TROISIEME FÊTE DES CORMORANS : 6 et 7 AOUT 1922

NB : Certaines des images ci-après sont tirées de journaux ou de revues imprimées par procédé offset, ce qui explique leur qualité passable.

Et enfin arrive le grand jour de la Fête que JJ Lemordant a baptisé "ma Grande Fête Bretonne de Penmarc'h".

La foule, composée des gens de la côte et de très nombreux touristes fut importante : Des trains supplémentaires furent affrétés sur la ligne du "Tren Birinik" par la Compagnie des Chemins de Fer Départementaux du Finistère (CFDF). La vedette Amiral Ronac'h aussi est de la Fête et transporte les touristes de Quimper à St Guénolé via Bénodet et Loctudy. Même son ami Théodore Botrel semble être de la fête sur son cheval blanc.

Le rassemblement haut en couleurs eut lieu au Penity, ancien manoir fortifié transformé en école et à Pors Lambert. Les costumes étaient pour la plupart de couleurs chatoyantes. Le rouge écarlate des jupes aux riches galons pailletés, se mêlaient aux bleus de Prusse, aux bleus glas (bleu-vert), au noir des giletennou brodés de rouge, d'orange et d'or, aux rubans ajourés des coiffes aux dentelles diaphanes et ouvragées, aux rubans moirés des cocardes multicolores, aux rubans noirs des chapeaux virevoltant dans le vent...


Préparatifs pour le cortège (T. Botrel sur son cheval) © Villard

Préparatifs à Pors Lambert © Villard


La Noce Bretonne au Penity © Villard


Puis ce fut le départ du cortège vers le Bourg puis Kérity, Saint Pierre, la Joie et enfin Saint Guénolé. Les sonneurs ouvraient la marche, coiffés d'un chapeau champignon ou d'un tok teier voulouzenn (chapeau a trois rubans). Soufflant dans leurs bombardes et leurs binious koz ils jouaient une mélodie perçante et lancinante .

Ils étaient suivis par les noces anciennes de Penmarc'h, les mariés montés sur des chevaux de labour blancs, la mariée en croupe. Venaient ensuite les charrettes transportant les invité(e)s. La seconde partie du groupe, cheminant à pied, était consacrée aux noces modernes. Tout le long du parcours, le long cortège était applaudi par une foule de spectateurs enthousiastes.

On pouvait y admirer les costumes du groupe de Ploaré, suivi des Bigoudens, des Kéritiens, des Capistes et des Senans. Les spectateurs ont pu alors remarquer le contraste saisissant entre les costumes colorés des mariés Bigoudens, le blanc immaculé de la mariée Kéritienne et le noir uniforme des mariés de l'Ile de Sein.


Le défilé du cortège © Villard

Le défilé du cortège © Villard


Arrivés à la Joie après une longue marche pour certains, le cortège est rejoint par Lemordant, le crâne ceint d'un large turban le gaze blanche. Tel un général aveugle venu passer en revue ses troupes, il est juché sur une automobile qui ouvre la route au cortège en direction de Saint Guénolé.


Le peintre "aveugle" Julien Lemordant © Villard pour L'Illustration

Arrivée à la Joie © Villard


La Joie-Départ pour St Guénolé © Villard


A 13h30, le cortège arrive enfin, skuizh dall (fatigués), sur le Menez de Saint Guénolé, face au Trou de l'Enfer. On y a dressé trois tentes rustiques : Une pour la noce, l'autre pour les invités et la dernière pour les anonymes. Bien que kreg a naon (affamés), la noce se lance pourtant dans une gavotte d'honneur sur la vaste esplanade du Menez transformée en piste de danse.

Celle-ci terminée, les danseurs se précipitent sous les tentes. Lemordant préside une des tables et lance le signal d'un repas rustique, simple et vrai : Viande et légumes arrosés d'un bon cidre.


