ÉPHÉMÉRIDES DU RECTEUR LE COZ 1899 - 1904

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10-11-12 Février 1899 — Tempête et ras de marée plus terribles que les 4, 5 et 6 Xbre 1896. 36 hectares sont envahis par la mer à chaque marée. Le marais de Kérity, 26 hectares naguère encore rempli de luzerne, de foin, de choux, d'orge, etc, est absolument perdu jusqu'à Pont Nignon : La belle prairie fermée des Courtois, valant 7.000 fr en novembre 1896, ne vaut plus que 700 fr. La municipalité


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ne s'occupant nullement de l'envahissement progressif de l'océan, le syndicat agricole prend l'initiative d'une pétition qui obtient un grand succès et qui met en mouvement génie, préfecture, Ponts et Chaussées, etc.
« Je suis à Penmarc'h depuis bientôt 12 ans et je constate que la mer a gagné de 10 à 12 mètres entre St Guénolé et Kérity, et de 20 à 30 m en moyenne de Kérity à Ste Marie du Ster-Poulguen. Je suis tenté de croire que la côte s'affaisse graduellement et que la mer couvre davantage les Étocs (Kelou, Kelc'hou), Penn-Ivik, Penn-Bras, l'île Nonna. La grève est méconnaissable entre Kérity et Ste Marie, depuis trois ans. Nous avons trouvé trois fontaines en pierre de taille au sud de la presqu'île sablonneuse « Bec-Sable», preuve qu'il y a eu des prairies, des champs, là où la mer vient maintenant à chaque marée.»

F.-M. Le Coz, Recteur.


Avril 1899 — L'asile St Joseph est terminé. Il est très beau. Il sera ouvert au commencement de Juin. Quatre semaines sont données pour la Pâque des grandes personnes : 2.700 communions de grandes personnes, 300 communions d'enfants de 10 à 13 ans, plus 400 comns de dévotion. Les trois prêtres sont fatigués, harassés. Nous comptons une population d'environ 4.700 âmes. Bénédiction solennelle de l'Asile le dim. 23 avril 99.
Environ 200 abstentions pour la Pâque.


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20 juin — Malgré le pronostic de mauvais temps, quelques bateaux de Guilvinec sortent... Douze hommes noyés près de Mean-Daniel et de Penn-Bras.

26 juillet 1899 — Mr l'Abbé Le Pemp, de Lescors, célèbre sa première messe, à Penmarc'h, à 8h 1/2. Il est assisté à l'autel, par Mr le Recteur ; MM. Dantec, Guiriec, vicaires, Mr Caër, ancien vicaire de Pc'h, sont dans les stalles du chœur. Mr A. Trévidic, de Quimper, tous les parents et amis de Mr Le Pemp, les habitants du bourg de Tréoultré, assistent à la messe du jeune prêtre. C'est un événement dans la paroisse qui fournit son 2éme prêtre dans le courant du XIXe siècle. Le premier prêtre est est Mr Achille Drézen (mort Père du St Esprit), ordonné prêtre en 1868. — Mr Le Pemp, chantera sa première messe le 6 août, et fera le Pardon de N.-D. de la Joie.

1er août — On remarque que depuis trois ans nous avons des chaleurs comparables, sinon supérieures à celles des années 1856-57-58-59. Le thermomètre, même à Penmarc'h marque 29° - 30° degrés centigrades dans les chambres, 47° ou 50° degrés centigrades au soleil. Il paraît que cette chaleur excessive est périodiques.
— Un petit ballon explosible lancé par un vapeur passant à 2 milles au large, tombe dans un char à bancs, à Langourougan, le 30 juillet et brûle


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une crèche et une meule de paille, vers 2h 1/2 du soir, pendant les vêpres qui ont été interrompues. Si ce ballon était tombé dans la plaine, au milieu du blé, il y aurait eu un épouvantable incendie.

30 août — Mr Le Recteur entreprend la continuation des murs autour du champ Maez-Gwenn où doit s'élever l'établissement de N.-D. de la Joie, sur une longueur de 61 m. Déjà la partie ouest , asile St Joseph est terminée ; plus de 120 enfants sont inscrits et suivent les exercices de l'asile. L'ancienne carrière, profonde de 2m50 en moyenne est comblée par les paroissiens qui y ont apporté environ 700 charretées de sable de Lescors. La famille de Jacques Perrès de Lescors, a fourni pour plus de 100 fr de pierres à bâtir les murs ouest, sud, est, et une partie du mur transversal.

10 nov. 1899 — Puits, lavoir, murs, portes, barrières, tout est fini pour le moment. L'asile marche très bien. Nous sommes en pleine persécution Judéo-maçonnique : les Pouvoirs Publics comptent dans leur sein des francs-maçons, des juifs, des protestants et à peine un Catholique pratiquant. L'Église Catholique ne tremble pas...Allons toujours de l'avant !


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2 janvier 1900 — Environ 800 confessions différentes pour le fêtes de Noël, environ 1.150 communions. Les protestants cherchent à s'implanter à St Guénolé et y ont loué une maison à Menez-Kérouill. Ils ne sont pas beaucoup à craindre. Nous voyons une chose, à l'occasion de cet établissement. Il est temps que le clergé paroissial de Penmarc'h ait un pied-à-terre, au moins, à St Guénolé. C.à.d. chambre, remise, etc. pour qu'un prêtre y aille, 2 fois par semaine, faire acte de présence, confesser les malades, dire la Ste Messe, faire Cathéchisme, etc., etc. Il y a environ 1.600 habitants à St Guénolé-Kervilon-Kervédal et près de 2.000 en été. Oui, un service religieux doit être établi prochainement à St Guénolé. Il faudra penser à à reconstruire l'église, à trouver un local pour 700 personnes avant d'établir un service régulier. Tout cela demande du temps, de la peine dans un pays où les riches n'ouvrent guère leur bourse que pour y laisser entrer l'or gagné aux fritureries par la sueur et le sang d'une population surmenée pendant l'été et laissée ensuite aux ravages de la maladie et de la mort.

Note en marge :
Il y a environ 4900 habitants à Penmarc'h.

2 Janvier 1900. F.-M. Le Coz, Recteur

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14 Fév. 1900 — Une tempête telle qu'on n'a pas vue depuis le 4 7bre 1874, plus affreuse que celle des 4-5 et 6 Xbre 1896 : toits, tas de pailles, tout est emporté. Heureusement, la mer n'exerce pas de ravages... On se préparait à déménager et à fuir dans les terres. Il y a des dégâts au presbytère, à l'église, aux chapelles, pour 5 ou 600 francs. Le mur est du jardin a été renversé par le vent sur une longueur de 15m. On le rebâtit et l'on profite pour faire une petite serre. L'asile St Joseph n'a pas eu de mal.

6 mars — 87 garçons et 75 filles sont inscrit sont inscrits pour la 1ère communion : environ 90 pour la 2ème ; 135 pour la 3ème, le Catéchisme se fait pour tous, dans la nef principale : un prêtre en chaire (en surplis), un prêtre (en surplis) parmi les enfants, pour veiller, distribuer les Cartons.

