SAUVETAGES DE LA STATION DE SAINT GUÉNOLÉ ( 1890 - 1900 )

Vous trouverez ci-après, la liste commentée des sauvetages réalisés par le canot de sauvetage de la station de Saint-Guénolé, mais aussi des sauvetages réalisés par de courageux particuliers de Saint-Guénolé et même aussi quelques informations diverses.

A noter : 
Les dates indiquées ne sont pas toujours au jour près. Je les ai rectifiées par recoupements dans la grande majorité des cas. Les noms des protagonistes est parfois fantaisiste, exprimés approximativement ou phonétiquement. Je les ai rectifiés par recoupements et connaissance des noms locaux... 

Les commentaires et informations sont tirés des Annales du Sauvetage en Mer (ou des articles de la presse locale tels Ouest-Éclair, Le Finistère, la Dépêche de Brest, etc).

Code des couleurs :

Les sauvetages effectués par le canot de sauvetage
Les actes de sauvetage non effectués par le canot de sauvetage
Les sorties "blanches" du canot de sauvetage et autres informations diverses


Dans les Archives des Annales du sauvetage en mer,
les année 1884 à 1887 sont manquantes. Les rapports de sauvetages des année 1884 à 1887 seront donc tirés d'articles de journaux.


16 décembre 1888 - Sauvetage accompli par François Gourlaouen

Le 16 courant, vers huit heures du soir le patron Pors, du port de Kérity, prenait des mulets à la senne, aux abords des rochers de Saint-Guénolé (dits lie de la Croix). Son canot vint à échouer sur une roche et il chavira. Cinq hommes formaient l'équipage. Quatre purent gagner la terre à la nage. Le dernier, Le Goff, ne savait pas nager. Il se cramponna à deux avirons. Mais il était entraîné vers le large. Dans cette circonstance, le courage indomptable et le dévouement de nos marins se révélèrent encore une fois. L'un des naufragés, M. Gourlaouen (François), après avoir gagné la plage, au prix des plus grands efforts et s'être sauvé lui-même, résolut de sauver aussi son camarade en péril. Malgré la rigueur du temps, il se dépouilla de tous ses vêtements et se porta au secours de Le Goff. Il le rejoignit, après avoir fait plus de cent mètres à la nage, et fut assez heureux pour l'amener sain et sauf sur les roches. Quand le patron Auffret, qu'avait prévenu le patron Pors, arriva avec un canot sur le lieu du naufrage, Le Goff était sauvé.

« L'acte de dévouement de Gourlaouen est au-dessus de tout éloge et mérite certainement une récompense. Ce marin, qui est d'un courage à toute épreuve, a été violemment saisi par le froid dans sa triple traversée, et il est au lit depuis le jour où il a arraché son camarade à une mort certaine.
 

Dans les Archives des Annales du sauvetage en mer,
l'année 1890 est manquante. Les rapports de sauvetages de l'année 1890 seront donc tirés d'articles de journaux.
 

22 juin 1890 - Inauguration De La Station De Sauvetage De Saint-Guénolé-Penmarc'h

(Article du journal «Le Finistère» du 29 juin 1890)

Inauguration De La Station De Sauvetage De Saint-Guénolé-Penmarc'h
———

— Dimanche dernier, à 4 heures de l'après-midi, a eu lieu, comme nous l'avons annoncé, la cérémonie d'inauguration de la station de sauvetage de Saint-Guénolé-Penmarc'h.

La plupart des maisons étaient pavoisées ; une allée d'arbres verts partait du petit bâtiment qui sert d'abri au bateau de sauvetage, dont le généreux donateur, est, comme nous l'avons déjà dit, M. Poydenot.

M. Poydenot est mort, il y a une vingtaine de jours. Il a légué une somme de 10,000 fr. à la Société centrale de secours aux naufragés.

Le bateau placé sur un chariot et accompagné de ses marins en costume de sauvetage, c'est-à-dire pieds nus, est allé au devant de la procession, qui a fait le tour de Saint-Guénolé ayant à sa tête M. du Marhallac'h, représentant de l'autorité diocésaine. La bénédiction a ensuite été donnée solennellement.

L'assistance officielle était présidée par M. de Bizmont, capitaine de frégate en retraite, délégué de la Société de sauvetage des naufragés. Lorsque le bateau, toujours suivi de son équipage, a eu repris place sous son poste-abri, M. de Bizmont a pris la parole. Il a payé un juste tribut de regrets à M. Poydenot que la mort a enlevé avant qu'il puisse contempler son œuvre.

M. Pochart, commissaire de l'inscription maritime à Quimper, a ensuite prononcé le discours suivant, fréquemment interrompu par de vifs applaudissements, et que nous sommes heureux de pouvoir mettre en entier sous les yeux de nos lecteurs :

Mesdames, Messieurs,

Le port de Saint-Guénolé est aujourd'hui en fête ; une animation inaccoutumée règne sur cette plage avancée de la côte finistérienne où, d'ordinaire, on ne rencontre d'autres personnes étrangères au dur métier de la mer et que quelques touristes attirés par l'aspect imposant de ce coin presque ignoré, si souvent balayé par la tempête, et qui est comme la fin de notre monde terrestre.

C'est aujourd'hui, en effet, dans ce petit port, la fête du courage et du dévouement, c'est l'inauguration de la station de sauvetage, c'est la consécration, par une cérémonie touchante, du baptême qu'a déjà reçu des flots un instrument de salut confié aux hommes courageux qui ont accepté la noble mission de se porter au secours de leurs semblables et ont même recherché ce périlleux honneur.

Votre présence, Mesdames et Messieurs, est pour ces vaillants marins une précieuse marque d'encouragement ; elle témoigne hautement de l'estime qu'inspirent dans notre pays les actions grandes et généreuses.

Le premier magistrat de notre département, appelé par un devoir à remplir sur un autre point, n'a pu venir présider cette réunion ; mais il est avec nous de cœur ; il sait les besoins des marins, et leur sort sera toujours pour lui l'objet d'un soin particulier, d'un souci affectueux.

Que le prélat respecté dont la présence donne à cette cérémonie tant de solennité reçoive ici tous nos remerciements. Les marins, nous le savions déjà, sont au nombre de ses enfants les plus chers, car ils sont dépourvus des biens de ce monde.

Que nos félicitations les plus sincères soient aussi acceptées par l'organisateur de cette fête, le représentant si autorisé de la Société centrale de sauvetage des naufragés, et que M. le comte de Bizmont veuille bien en transmettre l'expression au Président de cette admirable institution, dont l'éloge n'est plus à faire.

Merci, Mesdames, et a vous, Messieurs, au personnel si dévoué du service des douanes, et à vous tous, qui, on assistant à cette fête dont l'éclat est relevé par le concours si obligeant qu'a bien voulu nous prêter l'excellente musique de Pont-l'Abbé, donnez, une fois de plus, la preuve que le courage trouve une première récompense dans le sentiment d'admiration qu'il fait éprouver.

Il m'eut été doux d'exprimer la profonde reconnaissance de nos marins à l'homme de bien qui a doté le port de Suint-Guénolé du précieux instrument de salut confié à leur bravoure, du canot de sauvetage du à sa généreuse libéralité. La mort l'a ravi aux manifestations extérieures de notre gratitude, mais notre cœur conservera précieusement le souvenir reconnaissant de son bienfait. Puisse le témoignage de respectueuse sympathie que nous donnons à sa mémoire adoucir chez sa famille, chez tous ceux qui lui étaient chers, l'amertume de la douleur que leur causé une perte si cruelle.

Il est un autre nom, intimement associé à l'œuvre du sauvetage, qui ne saurait être oublié dans cette circonstance et c'est pour moi un devoir du cœur de rendre, au milieu du la population maritime, sur cette cote où sont éparses bien des chaumières habitées par des veuves et des orphelins de la mer, de rendre, dis-je, avec un pieux empressement, un respectueux hommage à la mémoire vénérée de M. Alfred de Courcy, le fondateur de cette bienfaisante institution, sœur cadette de la Société centrale de sauvetage, la Société de secours aux familles des marins français naufragés, qui compte à peine dix ans d'existence, et qui a déjà soulagé tant d'infortunes et tant de misères.

Et puisque le nom de cet homme de cœur est ici prononcé, je m'inspirerai de lui pour rendre, autant que cela m'est possible, les sentiments que cette fête du dévouement, de la charité dans une de ses manifestations les plus élevées, le sauvetage des naufragés, est propre à faire naître et à développer.

Ces scènes de la mer causées par la tempête, scènes de terreur pour les spectateurs, d'épouvante pour les acteurs, rappelaient à M. de Courcy les célèbres chapitres de Pascal « misère de l'homme, grandeur de l'homme ». Et, en effet, n'est-ce pas là une image bien fidèle du peu qu'est l'homme en face des éléments déchaînés, du vent et de la mer, et n'est-ce pas en même temps la preuve de sa grandeur morale que cette lutte qu'il engage avec ces éléments courroucés pour porter, au péril de sa vie, secours à son semblable, sans autre préoccupation que celle du devoir à accomplir ?