Le cortège, Ton' Lan et les sonneurs © Villard

Concours de costumes © Villard


La Fête sur le Menez, devant le Maner ar Parizian © Villard


Le repas terminé, les convives s'en retournèrent sur la "piste" de danse et menèrent gavottes et jabadaos multicolores toute l'après-midi au son des bombardes et des binious, pendant que les enfants tournent sur un manège. Une danse parfois interrompue pour se rafraîchir et se promener le long des boutiques des camelots, d'un marché de dentelles et de produits Bretons, assister aux concours de costumes, de musique ou de natation et aux régates de sardiniers s'affrontant dans la baie.

Le crépuscule s'annonçant, les touristes quittèrent la fête dans leurs automobiles de luxe, leurs camions lourds ou s'en retournèrent vers la gare, laissant la place aux gens de la côte. La fête se prolongea tard dans la nuit.


Les articles ci-après reprenant souvent les mêmes informations, y ajoutent aussi des
précisions nouvelles...


(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 6 juillet 1922)

FÊTE BRETONNE DES CORMORANS. — Les samedis 17 et 24 juin, des réunions publiques ont eu lieu à Saint-Guénolé-Penmarch, en vue de l'organisation, pour 1922, de la fête des Cormorans.

Il a été décidé de placer la fête du 6 août sous la présidence d'honneur de M. le préfet du Finistère, de tous les élus du département, des maires et adjoints du canton et de la municipalité de Penmarch.

Le comité, actif est ainsi composé : président M. Jean-Julien Lemordant ; vice-présidents M. Auguste Dupouy, professeur; Mlle Mauro, directrice d'école, et M. Isidore Jégou, président du syndicat des marins pêcheurs ; secrétaires, MM. Duigou, secrétaire de mairie ; Coquelin, directeur d'école ; Paul, instituteur ; Le Pemp, guetteur sémaphorique ; trésoriers. MM. Eugène Auffret, commerçant, et Pierre Volant, hôtelier.

Un certain nombre de membres délégués des diverses agglomérations de la commune, et même hors de la commune, prêteront en outre leur concours au comité.

Le comité s'efforcera, de donner le plus possible à la fête un caractère et un cachet de fête bretonne régionale du pays bigouden et maritime.

Voici, dans ses grandes lignes, le programme proposé et accepté, et dont le comité poursuit actuellement l'organisation :

Reconstitution de noces bretonnes : noce d'or, noce d'argent, noce moderne.

Le cortège des mariés partira de Pors-Lambert, vieille ferme historique près du bourg, pour aller chercher le cortège des mariés à Pénlty, vieille construction à côté de la première, et tout aussi intéressante, toutes deux témoins du vieux passé de Penmarch.


Le cortège, précédé de binious et du traditionnel « baz-vanel »1, se composera de :

Une noce d'or à cheval, costumes des plus anciens, escortés de cavaliers avec costumes également des plus anciens.
D'une noce d'argent, en chars à bancs de l'époque, costumes moins anciens, et escortée de cavaliers avec costumes correspondants.
D'une noce moderne, jeunesse à pied, costumes modernes.
Trajet : passage au bourg de Penmarch, à l'arrivée du train de Pont-l'Abbé, à 10 h. 20.
Le cortège fera le tour de l'église Saint-Nonna, se dirigera sur Kérity, Saint-Pierre, La Joie, et Saint-Guénolé.
Repos des noces bretonnes sur le Ménez-Kérouil, à Saint-Guénolé.
Concours de chants en breton, chanteurs individuels et par groupes.
Après le repas, concours de costumes, de darses bretonnes, luttes bretonnes, régates et natation.
Petit marché de produits bretons : reconstitution d'une salle de ferme bretonne; vente de lait et de crêpes.
Le soir, feu de joie sur le Ménez, et danses aux binious.
Au couvre-feu, tout le cortège accompagnera les nouveaux mariés pour la traditionnelle « soupe au lait », avec le concours de groupes de chanteurs et chanteuses de vieilles chansons bretonnes de circonstance.
Interdiction absolue aux manèges baraques, marchands forains, etc., de s'établir a Saint-Guénolé à l'occasion de la fête.