15 mars — Je constate que si la mer gagne sur le littoral, c'est que le terrain, peut-être depuis Plonéour, s'affaisse graduellement : terrain, limon, sables et rochers, le tout d'une pièce. Cela est remarquable pour l'îlot Penn-Ivik, Penn-Bras : il y a 12 ans, Penn-Ivik n'était jamais couvert par les plus grosses marées favorisées par la tempête ; actuellement, la mer, aux marées ordinaires passe par-dessus les plus hauts rochers de Penn-Ivik où nous remarquons quelque changement toutes les fois que nous y allons pour la pêche de la crevette. F.-M. Le Coz, Recteur.

18 avril —La Pâque des grandes personnes a été bonne : 2.850 communions, dont 2.600 au moins de Communions Pascales. Il y aura encore environ 450 communions d'enfants, le 12 mai.

Note en marge :
Il y a environ 4.900 habitants à Penmarc'h.

F.-M. Le Coz, Recteur.

Les brisants de la barre par gros temps © Neurdein

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9 mai — Sept prêtres étrangers viennent nous aider pour la retraite de Communion et de Confirmation, chacun d'eux a 50 enfants à Confesser. Ils sont ravis de voir le pays, très satisfaits de la tenue des enfants.
Mgr François-Virgile Dubillard est reçu triomphalement le dimanche matin, 13 mai, vers 9h. Sa grandeur se montre très affable. Environ 460 confirmants. Messes à 5h 1/2 et 7h à N.-D. de la Joie. Messes à 6h, 7h 1/2 et 11h au bourg de Tréoultré : Monseigneur assiste au prône, à la messe de 11 heures. Visite de l'Asile à 2h 1/2. Départ pour le Guilvinec.

Les élections municipales ont eu lieu pendant la période pascale. Une liste composée de 18 bons catholiques et de cinq républicains plus ou moins pratiquants, liste républicaine libérale et des intérêts généraux aurait battu la liste (des intérêts particuliers) municipale ancienne, sans l'obstruction, le manque de police et la violation de l'urne. Une protestation est envoyée à la Préfecture.

21 mai — MM. le Recteur, J. Calvez et P. Lucas vont à St Guénolé pour acheter ou louer maison et dépendances pour un pied-à-terre actuel et pour futur presbytère. La propriété Morvan et la propriété de Pierre Nédélec conviendraient. On avisera.

13 juin — Pierre Lucas trouve un meilleur emplacement au nord-est du cimetière. Nous verrons.
Je constate que l'île Pennivik est couverte par la marée très ordinaire (87)1, sans vent. Le terrain s'affaisse ou la mer monte.

Note KBCP :
(1) Les coefficients de marées de vive-eaux d'équinoxe peuvent monter à 120 env., tandis que les marées de mortes-eaux peuvent descendre à 35 env. Un coefficient de 87 est un coefficient moyen. 


Second cahier

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7 nov 1900 — Il y a eu environ 1.400 Communions pour la Toussaint et environ 1.000 Confessions du 31 octobre au 4 novembre. Mr le Recteur a compté 380 confessions, pour sa part.
Penn-Ivik est couvert à marée ordinaire, le terrain s'affaisse, la terre paraît bien basse ; à haute marée, la grève change d'aspect, surtout à la « grève blanche ». Serons-nous submergés ? Et pourtant, plus de 60 maisons neuves ont été construites à Penmarc'h, d'octobre 1899 à oct. 1900.

24 9bre — Départ de soeur Ange du Thabor, originaire de Milizac-St Pierre. On la regrette beaucoup. L'Asile St Joseph a 25 demi-pensionnaires et de 80 à 100 présences par jour : il marche très bien. On construit des piliers en pierre pour soutenir le figuier de la cour.

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17 Fév — Soeur Euridycée, fatiguée, part pour la Chartreuse et ne reviendra pas. Elle est remplacée par soeur Marie-de-la-Foi, trop faible qui part au bout de 12 jours (5 au 20 février) et est remplacée par soeur Arcéline de Melguen.

— Du 10 au 17 février, Adoration-Jubilé. Président, Mr Madec, chanoine honoraire, Curé de Pont l'Abbé. Ouvriers : Mr de Coatandon (Guilvinec) remplacé par Mr Kerbrat, rect. de Tréméoc ; Mr Guillou, recteur de Plobannalec ; Mr Le Jacq, recteur de Tréffiagat ; Mr Chapalain, recteur de l'Île Tudy ; Mr Madec, prêtre auxilliaire à Combrit ; Mr Sagot, recteur à Plougonvelin ; Mr Duigou, vicaire à Lampaul-Guimiliau ; Mr Yvinec, vicaire à St Jean-Trolimon ; Mr Boulic, vicaire à plomeur ; Mr Tanguy, vicaire à Pont-L'Abbé, et les trois prêtres de la paroisse. Les exercices ont été bien suivis ; 12 processions jubilaires ont été faites. Il y a eu pendant la semaine, 4.200 communions de personnes différentes. De 8 à 900 personnes ont communié deux fois. Les enfants de 7 à 10 ans, environ 400, ont été confessés, le samedi soir, 16 février.

F.-M. Le Coz, Recteur.

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Notice sur Penmarc'h (suite)
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Année 1901

27 Février 1901 — Mr Guiriec, 2e vicaire, est très fatigué. Une dizaine de Communions distribuées pour le Jubilé de Léon XIII, à St Guénolé, par un temps froid, lui occasionne une recrudescence de fièvre. A St Guénolé, il n'y a ni sacristie, ni remise, ni local pour se retirer, manger un morceau de pain. Il faut absolument un abri ou un petit presbytère.

Mort de Mr Guiriec, vicaire. — Mr Guiriec s'alite, le dimanche au soir, 3 mars. Le médecin trouve son état très grave : congestion pulmonaire, fièvre typhoïde-cérébrale... Dans un accès de fièvre, le 8 mars, à 7 h du matin, échappant à la surveillance de son père, il se jette par la fenêtre de sa chambre de St Guénolé, d'une hauteur de près de 8 mètres. Pas de mal !
Malgré les meilleurs soins qui lui ont été prodigués à l’hôpital des Augustines de Pont l'Abbé, Monsieur Guiriec a succombé le 12 avril et a été enterré à Penmarc'h, le dimanche de quasimodo, 14 avril, dans la tombe de Mr Guillou, recteur de Penmarc'h, mort le 1er 7bre 1887.

Installation de Mr Riou — Mr Riou, jeune prêtre de Quimper, qui a fait l'intérim pendant la maladie de

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Mr Guiriec, a été installé vicaire en titre à Penmarc'h, le 14 avril. Mr Pilven, professeur d'histoire au petit séminaire de Pont Croix prête son concours au Clergé de Penmarc'h pendant les solennités Pascales.
La délibération du Conseil de Fabrique du 14 avril, autorise Mr Le Recteur de Penmarc'h à bâtir un petit presbytère, sur un terrain Fabricien à St Guénolé, aux conditions légales ordinaires. C'est la voie qu'il faut prendre pour déjouer le mauvais vouloir du Conseil Municipal et du Gouvernement qui ne manqueront pas d'essayer d'empêcher la construction projetée.