Ah ! Mesdames, ah ! Messieurs, quand la grande voix du sud-ouest mugit sur nos côtes et soulève au large une mer démontée qui vient se briser avec colère sur la ceinture de récifs que nous pouvons apercevoir d'ici, combien de fois n'est-il pas arrivé, — hélas ! trop fréquemment, malgré les phares protecteurs, œuvre du progrès moderne, — qu'un bâtiment désemparé par la tempête, jouet du vent et de la mer, indocile au gouvernail au-quel il obéissait naguère, ait été poussé vers la côte, qui aurait du être pour lui l'abri et le salut, et qui, par un contraste frappant, bien fréquent dans les choses de ce monde, menaçait de devenir le lieu de son tombeau. L'équipage est vaillant ; il a lutté, il lutte encore, mais ses efforts sont impuissants contre les éléments. Misère de l'homme !.... Où va-t-il se jeter ce navire qui se présente devant cette chaîne d’écueils qu'on appelle les Etocs ? Va-t-il se heurter contre l'un de ces rochers dont la tète se montre par instants comme une menace et se couvre aussitôt de l'écume bouillonnante de la lame s'y rue avec rage ? Parviendra-t-il à doubler la pointe avancée de Penmarc'h et, obtenant ainsi quelques minutes de répit, sera-t-il poussé sur la plage de la baie voisine d'Audierne où la mer déferle on volutes mêlant leur bruit au bruit plus puissant du gouffre de la Torche ; ou bien ira-t-il s'engloutir dans la baie des Trépassés et allonger le nécrologe maritime qui ne justifie que trop ce nom sinistre?...

Non ! un œil vigilant et exercé, plongeant dans les ténèbres de l'horizon, a aperçu le navire on détresse. Une détonation retentit dont l'écho ira relever le courage des mal-heureux en péril en leur apportant l'espoir d'un secours possible. L'appel a été entendu et bientôt se pressent autour du canot de sauvetage les hommes généreux qui ne marchandent jamais avec le danger quand il s'agit de sauver leurs semblables. Quelques instants auparavant vous auriez pu voir ces hommes rôdant aux abords du port et fouillant l'horizon de leurs regards anxieux. Couverts de leurs vêtements cirés, ils grelottaient cependant de froid et leurs mâles visages respiraient l'inquiétude. Mais le bruit plaintif du canon d'alarme a chassé de leurs figures toute trace de crainte ; un sang généreux s'est porté du cœur aux extrémités et a fait disparaître chez eux l'engourdissement apparent des membres. Rapidement ils ont quitté leurs vêtements cirés, leurs bras se détendent musculeux et souples, et avec une agilité qui a lieu de surprendre, ils courent dans les rochers de la grève pour être au plus tôt à leur poste d'honneur.

Aucune hésitation, aucun bruit, encore moins aucune ostentation ; ils vont simplement faire leur devoir, et, quand ils auront arraché à la mort les victimes que réclamaient la mer, sans autre souci de récompense, ils rentreront chez eux avec l'austère satisfaction d'avoir été utiles à leurs semblables. Ah ! Mesdames, ah I Messieurs, n'est-ce pas Ià de la grandeur morale !....

Ce tableau me parait être en situation dans la circonstance qui nous assemble, car, dit l’éloquent écrivain de Port-Royal, « il est très avantageux de représenter à l'homme sa misère et sa grandeur, de lui rappeler que, placé entre les deux abîmes de l'infini et du néant, il est imperceptible dans le sein du tout, il est un tout à l'égard du néant. »

Ce discours je l'avais préparé plus long ; mais je m'arrête, craignant par un commentaire, par un développement, d'affaiblir le sens de cette pensée profonde, d'en diminuer la portée.

Qu'il me soit seulement permis, en terminant, d'ajouter quelques mots à l'adresse de nos bravos sauveteurs.

Patron Auffret, vous saurez, le cas échéant, montrer l'exemple ; vous avez été pour cela. À bonne école, et, dans cette réunion, j'aperçois un des officiers militaires sous les ordres desquels, à bord de la Bretagne, vous vous êtes formé au commandement des embarcations, vous avez appris à voir le danger en face, à l'apprécier, à l'affronter et à le surmonter. Braves canotiers, tous vous avez acquis à bord des bâtiments de l’État les qualités qui complètent le véritable marin ; tous vous savez que l'union double, décuple les forces ; que la discipline est la règle d'observation absolue qui fait les bons équipages ; tous vous savez aussi que cette solidarité est le meilleur gage du succès, que c'est elle qui, en vous donnant confiance les uns dans les autres, vous permettra, au moment du danger, de développer toute votre valeur pour remplir la noble tâche que vous vous êtes généreusement imposée.

Et maintenant, beau canot de sauvetage, dont le nom, en me rappelant le nom d'un ancien compagnon de campagne, reporte ma pensée à un temps qui est déjà loin, hélas ! dans le passé, beau canot Maman Poydenot, vienne le jour de l'épreuve, que nous souhaitons pourtant éloigné, et nous sommes bien assurés que les braves gens qui doivent te diriger pour accomplir ton œuvre d'humanité seront les dignes émules de ceux qui les ont précédés dans ce chemin de l'abnégation et que leur intrépidité saura enrichir encore les glorieuses annales du sauvetage maritime.

Des bravos unanimes ont accueilli cette péroraison.

Ensuite a eu lieu la remise de récompenses pour des faits de sauvetage dont nous avons rendu compte dans ce journal à l'époque où ils se sont accomplis.

1° Témoignage de satisfaction à Le Boennec, Yves ; Lucas, Michel ; Le Floch, Nonna-Corentin, n° 383 ; Le Garrec, Guillaume ; Le Lay, Pierre Jean ; Le Floch, Louis ; Larnicol, Jean ; Jégou, Thomas ; Le Floch, Nonna-Corentin, n° 1328 ; Le Floch, Bernard.

2° Médaille d'honneur en argent de 1ère classe à Stéphan, Jean.

En ce qui concerne ce dernier, nous rappelons ici sommairement ses litres :

En 1868, sauvetage d'un homme ; le 28 juin 1869, sauvetage de 4 hommes ; le 25 novembre 1877, sauvetage d'un homme ; le 22 décembre 1879, sauvetage de 13 hommes ; le 23 novembre 1880, sauvetage de 6 hommes ; le 17 avril 1885, sauvetage de 2 hommes ; le 23 juillet 1888, sauvetage de 7 hommes.

Ce courageux sauveteur était déjà titulaire d'une médaille de 2e classe en argent. Le dernier acte de sauvetage accompli par lui, et qui porte à 35 le nombre des personnes pour le salut desquelles il s'est dévoué, a eu lieu dans des circonstances très périlleuses. Il n'a pas hésité, s'étant fait élinguer, à plonger dans le gouffre de Poul-Briel (côte de Penmarc'h), où, quel que soit l'état du temps, la mer brise toujours avec violence II a réussi à ramener un homme qui s'y noyait.

Ce dernier acte de dévouement lui a valu une médaille d'honneur en argent de 1ère classe.  


1890 - Comité local SCSN (Station de Saint-Guénolé-Penmarc'h)

MM.
Dr Cosmao-Dumenez, député, Président d'honneur.
Guiziou, maire de Penmarc'h, Président.
Duval, syndic des gens de mer, à Pont-l'Abbé, Trésorier.
Girard, sous-brigadier des douanes, Secrétaire.
Dupouy.
Rondeau.

Auffret, Patron du canot de sauvetage.
Riou (Jean), Sous-Patron du canot de sauvetage.
 

12 mars 1891 - Sauvetage de la chaloupe «Perle»

Le 12 mars 1891, le canot de sauvetage de Saint-Guénolé est sorti à, trois heures et demie du matin aussitôt après avoir entendu le signal d'alarme du sémaphore appelant au secours de la chaloupe la Perle, de Saint-Pierre (Pont-l'Abbé), échouée à peu de distance au sud-ouest du phare. Le canot,, qui est resté dans ces parages jusqu'à six heures et demie sans avoir rien trouvé, est rentré au port sans autre incident. Les renseignements parvenus plus tard ont fait connaître que cette chaloupe s'était en effet échouée, mais qu'elle avait pu se dégager au retour du flot.

Le canot, sous les ordres du patron Auffret avait pour équipage le sous-patron Riou et les canotiers Cornec, Kervarec, Cloarec, Le Berre, Hélias, Drézen, Tanneau, Jégou, Le Pape et Guiriec.


17 Février 1892 - Sauvetage du canot «La Courageuse»

Le temps ayant beaucoup forcé dans la soirée du 17 février, et les apparences, devenant de plus en plus, mauvaises, le patron Auffret fit observer aux membres du Comité que les chaloupes de pêche couraient de grands dangers en essayant de regagner le port, et qu'il serait bon que le canot de sauvetage se tînt en dehors de l'entrée, prêt aux événements.

Le Comité reconnut la justesse des observations d'Auffret qu'il autorisa à convoquer ses hommes et à prendre les dispositions qu'il jugerait nécessaires.

Le canot fut lancé à dix heures et demie et se porta dans les passes où il eut, entre autres, à secourir le bateau la Courageuse, de Guilvinec, dont la voilure était en lambeaux et qui, sans lui, n'aurait pu réussir à arriver en lieu sûr.