Le reliquat de la fête sera versé aux œuvres de bienfaisance et d'assistance de la commune.

LE COMITÉ

Note KBCP :
(1) Baz Vanel : bazh banel ; de bazh (bâton ou gourdin) et banel (genêt) soit bâton de genêt. Bâton sur lequel s'appuyait le marieur. Devenu par extension le nom des marieurs.

(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 31 juillet 1922)

Saint-Guénolé-Penmarch


FETES DES CORMORANS. — Nous apprenons qu'un comité vient de se former, sous la présidence effective de M. Larnicol, maire de Penmarch, pour organiser un programme de réjouissances populaires, le lundi 7 août 1022, lendemain de la grande fête bretonne de Saint-Guénolé-Penmarch. D'ores et déjà, nous pouvons annoncer comme figurant au programme : des courses à pied et à la valise, pour jeunes gens ; un concours de natation et une course aux canards, ainsi que plusieurs courses de bicyclettes, dont 

une régionale, dotée des prix suivants et de nombreuses primes : 1er. 150 fr. ; 2e. 100 fr. ; 3e, 50 fr.

Dans quelques jours, nous serons en mesure d'annoncer le programme définitif.

Les forains sont autorisés à venir s'installer sur les places de Saint-Guénolé, à l'occasion de la fête. 
  

(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 3 aout 1922)

Saint-GuénoIé-Penmarch


FETE DES CORMORANS. — Programme du lundi 7 août, avec le concours de la Lyre Penmarc'haise :

A 9 h. 30, course à pied pour jeunes gens, prix : 10, 7, 5 et 3 francs ; à 10 heures, courses à pied pour femmes, prix : 10, 7. 5 et 3 francs ; à 10 h. 30, course à l'aviron pour annexes, prix : 50, 30 et 20 francs ; à 11 heures, concours de natation prix : 15, 10 et 5 francs.

Courses de bicyclettes : à 14 heures, communale, prix : 50, 30 et 15 francs ; entrée : 1 franc ; (2 tours de circuit avec prime) ; à 14 h. 45, vétérans, 35 ans et au-dessus, prix : 50, 20, 10 et 5 francs ; (2 tours de circuit avec primes en nature) ; à 15 h. 30, régionale, prix : 200, 120 et 60 francs ; entrée : 3 francs ; 6 tours de circuit (50 kilomètres), nombreuses primes ; à 17 h. 30, consolation, prix : 50 et 25 francs (1 tour de circuit).

A 18 heures, course aux canards; à 18 h. 30, course à la valise, prix : 12, 8. 5 et 2 francs ; à 19 heures, distribution des prix chez le trésorier, M. Auffret ; à 20 h. 30, bal à grand orchestre salles Volant et Kerfriden, entrée du bal, 1 franc. Le comité de répond pas des accidents. Pour tous renseignements et pour les engagements, s'adresser au trésorier, M. Auffret, commerçant à Saint-Guénolé.

Primes offertes par M. Priole, mécanicien à St-Guénolé : 1° une chambre à air vélo, destinée au 1er coureur qui passera le contrôle au 5e tour dans la régionales 2° une chambre à air, destinée au premier du 1er tour à la commune ; 3° une pompe à vélo, destinée au plus vieux vétéran ayant effectué le parcours réglementaire.

Par M. Le Khern. de Penmarch, une enveloppe pour vélo.

Préambule :

Le 26ème congrès des médecins aliénistes et neurologistes a eu lieu à Quimper, du 31 juillet ai 6 août 1922. Pour la dernière journée de leur congrès, Jean-Julien Lemordant a eu l'amitié d'inviter les congressistes à la Fête des Cormorans 1922. C'est à bord du «Roi Gradlon» que les invités ont descendu l'Odet au départ de Quimper pour rejoindre Penmarch par la mer. Tout naturellement, le journaliste qui suivait les congressistes, a rapporté les événements de la fête des Cormorans...