1er juillet — Mr Le Coz, recteur, présente un plan à Mr Alain Péron, menuisier à St Guénolé. Ce plan est mis au net et sera exécuté fidèlement. Le presbytère sera construit au coin sud-ouest du cimetière : on a été surpris de trouver quelques ossements dans les fouilles, car à l'époque où l'on a cessé d'enterrer à St Guénolé, on enterrait toujours sous le pavé de l'église. La préfecture, mal renseignée par la secte néfaste de la mairie de Penmarc'h, tergiverse pour donner l'alignement, veut savoir qui répond de la dépense...
Mr le Recteur, à bout de patience, passe outre et fait construire dans le vrai alignement qu'il
  

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1901-1902

à découvert d'après les alignements voisins. Il y a dans les fondations, côté sud-ouest, une bouteille qui contient une petite notice sur Saint Guénolé.

25 Novembre 1901 — La maison abri ou presbytère s'achève : on place cloisons, escaliers, persiennes... les plâtriers, peintres sont à leur besogne. Les prêtres peuvent déjà se retirer dans cet abri quand ils vont exercer leur ministère à St Guénolé. Les habitants de St Guénolé et tous les autres paroissiens généralement, à l'exception de quelques personnages grincheux, méchants ou toqués sont heureux de voir terminé le presbytère de St Guénolé, qui pourtant, jusqu'à nouvel ordre, ne sera pas habité mais servira d'annexe à la chapelle, laquelle n'a ni sacristie, ni chambre, ni abri, ni local pour le personnel et le mobilier du culte. Les douaniers, les malfaiteurs (prison), les animaux ont des abris : pourquoi le prêtre, au besoin, n'en aurait-il pas ?

3 Janvier 1902 — Bénédiction du nouveau presbytère. Plusieurs Conseillers de Fabrique y assistent. La maison est pourvue de lit, armoire, table, chaises, café concentré, bouillon Titus, vaisselle, batterie de cuisine aux frais personnels de Mr Le Recteur.

8 Février — Arrivée de la sœur St Crescence, originaire de Kerlouan.


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1902

4 Mars 1902 — Visite de Monseigneur Dubillard à l'église paroissiale, au presbytère, à St Pierre, à N.-D. De la Joie, au presbytère et à la chapelle de St Guénolé. Sa grandeur trouve que tout est en règle et en bon ordre et est d'avis qu'on agrandisse la chapelle de St Guénolé où il y a une population d'environ 1.400 habitants. On y construit encore deux fritureries, ce qui attirera d'autres étrangers de Tréguennec, Plovan, Plonéour, etc. Il y a actuellement 9 fritureries à St Guénolé, 2 à Kérity, aucune à St Pierre. La paroisse de Penmarc'h compte aujourd'hui environ 5.300 habitants, tous catholiques. Il y a environ 25 ou trente individus qui ne fréquente pas l'église, mais qui ne sont pas hostiles à la religion. Environ 300 individus manquent au devoir pascal, mais pas systématiquement : ils reviennent au bout d'un an ou deux

15 Avril 1902 — Le temps pascal est terminé. Les sœurs ont fourni 3.100 pains : nous avons distribué 3.030 hosties dont 180 environ pour communions de dévotion : il y a donc eu environ 2.850 communions pascales différentes de grandes personnes : ajoutons les 350 communions d'enfants, au 23 avril prochain et nous aurons le chiffre de 3.200 Communions pascales. Ce n'est pas mauvais dans ce temps de persécution et de dégradation.
F. Le Coz

Note en marge :
Monseigneur autorise à chanter la Grand' Messe des pardons de Chapelle à l'extérieur de l'édifice sous tente ou édicules1.

Note KBCP :
(1) Édicule : Petit édifice construit sur la voie publique.  


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20 mai 1902 — Le mois de mai a été plus dur que Décembre, Janvier, Février : grêle, pluie froide, vent, tempête : tout est brûlé, grillé. Est-ce une répercussion des cataclysmes de Quetzaltenango, en Guatémala et de St Pierre en Martinique ?
Le 18 avril 1902, la ville de Quetzaltenango, 25.000 habitants, a été détruite par un tremblement de terre ; le jour de l'Ascension, 8 mai, à 7h 50mm du matin la ville de St Pierre, Martinique, a été brûlée par une pluie de feu, précédée d'un nuage noir et gazeux qui, en 3 minutes, a tué tous les habitants au nombre de 30 à 40 milles, 11 prêtres coloniaux, 13 pères du St Esprit, 33 religieuses de St Joseph de Cluny, 28 religieuses de St Paul de Chartres, plusieurs sœurs Créoles... Punition semblable à celle de Sodome et de Gomorrhe pour cette population de St Pierre où les 4/5 des habitants vivaient à l'état libre (ou bestial) (1)

15 juin 1902 — Le mois de juin est dur, comme le mois de mai. 12 juin, tempête, naufrage et perte de Nonna Jégou, François Sinou, Jean Le Faou, Jn-Mie Cosquéric, Michel Bouguéon, Pierre Jn-Mie Le Cossec. Temps froid, tempête.

Réparation de la Croix dorée. 30 fr. Réparation de l'harmonium. 130 fr (harmonium de 25 ans). Achat d'un petit calice pour la chapelle de St Pierre. 50 fr.
Le trésorier, après 9 ans de noble résistance, est obligé de se soumettre à la loi de 1893 concernant la Comptabilité des Fabriques.

Notes en marge :
(1) J'ai été curé-doyen de St Pierre où il y avait beaucoup de bonnes-œuvres, de Confréries... Jugement trop sévère2.

† Chanoine Cudermec, né au Faouet, de Passage à Penmarc'h


Note KBCP :
(2) Note rajoutée à postériori par François Quiniou, Recteur de Penmarc'h


Vue générale de St Pierre en Martinique, après la catastrophe © Cunge

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17 juillet 1902 — L'ère de la persécution est ouverte. L'ex-abbé Combes (minoré) ferme, sans résistance, 125 établissements d'écoles libres fondées sans la demande d'autorisation exigée par la loi du 1er juillet 1901, et, illégalement, tyranniquement, il va fermer 2.500 établissements libres fonctionnant sans la garantie des lois depuis 15, 20, 100 ans et plus. Dans les 30 départements, il n'y a que de platoniques protestations et les regrets du départ des religieuses enseignantes. Ailleurs, sous l'impulsion de M.M. Le Mun, de l'Abbé Gayraud, de Denys Cochin, de François Coppée, Le Rolle, etc. etc. il y aura une énergique résistance, parfois armée, surtout en Bretagne, à Paris, à Lyon.

Aujourd'hui, 17 juillet on fait les premières fouilles pour la construction des murs du nouveau cimetière attendu depuis 9 ans.

3 Août 1902 — L'école Communale de Penmarc'h, tenue par les sœurs de la sagesse, n'est pas encore laïcisée. Les pièces concernant le nouveau presbytère (Leac'h-ar-Zakr) et l'ancien presbytère de Pénity, sont envoyées à l'évêché depuis huit jours. Il faut un acte de cession de l'ancien presbytère consenti en 1877 soit dressé régulièrement par la Fabrique et la Commune, et signé par les autorités supérieures, et que la possession, la propriété du nouveau presbytère soit reconnue exclusivement à la fabrique.

F.-M. Le Coz, Recteur.