A trois heures et demie du matin, voyant que tous les pêcheurs étaient rentrés, Auffret se décida à regagner le port, ayant lutté pendant cinq heures contre une mer démontée et sous une pluie intense. Il avait avec lui les nommés : Riou (Jean), sous-patron, et les canotiers Tanneau (Pierre), Le Berre (Yves), Tanniou (François), Stéphan (Vincent), Tanneau (Thomas), Tual (Jean), Guiriec (Alain), Buhannic (Yves), Durand (Alain) et Kervarec (Jean).  

Note KBCP :
Pour ce sauvetage, patron Auffret (Louis) a reçu la Médaille de bronze de la SCSN.
Le sous-patron Riou (Jean) et les canotiers de sauvetage Tanneau (Pierre), Le Berre (Yves), Tanniou (François), Stéphan (Vincent), Tanneau (Thomas), Tual (Jean), Guiriec (Alain), Buhannic (Yves), Durand (Alain) et Kervarec (Jean) ont reçu chacun un Diplôme d'honneur de la SCSN.

2 juin 1892 - Sauvetage de la chaloupe «Marie»

Le canot de sauvetage de Saint-Guénolé, averti en même temps que celui de Kérity, par le coup de canon d'alarme du sémaphore, a pris aussi la mer avec la plus grande promptitude pour se porter au secours de la Marie.

Son équipage a montré en cette occasion tant d'énergie et de dévouement, que nous nous faisons un devoir de donner leurs noms aux lecteurs de nos Annales :

Patron Auffret (Louis) ; sous-patron Riou (Jean) ; canotiers : Hélias (Alain), Scuiller (Jacques), Hélias (Louis), Briec (Pierre), Guéguen (Alain), Le Corre (Jacques), Tanter (Pierre), Jégou (Joseph), Drézen (Guillaume) et Le Pape (Pierre).

Note KBCP :
Pour ce sauvetage, l'équipage du Maman-Poydenot a reçu le prix du Baron de Joëst.

27 août 1892 - Sauvetage de la chaloupe « Sainte-Thumette »

(Article du journal « La dépêche de Brest » du 27 août 1892)

UNE CHALOUPE QUI CHAVIRE

La chaloupe Sainte-Thumette, de Quimper, a chaviré à l'entrée du port de Saint-Guénolé, en Penmarch.
L'équipage, composé de sept hommes, a été sauvé par le canot de sauvetage. 


26 février 1893 - Sauvetage chaloupes Le-Magicien, Sacré-coeur et Saint Corentin

Ainsi que le Comité vient d'avoir l'honneur d'en informer télégraphiquement la Société Centrale, une nouvelle sortie de son canot a eu lieu, ce malin à 3 heures précises.

Cette sortie lui semblait commandée par l'état d'une mer démesurément grossie sous l'action d'une tempête subite, et conséquemment par la pensée que de nombreux bateaux de pêche sortis là veille au soir devaient se trouver en danger dans la baie.

Au reste, les craintes du Comité prenaient vite corps par l'annonce, qui lui arrivait, que deux bateaux, sinon plus, se trouvaient en péril, par le travers de La Torche. . .

Dans celle occurrence, et mettant trêve à toute nouvelle hésitation, le Comité s'empressa de donner au patron Auffret et à la partie de son équipage, déjà rassemblée, l'ordre de lancer le canot et de le diriger sur le point signalé.

Si exténués qu'étaient ces braves, qui arrivaient de leur pèche et qui avaient dû lutter énergiquement contre les éléments pour leur propre salut, et quelle que fût, d'ores et déjà, leur certitude de ne pouvoir regagner leur port à cause de la violence des vents, en plein, contraires pour le retour, aucun d'eux n'hésita (et c'est une justice : à leur rendre) devant de nouveaux dangers à courir.

Et nonobstant l'état, toujours empiré de la mer, leur diligence avait même été telle, qu'en moins d'une heure les trois milles les séparant de La Torche, se trouvaient franchis à l'aviron, et qu'ils avaient pu correspondre avec les bateaux compromis.

Ces embarcations, au nombre exact de trois, désemparées ou de leurs mâts ou de leurs voiles, mouillées, tant bien que mal, à une demi encablure l'une de l'autre et à 300 mètres environ des brisants, pour elles infranchissables, étaient les suivantes : Le Magicien, n° 1225, du port de Kérity, patron Jean Duvrud (équipage total 7 hommes) ; Le Sacré-Coeur, n° 751, du port de Guilvinec, patron Yves Guéguen (équipage total 9 hommes) ; Le Saint-Corentin, n° 1882, du port de Saint-Guénolé, patron autre Jean Duvrud (équipage total 7 hommes).

Les chances et moyens de sauvetage furent bien pesés aussitôt, et à cause de la force de la mer absolument démontée, un essai de mise à terre, en pleine plage, même en pleins brisants, parut le plus praticable de tous, surtout par un bateau plat de varangues, comme l'est le canot de sauvetage et l'équipage sauveteur, d'accord d'ailleurs avec les sinistrés qui comprenaient que rien ne serait plus dangereux pour eux que de rester dans leurs chaloupes, se mit en devoir de procéder à une première tentative de débarquement. Cette tentative, bien conduite à travers les plus grandes difficultés, fut couronnée d'un plein succès. Il ne restait plus dès lors qu'à la renouveler : c'est ce que firent Auffret et son équipage, et ainsi les naufragés, après mille angoisses, se trouvèrent en sécurité.

Quant à nos canotiers ils étaient bien heureux d'avoir réussi, mais épuisés au point que l'on fut obligé de donner des soins actifs à l'un d'eux qui avait perdu connaissance.

A 10 heures et après une mise au plein sur la partie la plus sablonneuse de la plage, les sauveteurs remisaient leur bateau par la voie de terre, la seule qui à ce moment fut encore praticable. Veuillez agréer, etc

Le Président, Auguste Dupouy.

Nota : Au moment de leur sortie (il est peut-être bon de le signaler) les sauveteurs ont été assez heureux pour aider de leurs indications et de leur présence, deux bateaux étrangers égarés à l'entrée de la passe, encore alors accessible, mais qu'ils hésitaient à franchir faute de connaissance de la localité. Le canot était armé par : Auffret (Louis), patron; Riou (Jean), sous-patron; Jégou(Jean), Kervarrec (Jean-Marie), Gloaguen (Guillaume), Biger (Jean-Marie), Hélias (Jean-Marie), Hélias (Alain), Tanneau (Guillaume), Stéphan (Jean), Baltez (Vincent), Le Pape (Pierre), canotiers.  

Note KBCP :
Pour ce sauvetage, le patron Louis Auffret a reçu la Médaille d'argent de 2ème classe de la SCSN.
Le sous-patron Jean Riou, les canotiers Jean-Marie Kervarrec et Thomas Tanneau ont chacun reçu la Médaille de bronze  de la SCSN.
Les canotiers Jégou (Jean), Gloaguen (Guillaume), Biger (JeanMarie), Hélias (Jean-Marie), Hélias (Alain), Tanneau (Guillaume), Stéphan (Jean), Baltez (Vincent) et Le Pape (Pierre) ont tous reçu un Diplôme d'honneur  de la SCSN.

17 mai 1893 - Sauvetage de deux Bateaux de pêche d'Audierne

Aujourd'hui 17 mai, vers 6 heures 1/2 du soir, par très fort vent de S.-E. et mer démontée, la passe est devenue extrêmement dangereuse. Deux bateaux pêcheurs d'Audierne s'y présentèrent : l'un d'eux réussit à la franchir, mais l'autre, mal engagé, était drossé vers les brisants. Le canot de sauvetage se porta aussitôt au-devant de lui pour le secourir ou l'aider dans sa manœuvre, mais il renonça à entrer au port et regagna le large, préférant essayer de retourner à Audierne, malgré le mauvais état du temps.

Nos marins, qui ont vaillamment fait leur devoir, sont restés à la mer pendant deux heures ; ce sont les nommés : Auffret (Louis), patron ; Riou (Jean), sous-patron ; Jégou (Jean), brigadier ; Cloarec (Marc), Cloarec (Guillaume), Tanneau (Thomas), Le Berre (Jean-Marie), Drézen (Guillaume), Dura nd (Alain), Guéguen (Alain), Jégou (Jean) et Jégou (Joseph), canotiers.  


8 décembre 1893 - Sauvetage bateau de pêche n°1011

Comme suite au télégramme que j'ai eu l'honneur devons adresser ce matin, notre canot de sauvetage Maman-Poydenot est sorti à 7 heures 30 pour porter secours au bateau de pêche de notre port n° 10111 patron Le Berre (Yves).

Malgré la diligence de nos canotiers et la mise à l'eau, à marée basse en moins de dix minutes, nous sommes arrivés trop tard sur le lieu du sinistre.

La mer démontée, trois milles environ à parcourir, ont été les seules causes de notre non-réussite.

Dans ce sinistre où nous comptons quatre victimes, nous avons à déplorer la mort de Le Berre (Yves), patron du n° 1011, un de nos canotiers, laissant une femme et un enfant.

Un seul homme a été sauvé dans les brisants de la Torche par un de nos canotiers resté à terre et par deux autres marins sans le concours desquels ses efforts auraient été inutiles.

Comme toujours notre patron Auffret, ainsi que son digne équipage, ont été à la hauteur de leur mission.

Veuillez agréer, etc.

Le vice-président du Comité, Rondeau.