(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 8 août 1922)


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Le « Roi Gradlon » a stoppé ; à l'appel de la sirène, des barques accourent, bordent ses flancs. On s'y entasse au petit bonheur pour rallier la terre, non sans quelques difficultés, en raison de la basse mer. Les notes aigrelettes du biniou parviennent à nos oreilles ; on aperçoit, à Kerity, le cortège des noces bretonnes venant de Penmarch, et une foule innombrable...

Mais à l'accostage, tout a disparu et ce n'est qu'à Saint-Guénolé, rejoint par autobus, qu'il nous sera permis de contempler un spectacle merveilleux.

A SAINT-GUÉNOLÉ

La fête des Cormorans. — Le triomphe de Lemordant.

Nous voilà donc dans ce pays désolé de Penmarch — désolation d'une austérité grandiose — battu par tous les vents et tous les embruns où suivant l'expression de Michelet, « l'écume vole jusqu'à l'église, où les mères et les sœurs sont en prières ». Ici, pas d'arbres, sinon des troncs rabougris ; des muretins en pierres qui séparent les champs, où pousse une maigre végétation. L'homme pourtant, attiré par la mer nourricière — mais dangereuse — y a établi sa demeure, basse, ramassée sur elle-même, fermée à l'ouest et ne s'ouvrant qu'aux rayons du soleil levant ; il y travaille durement, aidé dans sa tâche quotidienne par ce bon géant à l'œil éblouissant et à la voix puissante — véritable providence — qu'est le phare d'Eckmühl.

Tout le pays de Penmarch et de Pont-l'Abbé, s'est donné rendez-vous à Saint-Guénolé. C'est là que se déroulera, dans un cadre unique au monde cette belle fête des Cormorans, œuvre de Lemordant et pour laquelle on sent bien, à première vue, que tous- les concours lui ont été apportés.

Le peintre héros n'est approché qu'avec déférence et respect par cette population « Bigouden » qu'il aime profondément et qui l'adore ; elle le lui a bien prouvé aujourd'hui ; il est l'âme de ce pays dont il a révélé, par le pinceau et — et maintenant par la parole — toute la grandeur et la beauté tragique.

Tout à coup, un brouhaha indescriptible ; la foule s'écarte docilement sur la simple invitation de nos braves gendarmes, toujours de service, secondés par de paisibles gardes champêtres. C'est le cortège des noces bretonnes, vision féérique, reconstitution de ce que fut notre Bretagne, dont Lemordant a dit devant nous qu'il voulait « sauver le peu de beauté qui lui reste », en accomplissant ici une oeuvre identique à celle de Mistral en Provence.

Encore de joyeuses bombardes conduisent la noce en char à banc, ce vieux véhicule qui disparait peu à peu peu à peu devant la charrette anglaise plus confortable. De hardis cavaliers « Bigoudens » chevauchent le long du cortège ; puis c'est un groupe compact de paysans et paysannes aux costumes anciens et authentiques de la Cornouaille.

Et voici venir la noce moderne, à pied ; c'est un bouquet ravissant de jolies filles, accompagnées de beaux gars bretons. Douarnenez, Ploaré, Quimper, Concarneau, Pont l'Abbé, etc., sont représentés.

Ce long et brillant cortège s'arrête sur le Ménez.

Lemordant arrive en automobile, gai, heureux, bien que parfois son noble visage trahisse une souffrance indicible. Avec quelques amis, il s'entretient de ces fêtes, qu'il veut perpétuer, car elles sont l'expression fidèle de la joie populaire- « Vive Lemordant ! », retentit de tous côtés, cri d'allégresse, de reconnaissance et d'affection de tout un peuple qui le vénère à l'égal d'un dieu.

Les danses commencent; vieux et vieilles du cortège des noces d'or se révèlent danseurs infatigables. Les rudes robes de bure, tissées dans la région voltigent au gré des gavottes et jabadaos, conduits par des bragou-braz aux sabots artistement sculptés. Les jeunes aussi prennent part à la fête , et on n'est pas sans admirer toute la grâce déployée en ces danses, que les fins connaisseurs on justement appréciées.