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19 Août — Depuis quinze jours la Bretagne (surtout le Finistère) donne un grand exemple de foi solide, d'amour de la liberté et d'attachement aux sœurs. Signalons : St Méen, Le Folgoet, Ploudaniel, Plougonvelin, Ploumoguer, Plogonnec, Quimper, Concarneau, Dournenez, Pont-Croix, Audierne, Treffiagat, Beuzec-Conq, Guilvinec, Roscoff, etc. etc. etc.
Les Bretons ont encore du sang dans les veines. Le gouvernement tyrannique et Franc-maçon, les Loubet, Waldek-Rousseau, et Combes emploie police, gendarmes, troupes. On acclame l'armée partout : Gendarmes et surtout soldats font leur triste et humiliante besogne, la rage au cœur et les larmes aux yeux. Ce sont principalement les Filles du St Esprit que le gouvernement persécute et chasse : Les populations leur montrent une sympathie et un respect auxquels on ne s'attendait pas. La France entière a les yeux fixés sur la Bretagne et le gouvernement est affolé. Reculera-t-il dans la voie ignoble où il s'est engagé ? Marchera-t-il, contre l'opinion, pour écraser, tuer l'enseignement libre, dénoncer le Concordat, essayer de créer un schisme ! Tout est à craindre de la part de nos barbares gouvernants.

F.-M. Le Coz, 55 ans aujourd'hui.

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1er octobre 1902 — La clôture du nouveau cimetière est terminée et bien faite. Une ouverture aurait du être laissée aux coins sud-ouest et nord-ouest pour faciliter la pieuse fréquentation. La municipalité a refusé ces ouvertures ainsi qu'un terrain pour inhumer, les suicidés, les libres-penseurs, les païens, etc. Ce dernier refus condamne le clergé à s'abstenir de toute bénédiction solennelle : Chaque tombe devra être bénite à part.

Le fameux renégat Combes et notre gouvernement maçonnique et satanique (la prière à St Michel, après la messe, l'indique bien) pour punir les Bretons de leur résistance à la tyrannie et de leur amour pour la foi catholique, l'instruction Chrétienne des enfants et la liberté, projette de proscrire la langue Bretonne pour les instructions morales et le Catéchisme. Quelle audace ! Louis XIV, Napoléon 1er ne l'ont pas eue, cette audace. On trouve les Bretons mûrs pour l'esclavage ! Ah, nous allons le voir. Les traitements pourront être supprimés, les prêtres mis en prison, le schisme tenté, etc... Mais le Breton subsistera plus vivace que jamais. La Stupéfaction, l'ahurissement passager, la honte, la colère, la pitié, le dédain nous gagnent en face de pareilles tentatives... Est-ce la folie ou l'enfer qui nous gouverne ? Archange


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St Michel, défendez-nous contre Satan et les démons échappés de l'enfer, renfermez-les "in infernum detrudé"1.

Magnifique lettre ouverte de Mr Gauraud à Combes à propos de la proscription de la langue Bretonne.

Première apparition de la sardine (petite) cette année, le 7 octobre. Année de misère sous tous les rapports.

1er nov. — 74 évêques français sur 79 pétitionnent magnifiquement pour le maintien des congrégations : 4 des évêques non signataires donnent une adhésion complète : Mgr Fuzet, archevêque de Rouen fait des réserves. — Pêche nulle.

12 novembre — La maison du couvreur Sébastien Le Pape, à Diougroaz, presqu'en face de l'asile St Joseph, a été entièrement consumée par un incendie à 1h 1/2 du matin. Les enfants Le Pape, au nombre de huit, ont été recueillis à l'Asile St Joseph. L'Asile a failli flamber : on a imploré St Joseph et jeté de l'eau, des draps mouillés sur la partie (nord) bien menacée.

Messe d'action de grâce à Penity le 12 novembre. La « bonne mère Médéric » échappant de nouveau à une congestion pulmonaire double, a communié dans sa chambre.

22 nov. 1902 — Tableau récapitulatif de l'enquête faite par Mgr Dubillard, évêque de Quimper, au sujet de l'usage de la langue bretonne et de la langue française dans les Catéchismes et les instructions paroissiales.
— Paroisses du diocèse : 310.

Note KBCP :
(1) En enfer


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I Catéchisme


1° Paroisses où le catéch. ne peut être fait que dans la seule langue bretonne = 167
2°Paroisses, catéch. breton avec moins de 5 en français                                   = 52
3°Paroisses, catéch. mixte, 5 au moins en français                                            = 72
4° Paroisses, catéch. exclusivement en français                                                 = 11
5° Paroisses, catéch. généralement en français, mais qq en langue bretonne   = 3
                                                                                                                             ——
                                                                                                                             310

II Prédications


1°Paroisses, prédication exclusivement en breton                                           = 256
2°Paroisses, préd. mixtes, suivant auditoire, circonstances                             = 49
3°Paroisses, prédication exclusivement en français                                         =5
                                                                                                                          ——
                                                                                                                           310

Voilà le résultat, la base étant l'unité paroissiale.
Prenons l'individu pour base, le français gagne à cause des villes.

I Catéchisme


Enfants de 1ère communion, chaque année                                                   = 19.000
Enfants de 1ère communion, catéch. Breton 70%                                           = 13.300
Enfants de 1ère communion, catéch. français 30%                                         = 5.700

Sans compter les collèges, institutions où le cat. et les inst. se font en français pour tous. La plupart retournent au breton, après les études.

II Prédications


Population ne pouvant les recevoir qu'en breton                                            = 483.848             62%
Popul. mixtes, Bret-Français. 2 langues                                                          = 289.166            38%

Plus de la moitié de ces 289.166 savent mieux le Breton que le Français et le préfèrent, surtout à l'Église.
 

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On peut donc dire que dans le diocèse de Quimper et de Léon, sur 773.000 habitants, il y a 633.000 qui ont la langue bretonne comme langue maternelle nationale, 140.000 auraient la langue française.

Penmarc'h : 91 garçons 1ère Communion dont 87 bretons
                    77 filles       1ère Communion dont 77 bretons
                                                       ——
4 apprennent le texte français. Pour le breton = 164

La 2ème Communion 

2 garçons texte français
toutes les filles texte breton = 138

La 3ème Communion 

un seul garçon, texte français
pas une seule fille pour texte en français = 65
                                                   ———
Total général : 7 garçons texte français = 367 breton
                        0 fille texte français + 7 breton
                                                   ———
Total des 3 communions 374

8 Xbre 1902 — « Bonne Mère » a une rechute et reçoit avec piété ses derniers sacrements. Soeur Crescence est bien malade. Soeur Othilde, fièvre muqueuse. Ecole licenciée.

13 janvier 1903 — Notification de la suppression de traitement à partir du 1er octobre 1904.

17 janvier 1903 — Mort de la « Bonne Mère ». L'église remplie pour l'enterrement.
Soeur Crescence meurt le 21 janvier.

Suppression de traitement — Le Recteur a son traitement supprimé pour usage abusif du Breton. Il déclare en chaire qu'il est et restera Recteur de Penmarc'h, malgré le vol perpétré par un gouvernement sectaire.

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On organise des secours pour nos marins pêcheurs affamés. Les offrandes affluent. 960 familles sont inscrites : c'est un surmenage effrayant pendant 7 semaines. Distribution de pains, farine, haricots, vêtements. Les sœurs tombent malades de fatigue. Sœur Clémence arrive, une supérieure est promise. L'Asile reprend, va bien.

13 mars 1903 — La mère supérieure, Sœur St Anisien nous arrive de Lesneven et faite excellente impression.Six fourneaux fonctionnent. Plus de 15.000 fr sont dépensés, au presbytère, pour pain et fourneaux, du 18 janvier au 20 mars. La pêche du maquereau s'annonce assez bonne : la misère noire a disparu, cependant les secours continuent.