Le canot était monté par : Auffret (Louis), patron; Tanniou (François), Hélias (Sylvestre), Cornec (Michel), Tanneau (Guillaume), Cloarec (Guillaume), Jégou (Joseph), Briec (Pierre), Baltez (Vincent), Le Berre (Alain), Le Corre (Jacques), Le Donge (Jean).


Note KBCP :
(1) Ce bateau a pour nom l'«Avantage»

24 février 1894 - Sauvetage des chaloupes Asile-du-pêcheur, Sainte-Anne, etc.

Hier soir, vers 11 heures, des appels désespérés retentissaient, qui semblaient provenir des abords de la grande passe de notre port.

Ces appels, notre vigilant patron, toujours aux aguets, surtout quand le temps menace, les avait entendus. Courir à la station et y convier, par de réitérées sonneries de trompe, le secours des bonnes volontés environnantes, constituer un équipage à l'aide des meilleurs éléments accourus, procéder à la sortie du canot, tout cela n'avait été pour Auffret que l'affaire, du reste habituelle, de courtes minutes. Mais à ces difficultés préliminaires devaient malheureusement s'en ajouter d'autres dérivant : l°de la coïncidence d'une marée extrêmement basse, et partant, de l'éloignement considérablement accru, en pleine nuit, par une pluie cinglante et froide, du travers, qui plus est, d'une plage irrégulière et caillouteuse, de l'endroit ordinaire de la mise à l'eau ; 2° du peu de personnel qu'on avait pu réunir, en l'absence des marins, pour la plupart en mer.

Néanmoins, grâce à des efforts qu'on pourrait presque qualifier de surhumains, efforts parmi lesquels se faisaient admirer ceux de femmes, à l'eau jusqu'à mi-corps, comme les hommes ; grâce surtout à la bonne direction d'un patron, d'un sous-patron, admirables d'intelligence et de sang-froid, le lancement qu'on aurait pu croire un moment impossible, s'effectuait enfin, et quelques secondes après (vers 11 heures 30 minutes) sauveteurs et naufragés se trouvaient à portée de voix les uns des autres.

Le bateau en péril (L'Asile-du-Pêcheur, du port de St-Guénolé, patron Guillaume Stéphan) déjà à moitié rempli d'eau, mais à bord duquel se trouvait encore son complet équipage de huit hommes, avait été projeté, par une lame énorme, dans une sorte d'impasse, à fond accidenté, formé par l'écueil dit Stervion, impasse absolument inaccessible pour le canot sauveteur, qui dut accéder sur un autre point et y débarquer (ce qu'il fit non sans peine) une partie de son équipage, pour essayer d'établir un va-et-vient, à l'aide duquel, finalement, les huit hommes en péril purent être sauvés jusqu'au dernier.

Cette opération, vu sa difficulté, avait duré plus d'une heure ; mais, bien qu'inondés des pieds à la tête et transis jusqu'aux os, nos braves n'admettaient pas que leur tâche fût sitôt finie. (D'autres bateaux se trouvaient, en effet, au large, sur le sort desquels, en raison de l'état presque impraticable de la passe, des craintes étaient à concevoir.)

Ces craintes, les événements ne se chargeaient que trop d'en démontrer le bien fondé. Des cris, perceptibles même de terre, s'élevaient vers 1 heure, marquant pour nos intrépides sauveteurs le moment d'un dévouement nouveau. Un autre canot de Saint-Guénolé, la Sainte-Anne, patron Durand, venait de sombrer sous voiles, à une faible distance du théâtre du premier sinistre, et à un endroit, si possible, plus dangereux encore en pleins brisants.

C'est en cette circonstance émouvante que l'habileté, le courage devaient, de plus en plus, s'affirmer. Ayant davantage, cette fois, à procéder à un sauvetage difficile, comme à parer, en un endroit peu profond et sillonné de pointes de roches, tant à leur propre sécurité qu'à celle du merveilleux bateau qu'ils montent, nos hommes — patron, équipage — font à qui mieux mieux assaut d'habileté et d'héroïsme : C'est un hasard, aussi bien au dire des naufragés stupéfaits qu'à celui des nombreux initiés, c'est un hasard qu'un tel sauvetage ait pu s'opérer avec un tel bonheur.

En résumé, 16 hommes sauvés — 8 de chaque canot — tel est le bilan de cette nouvelle et mémorable nuit du 23/24 février 1894. Cela, grâce à un patron, à un sous-patron dont la Société centrale et le Comité local ont le droit d'être fiers (on peut le proclamer sans relâche) et à un équipage héroïque et discipliné entre tous !

Et, spécialement, l'exploit d'Auffret est d'autant plus méritoire que ce brave, presque au moment de l'accomplir, était malade et alité. « Je dois l'exemple », a-t-il dit simplement, las des objections qui lui ont été opposées.

L'exemple, il le donnait tout récemment encore (le vendredi 9 du courant) en se précipitant dans une plate et se jetant ensuite et jusqu'au cou à l'eau pour concourir, l'un des premiers, au sauvetage du canot Charlemagne projeté sur les rochers de la passe S.-O. de notre port.

Le Vice-Président, Rondeau.

Le Président, Dupouy.

P. S. — La présence près de la passe du bateau sauveteur et les indications de son équipage ont, de plus, contribué à sauver d'autres bateaux, dont un surtout allait être brisé.

Le canot était monté par : Auffret (Louis), patron; Riou (Jean), sous-patron ; Tanneau (Pierre), brigadier ; les canotiers : Tanniou (François), Cloarec (Guillaume), Le Pape (Pierre), Hélias (Sylvestre), Tanneau (Nonna), Stéphan (Vincent), et les volontaires : Berrou (Guillaume), Biger (Jacques), Cosqueric (Jean).

Note KBCP :
Pour ce sauvetage, le patron Louis Auffret a reçu le prix du baron de Joest et la médaille d'argent de 1
ère classe de la SCSN.
Au sous-patron Riou (Jean) la médaille d'argent de 2ème classe de la SCSN.
Aux canotiers Tanniou (François), Le Pape (Pierre), Stéphan (Vincent), Tanneau (Pierre) et Délias (Sylvestre) la médaille de bronze de la SCSN.
Aux canotiers Cloarec (Guillaume), Tanneau (Nonna), Berrou (Guillaume), Biger (Jacques) et Cosquéric (Jean) le diplôme d'honneur de la SCSN.
Les canotiers Riou, Biger, Stéphan, Berrou, Tanneau , Tanniou, Cloarec, Le Pape, Tanneau  et Cosqueric ont reçu un témoignage officiel de satisfaction.
De plus, Auffret, patron du canot 504, Riou, Stéphan, Berrou, Tanneau, Cloarec, Le Pape, Helias, Tanneau, Biger, Cosquéric et Tanniou, matelots inscrits a Quimper, chacun 136 fr., soit 2,000 fr. pour sauvetage des chaloupes «Asile-des-Pécheurs» et «Sainte-Anne», avec le canot Maman Poydenot à l'entrée du havre de Saint-Guenolé-Penmarc'h.

24 avril 1894 - Sauvetage des chaloupes  «Chérie-de-l'Océan» et «Félix»

24 avril. — Ainsi que le Comité a eu l'honneur d'en informer télégraphiquement la Société Centrale, une nouvelle sortie de son canot a eu lieu ce matin, à 6 heures 10.

Cette sortie lui semblait commandée par l'état de la passe, était à ce moment tellement empiré, que toute entrée devenait impossible. En effet, une nouvelle tentative d'accès était infructueuse, et il ne restait au bateau qui osa la tenter — une chaloupe de Saint-Guénolé, patron Jégou (Jean-Marie) que la ressource suprême d'aller se mettre au plein à la grève de Port-Jean, ce qu'elle parvint néanmoins à faire, sans perte d'hommes.

C'est au secours de ce bateau que courraient à tout hasard les sauveteurs, quand ils en rencontrèrent deux autres, visiblement plus en danger encore.

Le premier de ceux-ci, un canot de Saint-Guénolé, La Chérie-de-l'Océan, patrons Jégou-Yannou, 8 hommes d'équipage, déjà désemparé en partie, ne naviguait plus. Son équipage, après l'avoir tant bien que mal mouillé à l'endroit de l'anse de la Torche où il put parvenir (endroit des plus exposés et de tenue très difficile) l'abandonnait d'un commun accord, pour accepter l'offre des sauveteurs de le débarquer au point le plus propice de la côte, opération qui du reste, réussit pleinement.

Débarrassés de ce premier bateau, les sauveteurs s'élançaient au secours de l'autre, visiblement étranger au pays, d'autant plus exposé par conséquent, et auquel, comprenant un péril certain, ils avaient fait des signaux répétés d'attente.

Ce bateau se trouvait être Le Félix, chaloupe de Douarnenez, patron Quérinnec (Joseph), 10 hommes d'équipage.

Après l'avoir rejoint et guidé jusqu'au mouillage le plus sûr de l'anse, les sauveteurs en transbordaient l'équipage, qu'ils débarquaient sans accident, si non sans péril, au point le plus accessible de la plage.

Ce double acte de dévouement des sauveteurs est d'autant plus méritoire, qu'arrivant de la pêche et chassés par la tempête, ils avaient eu, eux aussi, à lutter contre les éléments.