C'est l'heure du « repas Breton ». Trois tentes, jetées sur des avirons entrecroisés, abritent plus de deux cent cinquante couverts. Lemordant préside à la tente d'honneur, où ont pris place de nombreux touristes, attirés par ce spectacle unique au monde. Près de lui s'assoient les bardes Francis Gourvil et Rolland de Guerlesquln. Au café, celui-ci récite, en breton, une ode enflammée à l'adresse de Lemordant :

Monsieur Lemordant, chers amis

A hélas ! perdu la vue
Au milieu de la grande guerre
Et porte sa croix avec fierté.

Il a choisi ce peuple-ci
Parce-que la grande mer l'étreint
Il ne peut plus la voir quand elle gronde,
Du moins, l'entend-il jour et nuit.

Et bercé par le bruit des vagues
Il honore encore l'Armor
En mettant sur pied des pardons
Qui réchauffent tant nos cœurs.

Barde Charlez Rolland

S'il ne peut plus tenir le pinceau
Voyez aujourd'hui le beau tableau
Qu'il a peint, malgré tout, à Saint-Guénolé !

Il nous clame à haute voix
D'aimer, comme lui, la Bretagne
En conservant notre langue et nos costumes
Pour l'honneur de nos enfants.

Celui qui tant aime son pays
Doit être loué partout,
Chantons donc à tue-tête :
Honneur à Lemordant, à jamais !

Barde Francis Gourvil

Une tempête d'applaudissements crépite dès la fin de la dernière strophe ; elle se calme pour entendre Bacon de Concarneau, monté sur une table, chantant en breton: « Dors, dors ô ma belle Bretagne », dont le refrain — presque un délicieux et harmonieux cantique — est repris par la foule délirante. Lemordant lui-même, charmé par la voix expressive du chanteur, ne peut résister au désir de le féliciter ; appuyé sur les épaules de fidèles amis, il se rend près de lui, malgré la souffrance, lui donne l'accolade fraternelle et lui remet un modeste bouquet de bruyère. Ce beau geste produit une profonde impression.

Puis le jeune et distingué doyen de la faculté de médecine de Lyon, le professeur Lépine, se plaçant face à Lemordant, vient le remercier au nom des membres du congrès, de l'aimable invitation qu'il leur a adressée et à laquelle il se sont fait un devoir de répondre par leur présence à la fête des « Cormorans ».

Jean Camille Raphaël Lépine

« Notre visite en ce site merveilleux, dit-il en substance, n'est pas celle de la banale caravane de touristes auxquels échappe le sens profond des choses. En dehors des travaux du congrès, le sol breton qui porte tant d'empreintes d'un passé glorieux nous a vivement intéressés. Plus qu'en toute autre région de France survit ici le culte du passé, la volonté et la patience, plus fortes que les événements. »

Et le professeur Lépine apporte à Lemordant « dont la nuit est une lumière » l'hommage profond des savants français et des pays de langue française. Successivement, les représentants de la Belgique, de la Suisse, de la Norvège, du Luxembourg remercient le héros de la fête, qui a un mot aimable pour chacun d'eux.

Les congressistes, émerveillés, reprennent le chemin du môle de Kérity, auprès duquel se balance doucement le « Roi Gradlon ». Quelques-uns appréhendant un peu la mer, hésitent à s'embarquer et s'en remettent à l'auto et aux chemins de fer départementaux du soin de les ramener à Quimper. Après une heureuse traversée, poussé par la lame, le « Roi Gradlon » atteint Bénodet, et le « Terfel », remontant paisiblement la rivière, prend son poste de mouillage vers 7 h. 30.