1er avril — Les distributions continuent et fonctionnent jusqu'au 20 mai, environ : pains, bloc, fourneaux, vêtements...

13 avril 1903 — Lundi de Pâques. École Communale de Pénity , laïcisée : les classes doivent être livrées aux laïques, le lundi suivant. Mr Paul Souron prend les clefs le samedi 19 avril à 3h du soir. Les sœurs se retirent à l'Asile St Joseph où elles confectionnent ou font confectionner pour 2.000 fr de vêtements aux enfants de la Communion. Mr Le Recteur paiera les frais au moyen des souscriptions venues de l'évêché et d'ailleurs. 25 mille francs seront dépensés pour pain, viande, haricots, etc, et 7.000 fr pour vêtements, engins de pêche, etc. Ce sera la fin : 32.000 fr au presbytère !


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20 avril 1903 — Le crochetage a eu lieu, le lundi matin 20 avril à 8h 1/2, en présence de Mr Jean Guiziou, maire, de Mr Lautrédou, instituteur, maître absolu de la commune, de Mme Lozac'hmeur, fille du susdit Lautrédou. Michel Gadonna forgeron à Kérellec, intimidé par Mr Lautrédou, a fini par céder aux menaces et a procédé au crochetage. L'opération a été faite à l'improviste et par suite, il n'y a eu ni réunion, ni protestation.
17 enfants (filles) au lieu des 230, sont allées en classe, pour voir... disent-elles...

Note KBCP :
Un article de presse, découpé dans le journal "Ouest Éclair" du 26 avril 1903 était collé sur cette page du Journal du Recteur Le Coz.


Journal Ouest-Éclair, article du 26 avril 1903


CROCHETAGE A PENMARCH Suites d'une laïcisation 

— Conflit entre la Fabrique et la commune — Une institutrice pressée


Brest, 25 avril. Par arrêté préfectoral du 7 janvier dernier, l'école communale des filles de Penmarch, dirigée par les Sœurs de la Sagesse, était laïcisée. Mais à ce moment, la supérieure qui, depuis de longues années, se consacrait à soigner les malades, était mourante de la fièvre typhoïde, victime de son dévouement. Devant la crainte d'une révolte de la conscience publique, l'administration renonça a une exécution immédiate et accorda un délais.

Le 13 avril dernier elle revenait à la charge et notifiait aux religieuses d'avoir à évacuer la maison d'école pour le 20 au plus tard.

Or l'immeuble, qui n'est autre que l'ancien presbytère de Penmarch, dit du Pénity, était et est demeuré propriété de la fabrique, la commune ayant toujours négligé, malgré des invitations réitérées, de donner une suite légale par au acte régulier revêtu des autorisations nécessaires au projet de cession consenti par la fabrique dès 1876. La fabrique ne consentait, du reste, à aligner son bien et l'aménager pour tenue d'école, qu'à la condition que l'école serait tenue par les Soeurs de la Sagesse. Cette condition, d'ailleurs, n'ayant reçu, par la faute de la commune, aucune sanction légale,est forcément caduque et sans valeur, comme la cession elle même.

Avisées de la laïcisation imminente, les religieuse avisèrent à leur tour le propriétaire — représenté en l'espèce par M. Pierre Souron, président du conseil de fabrique — qu'elles ne pouvaient plus rester ses locataires. M Souron leur accorda un délai de deux jours pour évacuer la maison, en même temps qu'il prévenait par lettre le maire, M. Guiziou, d'avoir à faire enlever dans le même délai le mobilier scolaire. Le délai expiré, il fit fermer toutes les issues de l'établissement il en prit les clefs.

Cela ne faisait pas l'affaire de M. Guiziou qui, d'ailleurs, puise généralement ses inspirations auprès de son secrétaire, M. Lautrédou, lequel est en même temps instituteur de la commune.

Aussi, sans se soucier du droit de propriété ni, par sa négligence comme par celle de ses prédécesseurs, n'a pas été transféré à la commune, a-t-il fait procéder Lundi au crochetage de l'immeuble. La nouvelle titulaire de l'école, Mme Lozachmeur, née Lautrédou, fille de M. Lautrédou ci-dessus nommé, assistait, impatiente de prendre possession, à cette intéressante opération à laquelle un forgeron du bourg avait refusé avec indignation de prêter son concours.

Cette affaire qui démontre avec quelle désinvolture et quel mépris de tout droit se conduisent la agents de la Défroque aura sa suite naturelle devant les tribunaux et, s'il y encore des juges à Quimper comme il y en avait jadis à Berlin, M. Guiziou apprendra à ses dépens qu'avant de forcer les portes d'un immeuble, il est indispensable d'avoir en sa possession des titrés de propriété valables.

L'Informé.

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25 avril 1903 — Les sœurs s'occupent à réparer les linges, ornements d'église, etc, restés en souffrance depuis le mois d'octobre 1902, à cause de la maladie des sœurs, de la mort de « Mère Médéric », de la laïcisation, déménagement. Elles donneront q.q. leçons particulières et feront le petit Catéchisme à St Pierre et à St Guénolé, jusqu'aux vacances, si les jacobins les tolèrent jusqu'à la fin de juillet, et ne volent pas la maison et ses dépendances. Il y a 8 mois, j'ai prédit ce futur vol, du haut de la chaire de Penmarc'h. Puissé-je avoir été mauvais prophète ! La propriété est au Père Péran, missionnaire au Canada et vaut de 28 à 30.000 francs actuellement. Ni la Fabrique, ni la Commune n'ont donné un centime pour l'achat et la construction de l'Asile St Joseph. Les habitants de Penmarc'h ont donné environ 300 fr et quelques charrois. Mr Le Coz, recteur, a recueilli près de 10.000 fr par prospectus, tracts, dons ; les sœurs ont recueilli autant et pris sur leur nécessaire pour payer l'établissement.
29 mai — Madame Lozarc'hmeur, née Lautrédou, refuse de donner quoi que ce soit aux sœurs.
 

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pour les pommes-de-terre, poireaux, etc du Jardin de Penity ! La Mère principale est d'avis de ne pas poursuivre. Quels temps ! Les légumes du Jardin sont distribués aux fillettes, pour les attirer à l'école neutre ou vendus, dit-on, à Pont l'Abbé au profit de la famille Lautrédou.

21 juin — Mort de Mr Madec, curé-doyen de Pont-l'Abbé.

7 juillet 1903 — Généralement, à cette époque, il y a une petite pêche de sardines pendant une quinzaine de jours. Cette année, pas de sardines jeunes, friches : un peu de sardines de dérive et passablement de petits maquereaux emboîtés chez Mr St Donat, à Kérity.

20 juillet — Mort de sa sainteté Le Pape Léon XIII, après un règne de 25 ans, 5 mois. Léon XIII est âgé de 93 ans, 5 mois, 18 jours. Enterrement le 30 juillet.

4 août — Conclave possible. Élection du Cardinal Sarto, patriarche de Venise au Souverain Pontificat, sous le nom de Pie , au 7ème tour de scrutin, mardi 4 août à 11h du matin.