Quoiqu'il en soit et heureux d'avoir réussi, nos braves canotiers se trouvaient amplement récompensés par le sentiment du devoir accompli et les témoignages non équivoques d'admiration et de reconnaissance qui leur arrivaient de toute part.

Veuillez, etc., etc.

Le Président du Comité, Auguste Dupouy.

P.S. — Le bateau a été remisé ce matin à 9 heures 45 par voie de terre, la seule en ce moment praticable.

Armaient le canot de sauvelage Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron ; Riou (Jean), sous-patron ; Tanneau (Pierre) brigadier; Hélias (Alain), Jégou (Joseph), Biger (Jean-Corentin), Kervarec (Jean-Marie), Tanniou (François), Tanneau (Guillaume), Stéphan (Vincent), Le Donge (Jean), Hélias (Louis) et Tanneau (Guillaume), canotiers.


3 décembre 1894 - sauvetage accompli par Louis Auffret et Jean Stéphan

Le 3 décembre, vers sept heures du soir, des cris d’appel se firent entendre, paraissant provenir du milieu du port. Le patron Auffret, du canot de sauvetage, et le sieur Stéphan (Jean), se débarrassèrent de leurs effets et se jetèrent à la mer, malgré le froid très vif et la nuit noire. Ils virent bientôt un homme inerte, dont la tête sortait à peine de l’eau, ils manoeuvrèrent avec prudence pour le saisir, mais lui se raccrocha à ses sauveteurs en désespéré, et paralysant leurs mouvements ; ils allaient peut-être succomber, car dans l’eau depuis plus d’un quart d’heure, l’engourdissement les gagnait, quand arriva une embarcation qui put tous les recueillir.

21 janvier 1895 - Secours à vapeur en difficulté

La nuit déjà complète, on vit de terre le feu rouge d'un vapeur paraissant courir le cap au sud et approcher la zone dangereuse des brisants. Le canot Maman-Poydenot fut aussitôt armé, et gouverna sur le feu dont les changements indiquaient que le navire faisait machine en arrière à grande vitesse. Peu après le feu disparut, sans qu'on en aperçut aucun autre. Les sauveteurs ne pouvant s'expliquer ce fait par un changement de route, car ils auraient dû voir les autres feux, craignirent que le vapeur n'ait été englouti et restèrent sur les lieux jusqu'à 10 heures du soir, mais n'ayant à ce moment rencontré aucun débris et entendu aucun appel, ils regagnèrent Saint-Guénolé. L'absence de toute épave a prouvé que le bâtiment aperçu avait réussi à s'éloigner après avoir reconnu qu'il faisait fausse route, et sans doute aussi était-il moins près de la côte qu'on ne l'avait pensé.

Le mauvais temps et le froid qui régnaient, ont rendu cette sortie particulièrement pénible. Les hommes qui l'on faite, sont. : Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Pierre), Kervarec (Jean-Marie), Gloagen (Joseph), Hélias (Sylvestre), Jégou (Jean), Cornec (Michel), Hélias (Alain), Briec (Pierre-Louis), Cloarec (Guillaume), Hélias (Louis), et Tanniou (François) canotiers.

30 août 1895 - Sauvetage accompli par le «Saint-Joseph»

Le 30 août, le canot Maman-Poydenot a pris la mer pour se porter au secours du canot l'« Ingénieux » que la houle et un violent courant entraînaient sur les roches. A son arrivée, les naufragés avaient déjà été secourus par un bateau du pays, le Saint-Joseph, patron Biger.

14 avril 1896 - Recherche du canot «Saint-Vio»

Le 14 avril, vers minuit, par un temps très sombre et grand vent d'ouest, le patron Auffret, du canot de sauvetage Maman-Poydenot, fut prévenu que l'on entendait des cris de détresse à l'entrée du port. Il rallia, un équipage le plus vite qu'il put et prit le large sans tarder. Jusqu'à 5 heures du matin, la mer fut battue de tous les côtés, sans aucun succès malheureusement, et c'est le désespoir dans le cœur, que les canotiers revinrent à Saint-Guénolé.

Le naufrage qui a fait faire cette sortie est celui du Saint-Vio, patron Le Lay (Noël), qui, revenant de la pêche, voulut donner dans le port malgré le mauvais temps et l'obscurité profonde, alors qu'il n'existe malheureusement aucun feu. Il aura sans doute touché sur une basse, et aura rapidement sombré. Aucun des six hommes qui le montaient, n'a été retrouvé ; c'est un grand deuil pour la population et nos sauveteurs sont inconsolables d'avoir été impuissants.

Le Président du Comité, Auguste Dupouy.

Armement du canot: Auffret (Louis), patron ; Jégou (Jean), Jégou (Joseph), Tanniou (Pierre-Jean), Stéphan (Isidore), Hélias (Jean-Louis), Le Pape (Pierre), Cloarec (Guillaume), Guéguen (Alain), Calvez (Jean-Marie), Stéphan (Jean), Autret (Daniel), canotiers.


7 décembre 1896 - Assistance inutile à brick-goélette inconnu 

Le 7 décembre, alors que la tempête soufflait de l'ouest et que la mer était démontée, le signal fut donné que l'on voyait un brick-goélette dont les manœuvres incertaines laissaient supposer qu'il était en avaries graves. Le canot de sauvetage prit aussitôt la mer, sous la conduite de son brave patron Auffret, mais celui-ci vit bientôt le brick rectifier sa route et doubler les Penmarch ; il n'avait plus dès lors qu'à rentrer au port.

Celle sortie, bien que sans résultats, a été des plus pénibles, à cause de l'état du temps.
 

Un brick-goélette © Delaveau

26 mars 1897 - Sauvetage du trois-mats-goélette «Sancta-maria»

Ce matin vers 6 h. 30, informé qu'un voilier d'un assez fort tonnage se trouvait à la côte en pleins brisants de Tréguennec (baie d'Audierne), notre patron Auffret après avoir rassemblé ses hommes, se porta en hâte à son secours.

Grâce à la célérité déployée et aussi à l'existence de vents portant de S.-S.-O., notre canot malgré la distance à parcourir (environ 4 milles), arrivait à peine une heure après à proximité du navire naufragé, qui se trouvait coulé, par fond de 6 à 7 brasses, à environ deux encablures de la plage, l'étrave face au large et dont la mâture, garnie de ses voiles déjà déchiquetées, émergeait seule. Tout brisait à l'entour et les difficultés de l'accostage étaient grandes : tellement grandes même, qu'il ne fallait pas moins pour les affronter, que le sentiment impérieux du devoir, qui s'alliait, ici, à une pitié immense.

Des cris d'appel se percevaient en effet, qui étaient ceux d'hommes réfugiés en groupes sur le même mât, celui de misaine.

Bien des tentatives d'accéder furent faites. Les premières devaient être vaines, refoulées qu'elles se trouvaient, à tout bout de champ par des lames énormes.

Ce ne fut — abrégeons ! — qu'après trois quarts d'heure d'efforts presque surhumains — trois siècles !— que les plus tenaces des sauveteurs, certes, parvinrent à arracher à la mort à laquelle ils semblaient voués, les huit hommes formant l'équipage du navire submergé.

Grand était, en effet, l'état d'épuisement de la plupart de ces hommes qui luttaient déjà ballottés et transis, depuis près de 5 heures et dont, deux — le capitaine entre autres — tout à fait à bout de forces, tombèrent à l'eau, en essayant de s'affaler par le beaupré.

En arrivant à terre, les naufragés, tout grelottants encore, ont trouvé de la part de tous, notamment dans la famille du digne Auffret (où la charité s'allie visiblement au courage) les soins les plus dévoués et les plus entendus. J'ai le devoir, quoi qu'en pensent et disent leurs trop modestes auteurs, de porter également ces faits à votre connaissance, Monsieur le Président, d'autant que j'y suis incité par un capitaine et un équipage émus et profondément reconnaissants.

Veuillez, etc., etc.

Le Président du Comité local. , A. Dupouy.

P.-S. — J'ajouterai :

1° Qu'en raison du lieu du sinistre et de sa proximité avec la plage, la seconde escouade du canot, forcément restée à terre, s'est, sous la conduite du sous-patron Riou, spontanément transportée si distante qu'elle fût du terrain de Tréguennec et chargée de tous les engins et cordages possibles, à l'endroit où elle pouvait supposer que ses services pussent être utiles ;

2° Que presque par le travers de Porz-Carn (un demi-mille au delà de Saint-Guénolé), notre canot, en revenant, a rencontré celui de la station voisine de Kérity, qui, le sauvetage se trouvant opéré, est revenu avec lui.

NOTA. — Le navire perdu est le trois-mâts-goélette Sancta-Maria, du port de Dunkerque, armateur M. Boon, jaugeant 214 tonneaux. (Il était chargé de phosphates.)

———o———

Saint-Guénolé, 30 mars 1897.
Monsieur le Président,
Une petite rectification à mon rapport du 26 .

En parlant du navire coulé je dis, par un lapsus « l'étrave face au large » c'est face à terre que j'aurais dû écrire.

Sur la vue du péril, qui ne lui apparut que lorsqu'il le touchait presque, le capitaine avait bien commandé de virer, mais l'opération ne put complètement se faire et le navire, après avoir talonné, reprit sa direction première vers la terre.

