avait à Tréoultré-Penmarc'h, un recteur et 3 ou 4 vicaires. Dans la 2ème moitié du 17ème siècle, il y eut toujours au moins deux vicaires ou curés. Au 18ème siècle, il y eut tantôt un, tantôt deux vicaires. Depuis 1800 jusqu'en 1830, la paroisse n'eut pas de vicaire vu le chiffre réduit de la population. Depuis 1830, il y a un vicaire à Penmarc'h et bientôt il en faudra deux si les ports de Kérity et de St Guénolé comme ces dix dernières années (1878-1887) à prendre de l'importance.
Après les guerres de la ligue et les ravages de La Fontenelle, Penmarc'h perdit peu à peu de son importance et de sa population. Pendant la révolution, on comptait à peine un millier d'habitants à Penmarc'h.


Notes en marge :
Il y a eu en St Jean-Tro-Rumon ou Tro Rimon, un village du nom de Kerviltré ou Kerveltré où il y a un grand nombre de tombeaux et de tumulus antérieurs à l'aire chrétienne. Comme le Kerviltré se rapproche de Tréoultré, n'y aurait-il point eu un St Oeltré, Weltré. Tréoltré, trève de St Weltré, Oeltré ?

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En 1808, Mr Le Gall en compte 1100. A partir de cette époque, la population augmente progressivement, chaque année. En 1840, il y a environ 1700. En 1848, il y a 1800.


En 1860, il y a plus de 2000 ; en 1879, on compte 2800. Enfin, la population s'est accrue depuis 5 ou 6 ans. En Octobre 1887, Mr le Recteur fit un recensement exact et trouva qu'il y avait à Penmarc'h 3333 âmes. En Août 1888, 3350. Recensement du 12 Avril 1891 : Penmarc'h 3572 habitants. A la fin de 1892, 3700 habitants. 1894, environ 4100 habitants. En 1895, 4300. En 1896, recensement officiel : 4400. En 1898, 4750. Maisons = 802 + Ménages = 904. En 1909 = 6800 habitants. Environ 1150 maisons et plus de mille ménages.