Les travaux du nouveau Cimetière commencés, le 17 juillet 1902, sont terminés en 7bre 1902. Depuis cette époque, rien. Pas un cadavre dans le nouveau Cimetière : on y voit journellement les chevaux et la vache du Maire Guiziou. Nous avons un joli gouvernement et une jolie municipalité.


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7 août 1903 — Le Père Alain Diquélou part pour la mission de la Cimbébasie2 (Pères du St Esprit). Il a été enfant de coeur à Penmarc'h, élève des Pères du St esprit à Leyssinet (Isère), à Chevilly... Il a chanté sa première messe à Penmarc'h, le 2 août 1903... Le reverrons-nous en ce monde ? À la volonté de Dieu !

31 août — Mr Cornic fait des lots dans le marais (déclos autrefois) et les loue presque pour rien, la 1ère année. D'après les titres qui sont aux mains de Mr Cornic, les premières démarches pour arriver à clore le marais de Toul-ar-Ster (clos et déclos) se firent en 1818. Une sorte de cession est faite à Mr Hugo d'Urville, en 1822, à cause de sérieux travaux qu'il a fait exécuter pour clore le marais de Kérity : une digue depuis Kérity jusqu'à la presqu'île située au sud du marais déclos, une autre digue (nord-sud) entre le marais clos et le marais déclos. Total de la dépense : 147.110 francs. En 1830, exécution des derniers travaux , un mètre d'élévation de plus à la digue. Reconnaissance définitive de la propriété du marais de Toul-ar-Ster en faveur de Mr Le Bastard de Kerguiffinec (1).
Catastrophe de 1896. Achat du marais par Mr Cornic, 1.200 fr. Grands travaux exécutés en 1902 et 1903.

Note en bas de page :
(1) Mr Guyesse, successeur, puis Mr Cornic 1901.

Note KBCP :
(2) La Cimbébasie est un nom ancien donné à une vaste contrée de l’Afrique méridionale, sur le littoral de l’Atlantique, depuis le cap Frio jusqu’à l’île des Oiseaux, près des limites du pays des Hottentots. Il correspond au littoral actuel de la Namibie. (Wikipedia)


Carte générale des costes de Bretagne, comme elles paroissent de mer basse
dans les plus grandes marées - édition 1693 (détail) © Bnf

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Mr Cornic a abandonné à la mer une bande de terrain depuis Kérity jusqu'au marais de Poulguen (Ste Marie) allant progressivement en étendue : 100 m après l'usine de Mr Collin (usine Sable), puis 200 m, 300 m, 400 m pour revenir à 200 m, 100 m, 50 m, 0,00 m.

Mr Cornic (cousin du précédent), vétérinaire a acheté le marais du Ster-Poulguen (Ste Marie, Kerveur, Ste Anne, St Joseph) pour la somme de 27.000 fr plus les frais, c-à-d environ 3.000 fr, total = 30.000 fr. C'est pour rien. Ce marais a appartenu au Commandant Alexandre de Plonéour-Lanvern, puis à Mr Gardarein-Freytet, de Landerneau (1893-1903). Cette propriété, bien dirigée, est appeler à donner un sérieux résultat en dépit du mauvais vouloir et des sinistres prophéties des indigènes, ennemis nés des étrangers et des progrès que ces derniers pourraient introduire.

9 septembre 1903 — Mr Violant, commissaire de police à Pont l'Abbé, vient interroger le Recteur de Penmarc'h au sujet de l'« Usage abusif du Breton ».

— Monsieur le Commissaire — « Vous continuez à catéchiser en Breton ?... Vous ne faites pas le prône en français ? Mr Le curé ? 

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— Le Recteur — « Mr le Commissaire, je ne prêche et ne catéchise, ni en français, ni en breton à cette heure : nous sommes au temps de la moisson, de la pêche... Repos. »

— Le Commissaire — « Voyons ! Si vous vouliez bien prêcher une fois par mois...»

— Le Recteur — « Sur 2.000 auditeurs, 1.900 sortiraient de l'église, indignés, disant qu'on se moque d'eux... Il resterait 7 bonnes sœurs, quelques jeunes gens revenant du service et croyant savoir le Français théologique parce-qu'ils ont appris : tribord, bâbord... portez armes ! et 80 bonnes femmes accroupies sur leurs talons au bas de l'église, totalement étrangères à la langue de Bossuet. Pourquoi Mr Combes ne vous ordonne-t-il pas de prêcher en turc ? »

— Le Commissaire : « Cependant, cependant. Que voulez-vous ? Que voulez-vous ? »

— Le Recteur : « La mort sans phrases, à coups de canon, si vous le pouvez. Veuillez mettre ça dans votre rapport. »

— Le Commissaire : « Je remplis une mission difficile, pénible...Mr Le Curé. »

— Le Recteur : « Je n'en disconviens point. Vous êtes esclave et je suis libre comme les chrétiens persécutés et envoyés à la mort par Néron, Domicien...»

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— Le Commissaire : « Oh ! Nous n'en sommes pas là ! »

— Le Recteur : « Nous sommes au temps de Pilate et d'Hérode. Voici ce que j'ai dit en chaire, à Penmarc'h, il y a un an environ : « On nous traite en idiots...quand on veut nous imposer une langue que nous respectons mais que la masse ne comprend pas suffisamment lorsqu'on aborde les régions supérieures de la théologie, de la philosophie, des diverses branches de science...Le disciple n'est pas au-dessus du maître. Le manteau de l'idiot, de l'innocent a été jeté par Hérode sur les épaules de Jésus, notre maître, notre Dieu...Recevons ce manteau à notre tour, pendant qu'Hérode et Pilate, ennemis jusque là, deviennent amis et se lavent les mains... J'allais oublier Julien, l'Apostat. »

— Le Commissaire, pâle : « Je vois que vous êtes décidé à suivre la ligne tracée par votre Évèque, et...

— Le Recteur : « Absolument, le simple bon sens l'indique. Veuillez consigner cela dans votre rapport. »

— Le Commissaire : « Vous êtes signalé comme prêtre patriote, pas ennemi des institutions républicaines. »

— Le Recteur : « Parfaitement ! Enquêtez à mon sujet à la gendarmerie, à la préfecture. Oui, c'est cela aussi, les gouvernements qui ont précédé celui de

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Mr Combes m'ont donné 41.000 fr (1893-95) pour réparer l'église paroissiale : le gouvernement actuel me vole 900 fr par an, voilà la différence. Mettez cela dans votre rapport... En 1894, au mois de juin, le brigadier de gendarmerie de Pont l'Abbé me fit cette question (alors, les employés du gouvernement pouvaient converser avec les prêtres catholiques, les saluer... sans danger de punition, de révocation... ), oui, il me posa cette question : « Pourquoi, depuis un mois, avez vous le drapeau tricolore à la croix de votre clocher ?» Je répondis : « Brigadier, nous sommes en temps de grande mission... C'est l'appel au peuple Chrétien... Venez ! La Croix et le drapeau de la patrie vous appellent, paroissiens... Tandis que le drapeau Français embrassera la Croix de N-S J. et l'enveloppera dans ses plis, il y aura sur la terre de bons Chrétiens, de solides Bretons et de Valeureux Français... Le Brigadier s'est découvert, tout ému, a salué... et est parti au bon trot de son cheval alezan. »

— Le Commissaire : « Alors, vous êtes décidé à ne jamais prêcher en Français ? »

— Le Recteur : « Pas du tout... Donnez-moi un auditoire Français, et je prêcherai en Français. Mettez cela dans votre rapport. »


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A 12 ans, je ne savais pas un mot de Français. Me sentant appelé à la vocation l'état ecclésiastique, j'ai appris le Français pour pouvoir utilement le parler ; j'ai même enseigné cette belle langue Française à Pont-Croix, de 1870 à 1875... J'ai parlé cette langue concurremment avec la langue Bretonne pendant 12 ans, 3 mois à St-Sauveur de Brest... Aujourd'hui, je suis Recteur de 5.500 Bretonnants (moins 20 à 30) et je parle la langue Bretonne, et je la parlerai, verbum Dei non est alligatum1. Mr le Préfet, qui a contribué à me ravir une indemnité insaisissable (1791, Assemblée Constituante) devrait se rappeler que j'ai prêché en Français, devant lui, m'adressant à son honorable personne, quand il a servi de parrain au bateau de sauvetage de Kérity, 1901. Sur la prière des membres de la Commission, du Comité, j'ai consenti volontiers à porter la parole en Français.