Aujourd'hui encore, j'ai eu, en même temps que d'autres personnes (un courtier, le brigadier des douanes), le plaisir d'entendre de la bouche du capitaine, un nouvel hommage de nôtre merveilleux bateau, de son patron et de ses canotiers : «Nous avons bien vu le canot arriver, mais jamais, avais-je dit à mes hommes — qui partageaient d'ailleurs mon opinion — jamais il ne pourra nous accoster. Et ce n'est que par un prodige d'habileté dont nous ne sommes pas encore revenus qu'il a pu arriver à le faire. » Que veux-tu ! — avait d'ailleurs déclaré à l'un de ses canotiers, le brave Auffret qui, malgré le danger, conservait tout son sang-froid — que veux-tu, il faut les sauver ou rester avec eux !

Les deux canots du trois-mâts naufragés (j'avais encore omis de vous le dire) furent brisés par la première masse d'eau déferlant sur le pont. C'est même à cette circonstance, en apparence fâcheuse, que l'équipage a dû d'abord la vie, car jamais en pareils brisants qui atteignaient la vergue de misaine, ils n'auraient pu se sauver.

Veuillez, etc., etc.

Le Président du Comité local. A. Dupouy.

Armement du Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Pierre), brigadier ; Tanneau (Thomas), Baltez (Vincent), Cloarec (Guillaume), Le Donge (Jean), Jégou (Jean), Briec (Pierre), Cornec (Michel), Biger (Jean), Hélias (Alain), Kervarec (Jean), canotiers.


Pour en savoir plus :  Naufrage du Sancta-Maria


Navire de type «Trois mâts goélette»

21 septembre 1897 - Sauvetage de la barque de pêche «joséphine»

La barque de pêche Joséphine, montée par 5 hommes, a chaviré par assez fort vent de N.-O., au commencement du jusant, sur le Men Stivion, dans la grande passe du port. Le canot de sauvetage Maman-Poydenot, sous la conduite d'Auffret, et avec son armement ordinaire, s'est porté au secours de l'équipage, mais celui-ci, malgré la situation dangereuse dans laquelle le mettait l'état de la mer, avait, lors de son arrivée, réussi à atteindre la terre par ses propres moyens (21 septembre).
... (Extrait du rapport de M. Dupouy, Président du Comité.)

Armement du canot de Sauvetage Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron ; Kervarec (Jean-Marie), Le Drézen (Guillaume), Gloaguen (Guillaume), Baltes (Vincent), Tanneau (Pierre), Le Pape (Pierre), Hélias (Jean-Marie), Jégou-Yannou (Jean), Jégou (Joseph), Briec (Pierre), Stéphan (Isidore), Riou (Sébastien), canotiers.


24 septembre 1897 - Sauvetage chaloupe de pêche «souvenir-de-dieu»

Le 24, le canot fut de nouveau lancé sur l'avis qu'une chaloupe venait de sombrer en rentrant au port. Cette chaloupe, appelée le Souvenir-de-Dieu, était toute neuve, elle faisait sa première sortie et sa perte est un grand désastre. Elle était montée par 6 hommes : Biger, patron-propriétaire et ses deux fils ; Cossu, Tirilly et Le Pape. Biger et ses fils gagnèrent des roches d'où, grâce au dévouement de plusieurs personnes du pays, ils purent parvenir au rivage ; Cossu et Tirilly disparurent aussitôt et ne purent être secourus ; Le Pape fut recueilli par le canot de la Société, mais il avait reçu contre les roches des blessures si graves qu'il ne tarda pas à expirer.

Après l'avoir déposé dans l'abri, le Maman-Poydenot était revenu explorer le lieu du sinistre dans l'espoir de retrouver les deux disparus et il y resta jusqu'à une heure avancée de la nuit, mais ce fut en vain.

... (Extrait du rapport de M. Dupouy, Président du Comité.)

Armement du canot de Sauvetage Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron ; Kervarec (Jean-Marie), Le Drézen (Guillaume), Gloaguen (Guillaume), Baltes (Vincent), Tanneau (Pierre), Le Pape (Pierre), Hélias (Jean-Marie), Jégou-Yannou (Jean), Jégou (Joseph), Briec (Pierre), Stéphan (Isidore), Riou (Sébastien), canotiers.


30 avril 1898 - Sauvetage et assistance de plusieurs barques de pêche

En vous confirmant mes télégrammes de ce matin, j'ai l'honneur de vous informer de la nouvelle sortie que vient d'effectuer notre canot dans les circonstances suivantes.

Une forte tempête de S.-S.-O. s'étant élevée en pleine nuit, et, des craintes étant à concevoir sur le sort de nombreuses barques de pêche non encore rentrées, le patron Auffret aux aguets, comme toujours, rassemblant tous les éléments hommes, femmes, qui se trouvaient sous sa main, fit mettre préventivement et dès la pointe du jour, le canot à la mer.

Ses craintes ne tardèrent pas à se justifier. On put voir, en effet, qu'après de vains efforts pour doubler l'île Nonna par le côté du large et dégager son point d'attache, un bateau de Saint-Pierre (port situé à deux milles du nôtre) essayait de rebrousser chemin. Franchissant alors la petite passe, notre canot se porta, à toute éventualité, à la rencontre du bateau en péril, lequel, trouvant une embellie en même temps que la certitude d'un secours, le cas échéant, et se risquant, dès lors, à reprendre sa première idée, s'engagea dans l'un des étroits et périlleux chenaux de l'Est de l'île, et qu'il put heureusement franchir. Du coup, le danger pour ce bateau (que nous sûmes être bientôt celui du nommé Carval) se trouvait écarté.

En revenant, Auffret fit la rencontre d'un second bateau, celui-ci de Saint-Guénolé, patron Alain Le Floch, lequel fortement engagé dans l'étroit chenal de Groumilly et dans les brisants ou presque, naviguait à peine, sous sa seule misaine, dont tous les ris étaient pris. La plus mince avarie, la plus petite rupture et c'était la fin ! Heureusement que cela ne se produisit pas. (Auffret n'abandonnait du reste ce bateau qu'après l'avoir escorté et mis en sûreté dans notre port.) Mais il s'en fallait que, pour nos braves, tout fût terminé.

Des signaux venant de terre leur indiquaient qu'une embarcation (peut-être plusieurs) se trouvait en péril, cette fois dans la direction du Nord. Franchissant à nouveau la passe, nos braves ne tardaient pas à apercevoir une barque de faible tonnage, à moitié désemparée, qui, après efforts vains pour gagner Saint-Guénolé, essayait de se diriger vers la Torche au risque de n'y pouvoir atterrir. C'est là que notre canot, qui s'était mis en devoir de la suivre, la rejoignit.

A cet endroit, se trouvait déjà, mais en très mauvaise posture, presque sans possibilité d'accostage, à cause de son fort tirant d'eau, ainsi que de l'état de la mer et du vent en plein debout, et même sans aucune certitude de tenue, un autre canot, patron Sébastien Riou, du port de Saint-Guénolé, 8 hommes d'équipage, lequel équipage se hâtait d'invoquer l'aide du canot sauveteur.

Il ne lui fit pas défaut : ce dernier, après avoir débarqué, non à terre, certes, mais aussi près de terre, à l'endroit périlleux, le moins profond, que son propre tirant d'eau lui avait permis d'atteindre, les 5 hommes, tous particulièrement exténués et à bout de force, du patron Corentin Le Brun, se hâta de venir prendre, pour le déposer à peu près au même endroit, l'équipage du patron Riou.

Essaierai-je de vous dire, maintenant, monsieur le Président, la difficulté d'un lancement opéré par marée basse et sous une pluie battante, avec une assistance à première vue insuffisante (trente personnes au plus, dont la moitié était des femmes), le dévouement de ces braves gens, tous dans l'eau jusqu'aux aisselles, et de particulièrement vous peindre l'état des canotiers, ainsi mouillés et transis sept grandes heures? Ils m'en voudraient de le tenter. Aussi bien, un réconfort n'est-il pas là pour eux, qui est le sentiment du devoir accompli ?

Veuillez, etc. Le Président du Comité local, Dupouy.

Armement du Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron" ; Jégou (Jean), Baltez (Vincent), Cornec (Michel), Le Drézen (Guillaume), Le Pape (Pierre), Tanneau (Thomas), Stéphan (Jean), canotiers; Kersalé (Jean), Hélias (Jean-Louis), Cosquéric (Jean), Tirilly (Alain), canotiers supplémentaires.  


Note KBCP :
Pour ce sauvetage, le patron Auffret a reçu la médaille de la Comtesse Foucher et l'équipage du canot «Maman-Poydenot» le prix amiral Méguet.

6 juin 1898 - Naufrage De L'annexe Du «Samory1» dans la passe de «Saint-Guénolé»

Ce matin, vers 8 heures 45, averti que des cris se faisaient entendre dans la direction d'une des passes de notre port (celle N.-O.) le patron Auffret, ralliant ses canotiers au passage, et avec eux toutes les personnes de bonne volonté, — hommes, femmes, — qu'il rencontrait, s'empressa, avec leur concours, de mettre le canot à la mer.