Vedette « Terfel » © Neurdin

Note KBCP :
Le « Roi Gradlon » est une vedette comportant restaurant et salon, pouvant transporter 250 passagers.
Le Terfel est une vedette en bois de 19 Tx, construite en 1905, et animée par un moteur à essence de 35 CV. Elle peut transporter une centaine de personnes sur l'Odet tandis qu'elle n'est limitée qu'à une soixantaine de passagers sur mer.

En résumé, très belle journée pour notre région, triomphe pour Lemordant et son comité.

Nous avons remarqué la Présence de M. Soulage, conseiller de préfecture, représentant M. le préfet; de M. Le Hars, sénateur, maire de Quimper, et Mme Le Hars ; M. Bouilloux-Lafont, député ; M. Le Bail, député, et Mme Le Bail ; M. Daniélou, député ; la comtesse de Mortemart, etc.

Nous n'avons pu, à notre grand regret, assister aux danses à la lueur des torches ; mais Francis Gourvil, resté à Saint-Guénolé, ne sera sans doute pas, sans donner une relation de la fête de nuit, et nous savons pouvoir compter sur son obligeance.


"J'ai voulu organiser dans ce cadre exceptionnel la journée d'une noce bretonne en reconstituant, jusque dans ses moindres détails, un défilé vraiment réaliste. Rien de ces mascarades organisées un peu partout dans notre Bretagne; quelque chose de simple, de grand, de vrai, avec des costumes authentiques."

Ainsi parlait Jean-Julien Lemordant, connu aussi sous le nom de "Peintre aveugle".

C'est pour la joie des voyants qu'il composa ces tableaux vivants auxquels participèrent spontanément les habitants du cru.

Chaque groupe, costumé, devait présenter des noces d'Or, d'Argent et Modernes, réparties en sous-groupes composés des mariés et des invités. Lors de l'établissement du projet, Jean-Julien s'opposa aux conserveurs qui voulaient dénaturer sa vision d'authenticité par l'ajout de festivités "modernes", telle qu'une course cycliste. Bref, fort du soutien populaire, Lemordant obtient carte blanche le 22 Juillet .

Jean-Julien Lemordant et son chien Roméo © L'Illustration

(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 8 août 1922)

Penmarc'h

FÊTE BRETONNE DU 6 AOUT. — Le comité de la fête bretonne du 6 août à Penmarch, présidée par M. Jean-Julien Lemordant, a l'honneur d'informer le public que c'est à son insu que des quêtes ont été faites au cours de la fête et à son profit. Le produit de ces quêtes n'est pas revenu à la fête du 6 août.

Le comité réprouve entièrement cette indélicatesse et prendra, à l'avenir, les mesures nécessaires pour éviter le retour de pareils faits.
  

(Article du Journal « La Dépêche de Brest » du 17 août 1922)

Saint-Guénolé-Penmarch


ECHO DE LA FÊTE DES CORMORANS. — La fête des Cormorans du lundi 7 août, favorisée par le beau temps, a obtenu un très vif succès. Le programme, très chargé, a été suivi d'un lieu à l'autre par un très nombreux public ; les diverses épreuves et courses ont été disputées avec acharnement par les différents concurrents. Citons principalement la course cycliste régionale qui a réuni 13 partants et dont les coureurs Brestois sont sortis vainqueurs ; la course aux canards dans le port a également vivement intéressé le public ; quant à la course à la valise, elle a déchaîné l'hilarité générale. En somme, fête locale très réussie et qui s'est déroulée sans aucun incident.

Le comité, présidé par M. Larnicol, le sympathique maire de Penmarch, adresse ses plus sincères remerciements à toutes les personnes qui ont contribué à un titre quelconque et d'une façon si modeste soit-elle, à la réussite de la dite fête ; d'ailleurs les résultats obtenus ont dépassé ses espérances et il a décidé dans sa dernière réunion de mettre à la disposition du comité qui se formera pour la fête des Cormorans de l'année prochaine, le reliquat qui lui reste en caisse de la fête de cette année. 

Vous trouverez ci-après mon album de 38 documents.


Album des Cormorans 1922