— Dès les premiers mots... 4.000 assistants crient : « En Breton ! En Breton, donc ! Mr le Recteur. »

— J'ai répondu (en Breton) : « Je vous parle assez souvent en Breton, mes chers paroissiens, et vous n'obéissez pas... Excusez, vous ne perdez rien pour attendre ... Eh bien ! Mr le Commissaire, que voulez-vous de plus ? »


Note KBCP :
(1) La parole de Dieu n'est pas liée


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— Le Commissaire : « Je me retire, Mr Le Curé...
(Nous nous saluons très poliment, bien entendu.)

Dans le corridor, à la sortie, Mr Le Commissaire s'adresse à Mr Le Recteur avec un visage sévère : « Votre dernier mot ? »

— « Je vous l'ai dit et je vous le répète fort : La mort sans phrases, à coup de canon, si vous le pouvez. Et mettez ça dans votre rapport. »

M.M. Tanneau, Riou, L'Helgoualc'h ont distinctement entendu ces dernières paroles et ont constaté que j'ai parlé sans colère, en possession compète de mes facultés intellectuelles, physiques et morales.

20 7bre. La cloche (pas d'inscription) de N.-D. de la Joie tombe, pendant que l'on sonne la messe de 8 heures, sur la plate forme à l'ouest de la Chapelle. Elle est brisée et sera refondue. Pas de mal, pas de frayeur. La Chapelle était bondée... Si la cloche était tombée sur le toit, il y aurait eu plusieurs victimes. N.-D. de la Joie a préservé ses enfants.

29 7bre. Pêche à peu près nulle. Crainte de famine. Pas de sardines. On trouve qq milliers de petits maquereaux que l'on emboîte dans les usines.
Pluie, vent, mauvais temps, perturbation des saisons.

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19 octobre. — Notification du rejet de la demande d'ouverture de l'Asile St Joseph faite le le 3 8bre, en conformité de la loi du 1er juillet 1901. Conseil des Ministres, 14 octobre 1903. La Mère Provinciale nous avertit le 19 octobre. Mr Le Recteur part immédiatement pour Pont-L'Abbé, Quimper, Évèché... Mandat en règle le 20 octobre.

21 octobre. — Mr Violand, Commissaire de Police de Pont l'Abbé, signifie que les sœurs devront se retirer le 5 novembre, au plus tard. J'exhibe mon mandat... Le même jour au presbytère, réunion de 30 notables de la paroisse. Décisions : 1° Ouverture d'une École libre tenue par des Dames Chrétiennes, à la place de l'Asile. 2° Conservation de 3 sœurs pour l'entretien de la lingerie de l'église et la visite des malades, pourvu que la mairie ou à défaut que la maison mère donne 400 fr. Mr le Maire refuse et déclare qu'un médecin va s'installer bientôt à Penmarc'h (!?)

22 octobre — La Mère Supérieure part pour la Chartreuse. Vive émotion des paroissiens, désolations... : trop tard ! leur répondons-nous. Vous avez ce que vous avez mérité : il fallait bien voter... Hélas ! il faudra congédier l'intéressante bande des charmants petits enfants (175) de l'Asile !

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Voici ce que j'ai dit en 1902, le 17 août à N.-D. de la Joie et en chaire, en l'Église de Tréoultré-Penmarc'h : « On nous prendra Pénity, illégalement... Les sœurs iront, pendant quelques mois, à l'Asile St Joseph, d'où elles seront chassées... et nous serons heureux si ce que je crains, l'Asile n'est point escamoté ou cyniquement volé, peu après...»
Voici les paroles prêtées à Mr Lautrédou, il y a quelques mois : « Avant deux ans, nous aurons l'Asile... et je passerai mes vieux jours au presbytère quand les curés seront partis. » Cela est vraisemblable. J'ajoute que bientôt les champs dits Normand et Park-ar-Persoun, dont le Recteur a la jouissance de temps immémorial, serons enlevés au Recteur de Penmarc'h, sans autre forme de procès. Plus tard, location des églises, confiscation des chapelles, des biens de la Fabrique et, peut-être, de ma propriété de Saint-Guénolé (Maison-Abri du Clergé). Non ! En aucun pays sauvage du monde, pareille tyrannie, pareil mépris de l'humanité ne se montrent... Nos gouvernants sont des monstres. Ces lignes sont écrites par un recteur que ses confrères regardent comme optimiste.

24 octobre 1903. Nous louons le bout est de la maison de Sébastien Le xxx1 , Couvreur, à 25 m de l'Asile (Diougroas) pour 140 fr par an.

Note KBCP :
(1) Illisible... Le Pape, peut-être ?

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— 1903 —

4 novembre 1903 — Départ sans bruit à 7 h du matin des sœurs de St Marc, Thomasie et Clémence pour la Chartreuse. Remise des clefs par Mr Le Recteur. Réintégration des sœurs comme gardiennes de l'Établissement. Les vases sacrés et ornements appartenant aux Sœurs sont déposés aux Fonts Baptismaux, pour être mis en usage de temps en temps. Les sœurs ont pu secouer la poussière de leurs sandales sur les électeurs stupides de cette commune qui ont entretenu la vie de leurs enfants pour étrangler ensuite ces mêmes enfants par leurs votes toujours mauvais. Étrange contradiction ! Ils déplorent, ils pleurent le départ des sœurs, et, demain ils voteront encore très mal. Il semble qu'il y a des individus (par exemple, nos marins pêcheurs) qui vivent tout exprès sur la terre, pour être pauvres, miséreux, et bêtes en même temps. Ar re-ze a here kaout keuz da veza deuet var an douar. 

6 novembre 1903 — Le Recteur s'adresse à Mr Mauduit, président du comité des Écoles Libres à Quimper. Penmarc'h, 110ème établissement libre fermé depuis un an 1/2. On me prie d'écrire à Mlle Danzou (Zélie), chez les sœurs de la Croix à Plestin-les-Grèves : elle est réservée, timide même ; il vaut mieux que le recteur lui écrive directement.

Note KBCP :
(1) Ceux-là devraient regretter d'être venus sur terre


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Note en haut de page : 1903-1904

27 nov. 1903 — Mlle Danzou nous arrive le 27 novembre : déclaration d'ouverture. Pièces en règle. A moins d'opposition très possible dans ce milieu, les deux classes pourront s'ouvrir le 30 Xbre ou plutôt le 4 janvier 1904. Attendons la réponse de Mlle Louise Crenn, de Brasparts, que j'ai demandé comme adjointe.