Cette opération se trouva forcément ralentie par la coïncidence de la marée basse, de telle sorte que les sauveteurs, obligés de se mettre à l'eau jusqu'aux aisselles, en raison du défaut de pente, durent perdre un temps précieux (dix minutes au moins).

A leur arrivée, outre un premier naufragé (le patron), recueilli vivant par un bateau passant, deux autres hommes roulés sur les roches venaient d'en être retirés, également vivants, par des riverains accourus par terre ; un quatrième (jeune homme de 19 ans), le nommé Corentin Le Peurc'h, semblait mort ; et, en effet, malgré toutes les frictions et tractions de langue que des gens dévoués,— parmi lesquels notre trésorier M. Tanguy, — accourus avec la boite de secours, s'employèrent à lui donner, plus d'une heure durant ; on ne put le faire revenir à la vie ; quant au cinquième naufragé, un sieur Guillaume Le Drézen (36 ans), il avait disparu, probablement dans les anfractuosités de la roche dite Le-Trépied, théâtre du sinistre, et toutes les recherches des canotiers — ne fût-ce que pour remettre un cadavre à une pauvre veuve dont la douleur faisait mal à voir — restèrent également infructueuses.

Toute une population attristée aura vu, une l'ois de plus, que le zèle le plus entendu, le dévouement le plus touchant sont impuissants quand la fatalité s'en mêle.

Et c'était la commune pensée, alors que s'en retournaient tant de gens mouillés plus que jusqu'à mi-corps, parmi lesquels — je veux le proclamer, dût sa modestie en souffrir — la digne femme d'un digne homme : Mme Auffret, comme toujours au premier rang.

Armement du « Maman-Poydenot » : Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Guillaume), sous-patron ; Kervarec (Jean-Marie), Tanneau (Thomas), Tanniou (François), Le Pape (Pierre), Stéphan (Jean), Baltez (Vincent), Cornec (Michel), Hélias (Alain), Biger (Jean-Corentin), Briec (Pierre-Louis), canotiers.


Note KBCP :
(1) Le nom du canot est donné dans un article de «La dépêche de Brest» du 7 Juin 1898.

4 septembre 1898 - sauvetage accompli par Louis Auffret

J'ai l'honneur de vous apprendre la belle action que vient d'accomplir le fils de notre patron du bateau de sauvetage, un enfant de onze ans et demi, Louis Auffret. Voici dans quelle circonstance :

Il se déshabillait dans un bateau du port pour prendre un bain, quand ses camarades lui montrèrent, à quelque distance, un enfant qui se noyait. C'était le jeune Budoc (Guénolé), de 8 ans 1/2, qui, parti du bord, avait perdu pied et commençait à disparaître sous l'eau.

Louis Auffret, qui sait nager, sauta sur le champ à sa recherche, et fut assez heureux pour le ramener en nageant des pieds et d'une main. Il était temps : le jeune Budoc se trouvait déjà étourdi par l'eau bue et la suffocation.

J'ai tenu, Monsieur le Président, à vous informer de cet acte de courage, de décision et de sang-froid, si surprenant chez un enfant de onze ans, mais si naturel chez le fils d'un tel père. Les faits se sont passés ce soir vers 5 heures, entre la jetée et les sables, face à la maison-abri du bateau de sauvetage.

Veuillez, etc.

Aug. Dupouy, fils.
  

6 septembre 1898 - Assistance À l'entrée des canots par la passe de «Saint-Guénolé»

Le 6 septembre, les sauveteurs de Saint-Guénolé ont de nouveau été appelés pour parer, le cas échéant, aux accidents qui pouvaient se produire à cause de la grosse mer qui assaillait les pêcheurs rentrant au port. Ils ont rempli cette mission avec leur dévouement ordinaire, mais, Dieu merci, il n'y a eu aucun sinistre.

(Extraits des rapports de M. Dupouy, Président du Comité local.)  


31 octobre 1898 - Sauvetage accompli par les patrons Jégou et Le Gall de Kérity

Ce matin vers 11 heures 1/2 le bateau de pêche N° 16601, patron Tanniou (Jacques), en voulant rentrer, sa pêche faite, au port de Saint-Guénolé, chargé par une lame, a sombré sous voiles, un peu en avant de la grande passe, à 100 mètres S.-O. environ de la roche dite Bass-Du. Aux cris poussés par des témoins de l'accident, les canotiers disponibles, sous la conduite de leur patron Auffret, se hâtèrent de mettre leur embarcation à l'eau, opération dont la difficulté se trouvait considérablement accrue par l'état de la marée, presque complètement basse.

Au moment où ils arrivaient à la passe, le sauvetage des naufragés2 venait d'être accompli par deux chaloupes de Kérity3, qui, sous la protection du canot de sauvetage, purent pénétrer dans le port malgré les brisants qui commençaient à en obstruer l'entrée. Les lames déferlaient sur toutes les roches avoisinantes, sur celles même qui n'affleurent pas aux plus basses mers, et il était visible que l'étroit chenal serait bientôt impraticable. C'est précisément ce qui donna l'idée à Auffret malgré le sauvetage pourtant accompli, de franchir de nouveau la passe et de se tenir à quelque 300 mètres au large, pour avertir les bateaux encore nombreux qui, pour la plupart, ignorant l'accident et l'état réel de la passe, se disposaient à la franchir. Aimant mieux prévenir qu'avoir à secourir, Auffret les engagea à faire les chenaux qui conduisent à la petite passe, avis que tous s'empressèrent, et avec raison, de suivre. Car la mer était devenue et resta démontée tout le temps que le canot se maintint dans ces parages — quatre grandes heures. Vers quatre heures donc, toutes les barques étant rentrées, le bateau s'en revint lui-même, après avoir, selon toute vraisemblance, empêché plus d'un sinistre.

(Extrait du Rapport de M. Dupouy, Président du Comité local.)

Armement du canot de sauvetage Maman-Poydenot : Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Pierre), Tanneau (Thomas), Gloaguen (Joseph), Le Corre (Jacques), Hélias (Louis), Briec (Pierre), Baltez (Vincent), Riou (Sébastien), Jégou (Jean), Sylvestre (Jean-Marie), Le papem (Pierre), canotiers.  

Note KBCP :
(1) Le n°1660 du quartier de Quimper est le «Ave-Mari-Stella» patron Guillaume Tanniou.
(2) Équipage de 6 hommes
(3) Patrons Jégou et Le Gall


28 novembre 1898 - Sauvetage de la chaloupe «notre-dame-de-bon-voyage»

En réponse à votre lettre du 10 décembre courant, j'ai l'honneur de vous fournir les renseignements suivants relatifs au sauvetage d'un canot en détresse, le 28 novembre dernier, à l'entrée de Saint-Guénolé.

Ce jour, vers 2 heures 1/2 de l'après-midi, la chaloupe Notre-Dame-de-Bon-Voyage du port d'Audierne, se dirigeait vers l'entrée de Saint-Guénolé, par mauvais temps et mer très grosse. Le gouvernail ayant été démonté par un coup de mer, l'équipage n'était plus maître de la manœuvre. C'est alors qu'elle fut aperçue par le brave patron Auffret qui, vu l'imminence du danger, ce bateau étant exposé à être drossé sur les rochers de l'île Cornez, se précipita dans la première embarcation venue avec les nommés Jégou (Jean-Corentin), Kervarec (Jean-Marie), Baltez (Vincent), Biger (Jean-Corentin), et Souron (Pierre) (tous du canot de sauvetage) et put, après beaucoup, de difficultés, accoster la chaloupe Notre-Dame-de-Bon-Voyage, transborder l'équipage et le déposer à terre.

Le soir, les mêmes sauveteurs réussirent à ramener au port ladite chaloupe sous laquelle deux ancres avaient été mouillées.

(Rapport de Monsieur le Commissaire de l'Inscription Maritime de Quimper).  


27-28 janvier 1900 - Assistance inutile à vapeur inconnu

Hier samedi, vers quatre heures et demie du soir et entre deux grains, nous aperçûmes, en pleine baie d'Audierne, par le travers de Plozévet et à une distance approximative de 3 milles de cette côte, un vapeur d'un assez fort tonnage qui semblait, être à l'ancre.

La présence si insolite d'un navire en pleine tempête et à un tel endroit étant un indice peu rassurant, nos canotiers, ralliés par Auffret, se mirent en devoir de courir à l'abri pour tenter de voler vers ceux qui leur paraissaient en péril. Malheureusement, nos braves sauveteurs avaient bien plus compté sur leur courage que sur l'état de la mer et des vents. Déjà retardés par les difficultés d'un lancement à marée basse et l'impossibilité de franchir la passe Nord, pour eux la plus directe, ils se trouvaient en pleine nuit dans l'étroit chenal de Groumilly, à l'extrémité duquel éléments et ténèbres combinés les mettaient si bien dans l'impossibilité d'avancer, qu'ils durent revenir et revinrent, non sans avoir dix fois manqué de chavirer.

Momentanément impuissants, mais escomptant une accalmie, Auffret, en congédiant ses hommes leur recommanda d'être là au premier signal. Cette embellie survint vers cinq heures du matin. Bien avant l'aube donc, et cette fois pleins d'espoir, nos canotiers auxquels, sur sa demande, s'était joint un pilote de Kérity, M. Alexis Kerloch, effectuèrent une deuxième sortie, en se dirigeant sur le point repéré de la veille et dans la direction duquel, et par intermittences un feu de navire avait été vu encore en pleine nuit.