27 Xbre — Opposition faite le 27 Xbre ; l'eau (la 2ème pourtant de la paroisse) est reconnue impropre aux usages domestiques. Opposition non levée.

La famine est aussi forte que l'année dernière. Le «bloc» de jus de viande sert à Kérity, St Guénolé ; la réserve d'argent et les secours de l'Évêché servent à payer légumes, bois et serviteurs.

27 janvier 04 — Nouvelle déclaration ; après la fermeture du puits de la Cuisine de l'Asile, l'enlèvement de la pompe.

31 janvier — Bénédiction de la nouvelle cloche de N.-D.-de-la-Joie, brisée le 20 7bre 1903. Autorisation spéciale de Mgr Dubillard. Formule p. 104. Bénédictiones variae. La nouvelle cloche pèse 302 livres, sans le mouton.
Inscription1 : Me eo Levenez, Laetitia, monez lirzin Itroun Varia ar Joa ;
                                  - Ann A. Koz, persoun Penmarc'h
                                  - Teuzet gant ann A. Lorit, Kemper
                                  - Here 1903


Note en marge : (4 mai 1904.)

                           Coût : 461 fr 50 Quimper (?)
                                       22 fr 50 Penmarc'h
                                       16 fr 00 Frais divers
                                     ————
                                     500 fr 00 environ

Nota : Les débris de la vieille cloche y sont.


Note KBCP :
(1)  Je suis la joyeuse Laetitia, la voix gaie de Notre Dame de la Joie ;
                     Monsieur Le Koz curé de Penmarc'h
                     Fondue par Monsieur Lorit, Quimper
                     Octobre 1903

Chapelle de la Joie © Kervennic

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1904

1er février — Mr Josselin, monteur chez Mr Lorit, met en place la cloche de N.-D.-de-la-Joie : Laetitia, avec le concours du Recteur et de 5 autres personnes. L'opération s'est faite en 4 heures malgré la pluie, le vent, un temps affreux.

3 février — Les digues sont rompues comme le 4 Xbre 1896, la mer envahit un tiers de la Commune. Mr Cornic a négligé de renforcer et de surélever sa digue, alors que la mer lui avait mis sous la main, à proximité, des monceaux de sable. La mer est venue à 100 mètres du tracé du chemin de fer, c.à.d. 30 ou 40 mètres en deçà de Lannek-Kerfeunteun.

— La famine continue. Depuis trois semaines, six fourneaux fonctionnent à Kérity, à St Guénolé...

17 février — Tempête depuis le 26 janvier. Prières publiques pour demander un temps favorable pour le pêche et la moisson.Grâce aux dons de personnes Charitables, nous pouvons faire travailler aux digues des équipes de 30 marins, par jour, pendant huit jours.

Mr l'inspecteur primaire a fait sa visite à l'Asile, le 10 février. Attendons...

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+ 1904 +

1er mars — Cette fois, pas d'opposition. Ouverture le 1er mars. Arrivée de Mlle Joséphine Audren, de Quimperlé. Bourrasque de neige interceptant toute communication. Jamais on a vu un hiver si pluvieux, si rude, ni tant de misère à Penmarc'h. 4 fourneaux fonctionnent à St Guénolé, un à Kérity, un autre à St Pierre, grâce à la générosité du Comité Catholique de Quimper présidé et dirigé par Monseigneur François-Virgile Dubillard, évêque de Quimper et de Léon. Un 7ème fourneau est installé chez Le Pape, Couvreur, en face de l'École Chrétienne pour les petites filles.

Mars-avril — Mr le Recteur reçoit de nombreux secours des personnes charitables, des journaux : pendant ces deux mois, il dépense environ 90 fr par jour pour soupe et pain : 1.200 litres de bouillon, 300 livres de pain, par jour.

3 mai — Fermeture des fourneaux le 3 mai, jour de la Confirmation. 456 confirmands. Il y a eu environ 2.850 communions Pascales, c;à;d; 200 de moins que d'habitude, par suite d'émigration, de misère, de négligence.

Une liste d'opposition a eu 120 voix de moins que la liste Ministérielle. Elle aurait triomphé sous la défection des cultivateurs et l'asservissement des équipage des trois bateaux de Sauvetage. 521 voix contre 401.


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- 1904 -

15 mai — Mr Poirier est nommé maire. Blanc bonnet, bonnet blanc. Pourtant, c'est une bonne leçon pour l'ancien maire, Jean Guiziou et pour les «chauvins» cultivateurs. Si ces derniers avaient voté pour la liste «Marc Le Pape-Jacques Le Calvez», ils auraient facilement trouvé un maire portant leur costume bigouden. Ils sont punis, c'est bien fait.

25 août : Mr le Maire est d'avis que la Croix du Cimetière de Tréoultré soit transférée au Nouveau Cimetière de St Laurent : Les conseillers de la Fabrique sont du même avis.

7 septembre — Translation opérée du 7 au 15 septembre, aux frais de la Fabrique. Inutile de penser à recevoir des dons ou a faire une quête dans cette population en partie pauvre, en partie (majeure) avare, excepté en face de l'immonde eau-de-vie. Les droits seuls, pour l'eau-de-vie, cognac, s'élèvent à plus de 100.000 francs par an. Le Jubilé s'ouvre demain : on ne trouverait pas 100 fr pour les frais de ce jubilé ! Le Recteur a distribué pour plus de 42.000 francs de secours en 1903 et 1904. La population s'est habituée à tout recevoir, à ne rien donner : elle manque totalement de sens judicieux relativement à la pratique des bonnes œuvres, à l'entretien des édifices, à la prospérité de la fabrique.

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1904+

Elle a deux grands défauts : l'avarice et la gourmandise (plus de 100.000 fr de droits pour l'alcool seulement, par an, à Penmarc'h). Quand ces deux vices se trouvent en présence et ont à se combattre, c'est la gourmandise qui a généralement la victoire.

147bre — Exaltation de la sainte Croix : transport et exaltation de la Croix du Cimetière de Tréoultré au Cimetière de St Laurent. Pas d'accident. Mlle Le Garrec a ouvert la classe, à l'Asile, le 12 7bre : 30 élèves pour commencer, 50 élèves au bout de 8 jours.

15 octobre — La pêche est généralement très bonne, puisque les marins-pêcheurs l'avouent passable.

23 octobre — Annonce du Jubilé (50ème anniversaire de la proclamation du dogme de l'immaculée Conception. Jubilé de N.S.P. Pie X)

Neuf prêtre étrangers du 20 au 27 novembre 1904. Chacun suivra les exercices pendant le nombre de jours qui lui plaira.

14 nov. — La pêche continue a être très bonne. Mission de Plobannalec : 6 - 20 9bre.

20 - 27 nov. — Jubilé 6 h 1/2. Environ 2.850 communions Jubilaires. 350 communions de dévotion. Environ 4.000 confessions, y compris celles des enfants de 7 à 10 ans 1/2. Abstention des marins-pêcheurs : pêche continue, fructueuse du 15 novembre au 8 décembre.
L'horizon religieux est gros de nuages : la foudre semble être sur le point d'éclater.