Ce feu, néanmoins, ne se distinguait plus. Après une navigation assez rapide, nos hommes aperçurent au petit jour, à environ un mille et demi en avant et bâbord à eux, un vapeur à deux mâts, de médiocre importance ayant cap au S.-S.-O. presqu'immobile tant sa marche était lente et sur lequel ils se dirigèrent en hâte. Mais, à leur grande surprise, ce vapeur modifiant alors sa roule, fit cap au Sud-Est, c'est-à-dire sur la pointe de Penmarch et derrière laquelle, — trois heures après, — il finit par disparaître. L'inutilité de leurs efforts leur étant ainsi démontrée, nos canotiers, rebroussant chemin, atteignirent le port vers les huit heures et demie.

Une heure après, le canot réintégrait l'abri sans accidents, ni avaries.

Avant de clore, Monsieur le Président, je tiens à établir :

1° Que, flairant  un danger très sérieux et une quasi impossibilité de sauver par les moyens de son seul canot un équipage peut-être nombreux, le Comité, en adressant à la Société Centrale son premier télégramme, envoyait en même temps à la station de Kérity, un exprès pour solliciter son secours ;

2° Qu'en vue d'un échouage sur la côte, toutes les mesures-étaient prises, par l'inspiration d'Auffret, pour porter, au moyen de la deuxième escouade et avec cordages et bouées, secours, par terre, aux naufragés.

Veuillez agréer, etc.

Le Président du Comité local, Dupouy.

Armement du canot « Maman-Poydenot » Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Guillaume), sous-patron ; Kervarec (Jean-Marie), Tanneau (Thomas), Drézen (Guillaume), Le Corre (Jacques), Baltez (Vincent), Le Floch (Alain), Hélias (Louis), Tanniou (François), Cornec (Michel), Hélias (Alain), canotiers. 


19 février 1900 - Assistance à un canot inconnu

Hier matin, vers huit heures, par tempête de S.-O. d'une intensité rare, un bateau complètement à sec de toile et n'ayant plus que son-mât de misaine se voyait par le travers de Vibenn (1 mille N. de Saint-Guénolé) s'efforçant, à l'aide du seul courant, très violent d'ailleurs, de gagner l'anse de Porz-Carn pour s'y abriter ou se mettre au plein.

Informé du fait, notre patron Auffret, en même temps qu'il rallie ses hommes, fait réquisitionner des chevaux, seul moyen de courir au danger, les deux passes du port se trouvant absolument infranchissables.

Nous partîmes donc et si grande fut même la diligence mise, que moins de vingt-cinq minutes après le départ, et malgré les difficultés d'une route, dans sa plus grande partie étroite et tortueuse, les quatre kilomètres de parcours se trouvèrent franchis.

A l'arrivée, nous nous trouvions en face d'une embarcation ensablée et de sept hommes miraculeusement sains et saufs.

Leurs services s'étant trouvés inutiles, nos canotiers, après s'être assurés qu'aucune autre embarcation n'était en vue sont revenus et ont regagné leur abri sur les dix heures et demie.

Veuillez agréer, etc.

Le Président du Comité local, Dupouy.

Armement du canot de sauvetage « Maman-Poydenot » Auffret (Louis) patron ; Tanneau Guillaume) sous-palron ; Cornec (Michel), Tanniou (François), Le Floch (Alain), Jégou (Joseph), Baltez (Vincent), Hélias (Alain), Hélias (Nonna), Hélias (Louis), Hélias (Jean-Louis), Cossec (Pierre).  


6 août 1900 - Sauvetage du canot «bernadette»

Dans l'après midi d'hier, lundi 6 août, les canotiers de notre station ont accompli l'émouvant sauvetage dont je vous relate ici les circonstances :

Vers deux heures trente, la mer se trouvait très houleuse sous l'action d'une violente tempête d'O.-S.-O., et les chaloupes, par crainte du temps, étaient rentrées au port, quand Auffret et quelques pêcheurs, qui rôdaient le long de la grève pour s'assurer s'il ne restait pas de canot en baie, en aperçurent un à environ un mille de la côte. II s'efforçait de gagner le port, mais n'y pouvait entrer de sa bordée.

C'était un canot de Douarnenez, le « Bernadette n° 377 », de 13 pieds, avec un équipage composé d'Emile Le Gall, patron, et de ses deux fils, âgés l'un de onze ans, l'autre de huit à peine (le dernier n'y était qu'accidentellement). Le canot s'était attardé à la pêche des maquereaux à la ligne.

Il avait des ris amarrés à son unique voile, qu'il dut bientôt amener au grain. Il dérivait vers les roches. C'est alors qu'Auffret se décida à mettre à l'eau le canot de sauvetage. Il était environ trois heures.

Cependant la barque en détresse avait hissé de nouveau sa voile et s'approchait rapidement du port, mais trop sous le vent pour y entrer, et dans une mer où elle semblait disparaître à tout moment. Une foule de marins, de femmes et de touristes, s'était portée sur la falaise et suivait les péripéties du drame. Péniblement, le canot de sauvetage franchissait la passe qui brisait, presque à chaque lame, dans toute sa largeur. Une lame déferla sur lui avec violence et le fit reculer. Il allait aux avirons, le vent n'étant guère portant, et la mer trop agitée pour que la voile servît. La passe franchie, il prit un peu au large pour doubler les brisants de la Basse-Noire et des Pierres-Borgnes ; cependant le bateau douarneniste, incapable, avec ses 4 ris, de gagner bord sur bord, s'approchait des roches à faire trembler, malgré les grands signes qu'on lui faisait de la côte et du canot.

Ce fut seulement à quelques mètres des « Pierres-Borgnes » qu'après avoir manqué un virage au vent il put virer vent arrière, dans l'écume, et retourner vers la baie. La houle d'ailleurs était plus forte au large que sur les roches, et à peine plus saine, brisant parfois en dehors des bancs. Comme à environ trois cents mètres au large de la roche appelée Tal-Ifern, le canot de sauvetage rejoignait le Douarneniste, une lame énorme creva, sur lui, le lança en l'air et le roula (le canot de sauvetage ) de sorte que du rivage on le crut chaviré. Trois avirons furent désarmés du coup. Le sauvetage fut rapide et habile, malgré les grandes difficultés de l'abordage par cette mer et ce vent furieux. Sur le conseil d'Auffret, Le Gall amena sa voile, mouilla son grappin, et amena le mât. Un cordage lui fut jeté, et c'est ainsi qu'avec ses enfants il put embarquer à bord de la « Maman-Poydenot ».

La mer n'ayant cessé de grossir, Auffret jugea prudent de ne pas revenir par la grande passe, d'autant plus que le jusant en rétrécissait encore l'intermittent chenal. Il fit le grand tour, le long des Groumili et par la petite passe. L'accostage eut lieu vers quatre heures vingt. Les marins étaient exténués et ruisselants.

Le Gall et ses enfants, dont l'aîné s'était presque évanoui de peur, de fatigue et de froid, furent conduits chez Mme Auffret qui, à son ordinaire, s'empressa autour d'eux. Par ses soins et ceux du Vice-Président, M. Rondeau, de vigoureuses frictions à l'eau-de-vie camphrée ranimèrent les bambins transis. Chez Auffret, ils reçurent du linge, des vêtements, un lit et du vin chaud. Ce matin ils sont bien, et Le Gall a pu ramener au port sa barque, qui, par bonheur, avait pu tenir au mouillage, en se chargeant d'eau.

Sans le secours de la « Maman-Poydenot » les trois malheureux, découragés déjà, auraient sans doute péri dans l'impossibilité où était la barque de gagner bord sur bord, et dans l'ignorance relative où se trouvait Le Gall de ces dangereux parages que les marins du pays même, évitent d'affronter par des tempêtes semblables.

Veuillez agréer, etc.

Le Président du Comité local, Dupouy.

Armement du canot « Maman-Poydenot » Auffret (Louis), patron ; Tanneau (Guillaume), sous-patron ; Tanneau (Pierre), Le Corre (Jacques), Tanniou (François), Cornec (Michel), Hélias (Alain), Baltez (Vincent), Le Donge (Jean), Jégou (Joseph), Le Pape (Pierre), Le Lay (Pierre), canotiers.  

Note KBCP :
Pour ce sauvetage l'équipage du canot de sauvetage de Saint-Guénolé a reçu le prix Henri Durand (1.000 fr.)
Louis-Napoléon Auffret, patron du canot de sauvetage, a reçu médaille d'or.
Pierre-Marie Tanneau, matelot du canot de sauvetage, a reçu la Médaille d'argent de 1ère classe.
Guillaume-Marie Tanneau, sous-patron ; Pierre-Vincent Baltez, Alain-Jean Hélias, Pierre-Marie Le Pape, François Pierre-Marie Tanniou, matelots du canot de sauvetage ont chacun reçu la Médaille d'argent de 2ème classe.
Jacques Le Corre, Pierre-Jean Le Donge, Joseph-Marie Jégou, Pierre-Jean Le Lay, Michel-Jean-Marie Cornec, matelots du canot de sauvetage ont reçu la Médaille de bronze.